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Page 8
Le corps fut d�pos� dans le plus bel appartement de la maison sur
deux planches appuy�es � chaque bout sur des chaises, puis recouvert
d'un drap blanc. Deux cierges, une soucoupe d'eau b�nite avec un
rameau de sapin vert, furent pos�s � ses pieds et le p�re accompagn�
de sa famille r�cit�rent � haute voix les pri�res des morts.
St-C�ran, apr�s leur avoir recommand� le secret sur cet �v�nement
(secret qui fut gard� jusqu'� ce qu'ils purent se rendre chez leurs
voisins), alla trouver un magistrat respectable du lieu et lui
communiqua ce qu'il savait; ajoutant qu'il �tait pr�t � pr�ter le
serment voulu: qu'en son �me et conscience il croyait Lepage l'auteur
du meurtre. Toutes les formalit�s remplies, il ne restait plus qu'�
ex�cuter l'ordre d'arrestation, chose d'autant moins facile qu'ils
connaissaient tous deux le caract�re d�sesp�r� de ce dernier. Apr�s
avoir consult� un homme de loi tr�s �clair� qui demeurait pr�s de l�,
ils r�solurent de faire tous leurs efforts pour emp�cher que la
nouvelle ne lui parvint, et en m�me temps, aviser quelque exp�dient
pour s'assurer de sa personne.
Onze heures sonnaient lorsqu'une vingtaine de personnes partirent de
la demeure du magistrat, pr�c�d�es d'une voiture et marchant dans le
plus profond silence. Arriv�es au but, la maison fut entour�e et tous
attendirent le d�nouement de leur stratag�me. Le jeune homme qui
conduisait la voiture l'arr�ta et frappa � la porte. Cinq minutes
apr�s, une voix forte demanda: Qui va l�?
--Je viens vous chercher pour la m�re Caron qui a ben rempir�, M. le
docteur; fut la r�ponse.
--Je suis malade, je ne puis sortir.
--Eh ben, elle demande si vous pourrez pas y donner de quoi la faire
dormir?
--Attends un peu. Cinq minutes apr�s, le charlatan entrouvrait sa
porte de mani�re � y passer le bras seulement et pr�sentait une
fiole. Le jeune homme avait bien jou� son r�le jusque-l� et n'avait
pas re�u d'autres instructions; car ceux qui lui avaient dict� ce
qu'il devait faire croyaient que cela suffirait pour leur livrer
celui qu'ils attendaient. Mais il sentit que le coup �tait manqu�
s'il ne trouvait quelque exp�dient: une id�e lumineuse le frappa.
--J'ai peur de la casser, monsieur, dit-il, je vas embarquer car la
jument est mal commode, voudrez-vous me la donner dedans la voiture,
et il accompagnait ses paroles de l'action. Lepage sortit pour la lui
donner, et fut aussit�t saisi par un bras vigoureux, et entour�; il
essaya en vain de s'emparer d'une hache et d'un fusil qu'il avait
pr�s de la porte, il fut oblig� de succomber au nombre, et se laissa
lier en demandant, d'un air calme, ce qu'on lui voulait. Il fut alors
inform�, par le magistrat, de quelle nature �tait l'accusation port�e
contre lui.
--S'il n'y a que cela, dit-il, mon innocence est ma sauvegarde.
--C'est ce que nous verrons, reprit aussit�t le diseur de bons mots
de la paroisse qui se trouvait l�, et il allait commencer ses
plaisanteries sans fin lorsqu'il fut averti par le magistrat, homme
s�v�re, que le prisonnier n'�tait pas encore trouv� coupable par un
jury de son pays, que, quand bien m�me il le serait, sa situation
devait inspirer la piti� plut�t que le persiflage, et que pour le
pr�sent il devait �tre trait� avec �gard. Il le fit ensuite asseoir,
et le pla�a sous la garde de quatre hommes. Lepage demanda si on
voulait lui permettre de se reposer: sur la r�ponse affirmative il
se coucha � terre et, quelques minutes apr�s, il feignait d'�tre
enseveli dans un profond sommeil. Le magistrat se retira ensuite avec
un ordre strict qu'il y e�t pendant toute la nuit une garde arm�e
suffisante pr�s de lui.
La temp�te qui, la nuit pr�c�dente, avait cess� lorsque le corps du
malheureux Guillemette �tait devenu le jouet des flots, �branlait de
nouveau la petite maison o� gisait le meurtrier, et quelques gouttes
de grosse pluie frappaient de temps � autre les vitrages. Sur un
matelas, dans un coin de la chambre encore teinte de sang, �tait
couch� Lepage, le dos tourn� aux assistants, et sa t�te envelopp�e
d'une couverture. Trois des gardiens arm�s de fusils n'avaient rien
de remarquable: leurs regards annon�aient la bonhomie du cultivateur
canadien, et contrastaient avec leur occupation; quant au quatri�me,
il paraissait � sa place: ce personnage gros et trapu avait le
regard farouche, et une immense paire de favoris rouges qui lui
couvraient la moiti� du visage donnaient quelque chose d'atroce �
sa physionomie.--Il tenait dans sa main droite, avec l'immobilit�
d'une statue, un grand sabre �cossais qu'il appuyait sur sa cuisse.
Plusieurs habitants fumaient tranquillement leur pipe et, au milieu
d'eux, �tait un voyageur qui, ayant pass� trente ans au service de la
Compagnie du Nord-Ouest, n'�tait revenu que depuis quelque temps au
sein de sa famille, �tonn�e de son retour.--St-C�ran �crivait assis
pr�s d'une table.
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