L'influence d'un livre by Philippe Aubert de Gaspé


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Page 15

The child of misery baptised in tears.

CRABBE.

Cherchant, de porte en porte, un refuge contre le froid, la faim et
pleurant une union qui n'avait eu pour fondement que l'affection.
Pourquoi, m�res barbares, ne leur avez-vous pas dit que la plupart de
ces couples infortun�s n'�taient tomb�s dans un �tat aussi d�solant
que par suite de leurs d�fauts? Pourquoi ne leur avez-vous pas dit:
cette femme est malheureuse parce qu'elle a �pous� un homme dissolu?
Non, le mot d'or a trop d'attrait � vos oreilles, il fallait inventer
un mensonge pour pouvoir en parler, de ce m�tal ch�ri. Cette femme,
avez-vous dit, est une mendiante parce qu'elle a �pous� un homme qui
n'avait pas d'or, et cette phrase a �t� suivie d'une admonition
maternelle sur les richesses--Eh! bien, je le veux; qu'on leur en
donne de l'or: elles en demanderont encore, elles diront � leurs
Filles: Vous ne pouvez plus songer � �pouser un homme de rien; vous
qui avez une fortune, il faut vous �lever. Qu'on leur pr�sente � ces
femmes d'exp�rience un homme titr�, riche, vieillard de vingt-cinq
ans, cloaque de tout ce que la corruption humaine a invent�, alors
�coutez-les dire: il est jeune, il se corrigera, il doit faire le
bonheur de notre enfant; elle nous remerciera, un jour, de ce que
nous la for�ons de s'unir � lui.--Oui, elle vous remerciera; ou
peut-�tre vous maudira-t-elle un jour, lorsque, seule, entour�e d'une
nombreuse famille, elle pleurera sa mis�re dans une masure, tandis
que son �poux accroupi pr�s du feu d'un estaminet ignoble, cherche �
s'enivrer en se rappelant ses jours d'opulence et de grandeur.

Mais brisons l�-dessus. Mon Am�lie, tu me restes, tu partageras le
sort de ma vie, tu oublieras mes �garements et nous serons heureux.
Je saurai t'arracher des mains d'un p�re ridicule...--Mais elle ne
vient pas? que peut-elle faire? et le jeune homme se mit � se
promener sur le sable en attendant son amante qu'il n'avait pas vue
depuis son retour, et � laquelle il avait donn� rendez-vous sur cette
plage.

Apr�s quelques minutes d'attente, il entendit le froissement d'une
robe, et son amante �tait dans ses bras. Ah! qu'il fut long et
d�licieux le baiser qu'il donna � la jeune Fille qui, pleine de
confiance en son honneur, se livrait sans r�serve au plaisir de
presser son amant sur son coeur, apr�s une si longue s�paration.

--Ah! d�sormais, Eug�ne, tu ne me laisseras plus, j'ai trop souffert
pendant ton absence. Une �treinte passionn�e fut la r�ponse du jeune
homme.

--Parle donc, mon Eug�ne, dis-moi donc que tu mourras pr�s de
moi.

--Il faudra pourtant que je parte de nouveau, Am�lie.

--Eh bien pourquoi donc, mon ami?

--Tu le sais, je suis sans fortune et si je veux que tu
m'appartiennes un jour...

La jeune fille soupira et quelques larmes mouill�rent sa
paupi�re.

--Pourquoi ne pas unir nos destin�es d�s demain, Eug�ne?

--Je ne pourrais me r�soudre � te voir souffrir, mon amour.

--Ah! tu ne connais pas le coeur d'une femme, si tu crois qu'il y ait
de plus grande souffrance que celles de l'absence. Dis-moi, Eug�ne,
crois-tu que l'on puisse souffrir quand on est avec celui qu'on aime?
Mais non, je le sens, je ne suis pas n�e pour faire ton bonheur.

Le jeune homme r�pondit par un soupir.--Peut-�tre qu'un jour,
ajouta-t-il, nous pourrons r�aliser nos r�ves de bonheur, mais en
attendant, Am�lie, apprends de ton amant � souffrir. Les deux amants
s'assirent ensuite sur un arbre jet� par les flots sur le rivage
et continu�rent pendant la plus grande partie de la nuit une
conversation qui n'a rien d'int�ressant pour nos lecteurs. Une heure
avant le jour ils se s�par�rent; elle, pour chercher en vain le repos
sur un lit de mis�re, et lui, pour r�fl�chir sur le projet qu'il
avait form�, depuis quelque temps, d'aller se livrer � l'�tude de la
m�decine dans la capitale.

Le lendemain il fit ses pr�paratifs � la h�te et partit quelque temps
apr�s Lepage que les magistrats faisaient conduire � la prison du
district de Qu�bec. Il ne lui arriva rien de remarquable pendant sa
route qui fut assez longue, vu le mauvais �tat des chemins. Arriv� au
but de son voyage, il passa un brevet avec un m�decin �minent du lieu
et commen�a, avec ardeur, ses �tudes.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 19th Dec 2025, 12:43