Promenades et intérieurs by Francois Coppee


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Page 1





I


Promenades et Int�rieurs
Lecteur, � toi ces vers, graves historiens
De ce que la plupart appelleraient des riens.
Spectateur indulgent qui vis ainsi qu'on r�ve,
Qui laisses s'�couler le temps et trouves br�ve
Cette succession de printemps et d'hivers,
Lecteur m�lancolique et doux, � toi ces vers!
Ce sont des souvenirs, des �clairs, des boutades,
Trouv�s au coin de l'�tre ou dans mes promenades,
Que je te veux conter par le droit bien permis
Qu'ont de causer entre eux deux paisibles amis.

* * * * *

Prisonnier d'un bureau, je connais le plaisir
De go�ter, tous les soirs, un moment de loisir.
Je rentre lentement chez moi, je me d�lasse
Aux cris des �coliers qui sortent de la classe;
Je traverse un jardin, o� j'�coute, en marchant,
Les adieux que les nids font au soleil couchant,
Bruit pareil � celui d'une immense friture.
Content comme un enfant qu'on prom�ne en voiture,
Je regarde, j'admire, et sens avec bonheur
Que j'ai toujours la foi na�ve du fl�neur.

* * * * *

C'est vrai, j'aime Paris d'une amiti� malsaine;
J'ai partout le regret des vieux bords de la Seine.
Devant la vaste mer, devant les pics neigeux,
Je r�ve d'un faubourg plein d'enfance et de jeux,
D'un coteau tout pel� d'o� ma Muse s'applique
� noter les tons fins d'un ciel m�lancolique,
D'un bout de Bi�vre, avec quelques champs oubli�s,
O� l'on tend une corde aux troncs des peupliers
Pour y faire s�cher la toile et la flanelle,
Ou d'un coin pour p�cher dans l'�le de Grenelle.

* * * * *

J'adore la banlieue avec ses champs en friche
Et ses vieux murs l�preux, o� quelque ancienne affiche
Me parle de quartiers d�s longtemps d�molis.
� vanit�! Le nom du marchand que j'y lis
Doit orner un tombeau dans le P�re-Lachaise.
Je m'attarde. Il n'est rien ici qui ne me plaise,
M�me les pissenlits frissonnant dans un coin.
Et puis, pour regagner les maisons d�j� loin,
Dont le couchant vermeil fait flamboyer les vitres,
Je prends un chemin noir sem� d'�cailles d'hu�tres.

* * * * *

Le soir, au coin du feu, j'ai pens� bien des fois
� la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,
Les pauvres nids d�serts, les nids qu'on abandonne,
Se balancent au vent sur un ciel gris de fer.
Oh! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver!
Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs d�licats squelettes
Dans le gazon d'avril, o� nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir?[1]

* * * * *

N'�tes-vous pas jaloux en voyant attabl�s,
Dans un gai cabaret entre deux champs de bl�s,
Les soirs d'�t�, des gens du peuple sous la treille?
Moi, devant ces amants se parlant � l'oreille
Et que ne g�ne pas le p�re, tout entier
� l'offre d'un lapin que fait le gargotier,
Devant tous ces d�neurs, gais de la nappe mise,
Ces joueurs de bouchon en manches de chemise,
Coeurs satisfaits pour qui les dimanches sont courts,
J'ai regret de porter du drap noir tous les jours.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 29th Dec 2024, 17:59