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Page 9
Cependant la temp�te mugissait avec fureur, la pluie tombait par
torrents, les �clairs sillonnaient la nue et le tonnerre grondait
comme au jugement dernier. Tous les regards se tourn�rent vers Lepage
qui paraissait insensible � ce qui se passait autour de lui, sur la
terre et dans les cieux.
--Il dort, dit St-C�ran, il dort paisiblement tandis que l'ange
vengeur plane au-dessus de lui et semble exciter la fureur des
�l�ments.
--C'est plut�t le diable, dit Fran�ois Rigault, qui se r�jouit
d'avance de la bonne prise qu'il va faire; je suis certain qu'il y
aura f�te, pendant quinze jours, � son arriv�e au pays de Satan.
--Paix! dit St-C�ran, paix! mon cher Fran�ois; ceci n'est point
mati�re � badinage, et le malheureux, teint du sang de son fr�re,
doit inspirer une piti� m�l�e d'horreur plut�t que des
plaisanteries.
--M. St-C�ran a raison, dit Joseph B�rub�, laissons le diable
tranquille; pour moi je n'aime pas � en parler dans cette maison,
et par le temps qu'il fait.
--As-tu peur qu'il nous rende visite? dit Fran�ois, d'un air
goguenard.
--Eh! Eh! je n'en sais trop rien, dit le vieux voyageur, il a visit�
des maisons o� il semblait avoir moins de droits qu'ici.
--Racontez-nous cela, p�re Ducros, dit St-C�ran, qui n'�tait pas
f�ch�, comme tous les jeunes gens, d'entendre une l�gende, et qui
d'ailleurs voulait mettre fin aux plaisanteries de Fran�ois.
--�coutez, M. St-C�ran, je suis vieux, je raconte longuement, � ce
qu'ils me disent tous; je crains de vous ennuyer.
--Non, non, p�re Ducros; et tant mieux si vous �tes diffus, �a nous
fera passer le reste de la nuit, r�pliqua le jeune homme.
--Puisque vous le voulez, je vous raconterai l'histoire telle qu'on
me l'a racont�e; je la tiens d'un vieillard tr�s respectable.
CHAPITRE CINQUI�ME
L'�tranger
(L�gende canadienne)
Descend to darkness, and the burning lake:
False fiend, avoid!
SHAKESPEARE.
C'�tait le mardi gras de l'ann�e 17--. Je revenais � Montr�al, apr�s
cinq ans de s�jour dans le nord-ouest. Il tombait une neige collante
et, quoique le temps f�t tr�s calme, je songeai � camper de bonne
heure; j'avais un bois d'une lieue � passer, sans habitation; et
je connaissais trop bien le climat pour m'y engager � l'entr�e de
la nuit--ce fut donc avec une vraie satisfaction que j'aper�us
une petite maison, � l'entr�e de ce bois, o� j'entrai demander �
couvert.--Il n'y avait que trois personnes dans ce logis lorsque j'y
entrai: un vieillard d'une soixantaine d'ann�es, sa femme et une jeune
et jolie fille de dix-sept � dix-huit ans qui chaussait un bas de
laine bleue dans un coin de la chambre, le dos tourn� � nous, bien
entendu; en un mot, elle achevait sa toilette. Tu ferais mieux de
ne pas y aller, Marguerite, avait dit le p�re comme je franchissais
le seuil de la porte. Il s'arr�ta tout court en me voyant et, me
pr�sentant un si�ge, il me dit, avec politesse--Donnez-vous la peine
de vous asseoir, monsieur, vous paraissez fatigu�; notre femme rince
un verre; monsieur prendra un coup, �a le d�lassera.
Les habitants n'�taient pas aussi cossus dans ce temps-l� qu'ils le
sont aujourd'hui; oh! non. La bonne femme prit un petit verre sans
pied, qui servait � deux fins, savoir: � boucher la bouteille et
ensuite � abreuver le monde; puis, le passant deux � trois fois dans
le seau � boire suspendu � un crochet de bois derri�re la porte, le
bonhomme me le pr�senta encore tout brillant des perles de l'ancienne
liqueur, que l'eau n'avait pas enti�rement d�tach�e, et me dit:
Prenez, monsieur, c'est de la franche eau-de-vie, et de la vergeuse;
on n'en boit gu�re de semblable depuis que l'Anglais a pris le
pays.
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