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Page 7
Il lui sembla que sa demeure �tait transform�e en un immense tombeau
de marbre noir; que ce n'�tait plus sur un lit qu'il reposait, mais
sur le cadavre d'un vieillard octog�naire auquel il �tait li� par des
cheveux d'une blancheur �clatante. Des milliers de vermisseaux qui
lui servaient de drap mortuaire le tourmentaient sans cesse. Tout �
coup, au pied de sa couche glac�e, se levait lentement l'ombre d'une
jeune fille, envelopp�e d'un immense voile blanc, qui l'invitait �
la rejoindre; et il faisait d'inutiles efforts pour se soulever.
La jeune fille levait son voile et, sur son corps d'une beaut�
�blouissante, il voyait un visage d�vor� par un cancer hideux, qui
lui pr�sentait une bouche sanglante � baiser. Puis l'ombre de
Guillemette se pr�sentait � son chevet, p�le et livide; de son
cr�ne fracass� s'�coulait une longue trace de sang et sa chemise
entrouverte laissait voir une profonde blessure � son col. Il se
sentait pr�s de d�faillir; mais l'apparition lui jetait quelques
gouttes de sang sur les tempes et ses forces s'augmentaient malgr�
lui. Il voulait se fuir lui-m�me; mais une voix int�rieure lui
r�p�tait sans cesse: Seul avec tes souvenirs!
CHAPITRE QUATRI�ME
Le cadavre
Enfin, Dieu l'a voulu et l'heure est d�cid�e.
BERTAUD.
Mais lorsqu'� ses c�t�s le s�pulcre s'entrouvre. Et que la
mort surgit, c'est alors qu'il a peur.
GRATOT.
Ne buvez pas � la coupe du crime, au fond est l'am�re d�tresse
et l'angoisse de la mort.
LAMENNAIS.
L'homme coupable peut dormir quelque temps en s�curit�; mais lorsque
la coupe du crime est remplie, une derni�re goutte y tombe et, comme
une voix descendue du ciel, vient faire retentir aux oreilles du
criminel ces terribles paroles: c'est assez! Puis alors adieu tous
les r�ves de bonheur fond�s sur cette base impure, le remords
commence son office de bourreau et chaque esp�rance est d�truite par
une r�alit�. Oh! qu'il doit �tre horrible le remords qui pr�sente au
malheureux, comme derni�re perspective, le gibet! Le gibet avec toute
sa solennit�, sa populace silencieuse, ses officiers en noir, son
ministre de l'�vangile, le bourreau et sa derni�re pens�e--la mort!
Telles �taient les id�es qui devaient troubler Lepage dans sa
profonde s�curit�. Il ne se doutait gu�re, lorsqu'il fut r�veill� en
sursaut, sur les huit heures du matin, par la voix qui lui criait que
d�sormais il serait seul avec sa pens�e, qu'avant minuit cette
sentence serait accomplie.
Sa pr�occupation de la veille lui avait fait oublier qu'� une
demi-lieue de chez lui, une jolie anse de sable avan�ait � une grande
distance dans le fleuve et, qu'au baissant de la mar�e, le courant y
portait avec beaucoup de force. C'est l� qu'apr�s avoir �t� longtemps
le jouet des flots, le corps de Guillemette fut se reposer sur le
sable derri�re la maison o� St-C�ran avait pass� la nuit. Au point du
jour la fermi�re courut � sa p�che afin de chercher du poisson pour
le d�jeuner de son h�te. Qui pourrait peindre son horreur lorsque sa
marche fut arr�t�e par un cadavre qu'elle heurta! Elle rebroussa
chemin aussit�t et courut donner l'alarme chez elle. Son mari,
accompagn� de St-C�ran et de plusieurs domestiques, s'y rendirent
sur-le-champ. Quel fut l'�tonnement de notre jeune voyageur lorsqu'il
reconnut son ami! Il allait jeter un cri de surprise, lorsqu'il
aper�ut une blessure au cr�ne. Il devint alors calme et observa
seulement. Malheureux jeune homme!--Il faut le transporter
imm�diatement chez vous, M. Thibault.
Ayant d�pos� silencieusement le cadavre sur une planche, ils prirent
le chemin de la maison, accompagn�s de la femme et des domestiques
qui suivaient en pleurant: car c'�tait une �motion violente pour des
�mes vierges qui n'avaient jamais eu occasion d'aller se blaser m�me
sur l'id�e de la mort, dans nos th��tres. Pauvres cr�atures! elles
n'auraient pas vers� de larmes si elles avaient eu l'avantage
immense, dont nous avons su si bien profiter, celui d'ensevelir leur
sensibilit� sous le rideau qui termine un des drames de Victor Hugo
ou d'Alexandre Dumas.
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