L'influence d'un livre by Philippe Aubert de Gaspé


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Page 32

--Oui, il est bien embarrass�, et il cherche des poses.

--Tu te trompes, il est dans un �tat de col�re concentr�e tout le
temps; il croit que tout le monde l'observe et le critique, il
voudrait pouvoir leur demander explication � tous; mais il sent qu'il
aurait trop � faire, ainsi il se contente de d�sirer que ce soit
bient�t fini, et quoiqu'il soit loin d'�tre � l'aise, il reste. Au
contraire, lorsqu'il est dans la rue, il croit que tous les passants
l'admirent. Vois-tu, c'est qu'alors il est dans son �l�ment, il y est
accoutum�, il a de l'aplomb, et il est satisfait de lui-m�me. Si tu
n'�prouves pas sa g�ne dans le premier cas, tu as son orgueil dans le
second; tu sais que tu ne manques pas d'esprit, tu t'es dit: un
pr�sent et un joli billet, cela doit faire une impression. Cela �tait
nouveau pour toi; mais elle est blas�e sur les pr�sents et les jolis
billets; voil� toute la diff�rence.

--Je vois que je ne suis qu'un sot.

--Finis donc, malin; dis donc plut�t que tu manques de pratique; car
un sot, vois-tu, c'est g�n�ralement un homme de monde. La raison en
est bien simple. Il n'a rien autre chose dans la t�te et, comme tu
dis, il passe son temps � cherche des poses,--des id�es c'est trop
fatigant; or, vu _que similis simili gaudet_, il n'est pas surprenant
qu'une femme de soci�t� soit tout �tonn�e qu'on lui parle raison;
cela l'ennuie, et elle va r�pondre oui � celui qui, apr�s s'�tre
regard� dans une glace et avoir arrang� sa cravate, lui apprend la
grande nouvelle: que la chambre est bien �clair�e.

--� t'entendre parler, St-C�ran, on croirait que tu es un c�nobite
parfait; et pourtant tu parais bien t'amuser autant que nous dans ces
soir�es, dont tu fais un si beau tableau.

--J'ai tout lieu d'�tre r�joui, puisque tous ces gens-l� travaillent
� ma fortune.

--Explique-toi? je ne te comprends pas.--C'est pourtant bien simple;
tandis que les filles prennent des rhumes dans la salle de bal, les
papas et les mamans ne s'amusent pas � manger des biscuits et � boire
de l'eau en bas. C'est un curieux amalgame que notre soci�t�, et
Jaffier a beau dire:

'Tis a base world and must reform.

Il n'y aura jamais que les habits qui changeront, et encore l'on
revient toujours aux anciens.

--Je vois ton porte-manteau arrang�, pr�s de ton armoire, vas-tu
faire quelques voyages? dit-il. Dimitry, en se levant--C'est
probable, o� vas-tu toi?--J'ai besoin de prendre l'air; au
plaisir.

D�s que la porte fut ferm�e:--En voil� un, comme dit Byron, qui
trouve _the cold reality too real_, s'�cria St-C�ran, en se jetant
sur le sofa.



CHAPITRE TREIZI�ME

Le mariage

Come dwell with me, come dwell with me,
And our home shall be, and our home shall be,
A pleasant cot, on a tranquil spot,
With a distant view of the changing sea.

_Song._

Tiens, dira la jeune fille, en arrivant aux derni�res pages de cet
ouvrage, ils vont d�j� se marier, et ils n'ont seulement pas eu un
petit refroidissement,--c'est dr�le. Ducray-Duminil sait bien mieux
arranger une histoire--Je le veux bien, moi; mais je me suis promis
de respecter la v�rit�, et en outre j'enseignerai une bonne recette �
celles qui croient qu'on ne peut aimer sans se brouiller de temps �
autre: elles n'ont qu'� voir leurs amants que tous les six mois, et
pour deux ou trois jours seulement, et elles ne chercheront pas � se
l'attacher en le tourmentant; et je crois, en outre, que cet ouvrage
n'aurait pas fini par un mariage si Am�lie avait suivi ce syst�me;
car St-C�ran n'aimait pas les coquettes.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 10:28