Promenades et intérieurs by Francois Coppee


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Page 2

* * * * *

Vous en rirez. Mais j'ai toujours trouv� touchants
Ces couples de pioupious qui s'en vont par les champs,
C�te � c�te, �pluchant l'�corce de baguettes
Qu'ils prirent aux bosquets des prochaines guinguettes.
Je vois le sous-pr�fet pr�sidant le bureau,
Le paysan qui tire un mauvais num�ro,
Les rubans au chapeau, le sac sur les �paules,
Et les adieux na�fs, le soir, aupr�s des saules,
� celle qui promet de ne pas oublier
En s'essuyant les yeux avec son tablier.

* * * * *

Un r�ve de bonheur qui souvent m'accompagne,
C'est d'avoir un logis donnant sur la campagne,
Pr�s des toits, tout au bout du faubourg prolong�,
O� je vivrais ainsi qu'un ouvrier rang�.
C'est l�, me semble-t-il, qu'on ferait un bon livre.
En hiver, l'horizon des coteaux blancs de givre;
En �t�, le grand ciel et l'air qui sent les bois;
Et les rares amis, qui viendraient quelquefois
Pour me voir, de tr�s loin, pourraient me reconna�tre,
Jouant du flageolet, assis � ma fen�tre.

* * * * *

Quand sont finis le feu d'artifice et la f�te,
Morne comme une arm�e apr�s une d�faite,
La foule se disperse. Avez-vous remarqu�
Comme est silencieux ce peuple fatigu�?
Ils s'en vont tous, portant de lourds enfants qui geignent,
Tandis qu'en infectant des lampions s'�teignent.
On n'entend que le rythme inqui�tant des pas;
Le ciel est rouge; et c'est sinistre, n'est-ce pas?
Ce fourmillement noir dans ces �troites rues
Qu'assombrit le regret des splendeurs disparues!

* * * * *

C'est un boudoir meubl� dans le go�t de l'Empire,
Jaune, tout en velours d'Utrecht. On y respire
Le charme un peu vieillot de l'Abbaye-aux-Bois:
Croix d'honneur sous un verre et petits meubles droits,
Deux portraits, -- une dame en turban qui regarde
Un pompeux colonel des lanciers de la garde
En grand costume, peint par le baron G�rard, --
Plus une harpe aupr�s d'un piano d'�rard,
Qui dut accompagner bien souvent, j'imagine,
Ce qu'Alonzo disait � la tendre Imogine.

* * * * *

Champ�tres et lointains quartiers, je vous pr�f�re
Sans doute par les nuits d'�t�, quand l'atmosph�re
S'emplit de l'odeur forte et ti�de des jardins;
Mais j'aime aussi vos bals en plein vent d'o�, soudains,
S'�chappent les �clats de rire � pleine bouche,
Les polkas, le hochet des cruchons qu'on d�bouche,
Les gros verres trinquant sur les tables de bois,
Et, parmi le chaos des rires et des voix
Et du vent fugitif dans les ramures noires,
Le grincement rythm� des lourdes balan�oires.

* * * * *

Le Grand-Montrouge est loin, et le dur charretier
A men� sa voiture � Paris, au chantier,
Pleine de lourds moellons, par les chemins de boue;
Et voici que, marchant � c�t� de la roue,
Il revient, �coutant, de fatigue abreuv�,
Le pas de son cheval qui frappe le pav�.
Et moi, j'envie, au fond de mon coeur, ce pauvre homme;
Car lui, du moins, il a bon app�tit, bon somme,
Il vit sa rude vie ainsi qu'un animal,
Et l'automne qui vient ne lui fait pas de mal.

* * * * *

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 29th Mar 2024, 11:26