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Page 33
Le lendemain de son entrevue avec Dimitry, St-C�ran �crivait la
lettre suivante � son amante:
Ma ch�re Am�lie,
Le temps est enfin venu de te rappeler tes promesses, et de tenir les
miennes. Tu dois �tre � moi, tu me l'as jur�, et je r�clame ton
serment. Ton p�re est peut-�tre mort; rien ne t'emp�che de faire mon
bonheur, et je pense que s'il vivait, il ne me refuserait pas ta main
maintenant. Mais peu importe, je serai pr�s de toi dans quelques
jours; ainsi sois pr�par�e � me suivre; je repartirai la m�me nuit de
mon arriv�e, car je ne veux pas que l'on sache que je suis �
Saint-Jean. Trouve-toi vers minuit, le 18 courant, dans le bocage
d'�rables situ� au bas de la c�te du domaine; je ne me ferai pas
attendre. Adieu, mon amie.
Ton amant jusqu'� la mort,
De ST. C�RAN.
Trois jours apr�s, il re�ut la r�ponse suivante:
Mon Eug�ne, tout est d�couvert! mon p�re est arriv� depuis deux
jours. J'ai re�u ta lettre devant lui, il m'a ordonn� de la lui
montrer, et j'ai �t� oblig�e de le faire; il l'a lue sans rien
dire: puis, il s'est mis � sourire, de cette mani�re que tu
sais,--j'allais dire de cette mani�re qui _fait mal_, mais tu me
l'as d�fendu.--Puis il est parti, et je ne l'ai pas revu depuis. Je
suis persuad�e que tu ne viendras pas, d�s que tu auras re�u cette
lettre; aussi je n'irai pas au bocage. �cris-moi ce que je dois
faire. Mon p�re ne m'a pourtant rien dit, et je suis n�anmoins bien
malheureuse.
Ton amante affectionn�e,
AM�LIE.
F�cheux contretemps! dit le jeune homme en jetant la lettre sur son
bureau, et se promenant � grands pas dans sa chambre. Tout s'en
m�le; il y avait quatre ou cinq ans qu'on n'en entendait plus
parler, il faut qu'il ressuscite sept � huit jours trop t�t.
Patience,--ajouta-t-il, en allumant son cigare (c'�tait son rem�de
universel),--patience, il faut retarder un peu; voil� tout. Ou peut
�tre ferais-je mieux de lui parler; il doit �tre pauvre comme un rat
d'�glise; je lui offrirai de l'argent, il ne pourra r�sister!--tout
en parlant ainsi, St-C�ran s'avan�a jusqu'aupr�s de la fen�tre, o�
il s'arr�ta, tout � coup, avec un mouvement de surprise; n�anmoins,
l'habitude qu'il avait de se commander lui-m�me lui fit bient�t
reprendre son visage calme.--Le proverbe est vrai, dit-il,--parlons
du diable, et on en voit la t�te. C'�tait en effet Charles Amand
lui-m�me, qui entra d'un pas ferme, l'air assur�, la t�te haute, avec
toute l'importance que donne un bon habit, et trois ou quatre cents
piastres dans la poche de celui qui depuis longtemps est priv� de ces
avantages sans lesquels un homme est rarement bien vu dans le monde.
Si mon lecteur ne croit pas que ces deux choses ont une grande
influence sur le moral d'un homme, qu'il aille le demander � tous ces
jeunes commis et �crivains, qui le plus souvent sont sans place, et
qui connaissent parfaitement ce qu'on appelle en anglais les--_up's
and down's of human life;_--et s'il ne veulent pas l'avouer, c'est
que ces messieurs brillent dans le moment. Or, donc, Amand entra
comme je viens de le dire--Bonjour M. de St-C�ran, dit-il du m�me
air de confiance.
--Charm� de vous voir, Amand, asseyez-vous. Notre h�ros parut
chagrin, son orgueil �tait froiss�; il lui sembla que son
interlocuteur aurait bien pu dire monsieur Amand:--un habit, cela
change tant un homme--n�anmoins l'int�r�t personnel, ce grand mobile
des actions humaines, comme dit Volney, l'emp�cha de s'en plaindre;
car il venait pour se d�barrasser de sa fille, et il n'aurait pas
voulu tout g�ter.
--Vous avez voyag� depuis notre derni�re entrevue, continua le jeune
m�decin, bon succ�s, j'esp�re?
--Ah! oui, monsieur, r�pondit Amand; fameux pays d'o� je viens, on
sait payer le m�rite l�; j'y serais bien rest�, car je faisais ma
fortune rapidement; mais j'ai une famille, et vous sentez que l'id�e
de la croire malheureuse suffisait pour empoisonner mon existence:
cela joint avec l'amour du pays qui m'a pris, m'a d�cid� � revenir.
Mais j'y retournerai, vous pouvez en �tre s�r, s'il y a quelque moyen
de s'y rendre.
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