Promenades et intérieurs by Francois Coppee


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Page 3

J'�cris pr�s de la lampe. Il fait bon. Rien ne bouge.
Toute petite, en noir, dans le grand fauteuil rouge,
Tranquille aupr�s du feu, ma vieille m�re est l�;
Elle songe sans doute au mal qui m'exila
Loin d'elle, l'autre hiver, mais sans trop d'�pouvante,
Car je suis sage et reste au logis, quand il vente.
Et puis, se souvenant qu'en octobre la nuit
Peut fra�chir, vivement et sans faire de bruit,
Elle met une b�che au foyer plein de flammes.
Ma m�re, sois b�nie entre toutes les femmes!

* * * * *

Volupt� des parfums! -- Oui, toute odeur est f�e.
Si j'�pluche, le soir, une orange �chauff�e,
Je r�ve de th��tre et de profonds d�cors;
Si je br�le un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
Dans la for�t d'hiver les chasseurs faire halte;
Si je traverse enfin ce brouillard que l'asphalte
R�pand, infect et noir, autour de son chaudron,
Je me crois sur un quai parfum� de goudron,
Regardant s'avancer, blanche, une go�lette
Parmi les diamants de la mer violette.

* * * * *

Noces du samedi! noces o� l'on s'amuse,
Je vous rencontre au bois o� ma fl�neuse Muse
Entend venir de loin les cris fac�tieux
Des femmes en bonnet et des gars en messieurs
Qui leur donnent le bras en fumant un cigare,
Tandis qu'en un bosquet le mari� s'�gare,
Souvent imberbe et jeune, ou parfois m�r et veuf,
Et tout fier de sentir sur sa manche en drap neuf,
Chef-d'oeuvre d'un tailleur-concierge de Montrouge,
Sa femme, en robe blanche, �taler sa main rouge.

* * * * *

L'�cole. Des murs blancs, des gradins noirs, et puis
Un christ en bois orn� de deux rameaux de buis.
La soeur de charit�, rose sous sa cornette,
Fait la classe, tenant sous son regard honn�te
Vingt fillettes du peuple en simple bonnet rond.
La bonne soeur! Jamais on ne lit sur son front
L'ennui de r�p�ter les choses cent fois dites!
Et, sur les premiers bancs, o� sont les plus petites,
Elle ne veut pas voir tous les yeux �pier
Un hanneton captif marchant sur du papier.

* * * * *

Depuis que son gar�on est parti pour la guerre,
La veuve met les deux couverts comme nagu�re,
Sert la soupe, remplit un grand verre de vin,
Puis, sur le seuil, attend qu'un envoy� divin,
Un pauvre, passe l� pour qu'elle le convie.
Il en vient tous les jours. Donc son fils est en vie,
Et la vieille maman prend sa peine en douceur.
Mais l'�picier d'en face est un libre penseur
Et songe: -- �Peut-on croire � de telles grimaces?
Les superstitions abrutissent les masses.�

* * * * *

Il a neig� la veille et, tout le jour, il g�le.
Le toit, les ornements de fer et la margelle
Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc,
Sont comme ouat�s, et, dans le jardin, tout est blanc.
Le gr�sil a fig� la nature, et les branches
Sur un doux ciel perl� dressent leurs gerbes blanches.
Mais regardez. Voici le coucher de soleil.
� l'occident plus clair court un sillon vermeil.
Sa soudaine lueur f�erique nous arrose,
Et les arbres d'hiver semblent de corail rose.

* * * * *

De la rue on entend sa plaintive chanson.
P�le et rousse, le teint plein de taches de son,
Elle coud, de profil, assise � sa fen�tre.
Tr�s sage et sachant bien qu'elle est laide peut-�tre,
Elle a son d� d'argent pour unique bijou.
Sa chambre est nue, avec des meubles d'acajou.
Elle gagne deux francs, fait de la lingerie
Et jette un sou quand vient l'orgue de Barbarie.
Tous les voisins lui font leur bonjour le plus gai
Qui leur vaut son petit sourire fatigu�.

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Books | Photos | Paul Mutton | Thu 28th Mar 2024, 19:02