L'influence d'un livre by Philippe Aubert de Gaspé


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Page 12

--Nous venons de dehors examiner le cheval de ce monsieur;
croiriez-vous que toute la neige est fondue autour de lui, et que ses
pieds portent sur la terre? Latulipe v�rifia ce rapport et parut
d'autant plus saisi d'�pouvante qu'ayant remarqu�, tout � coup, la
p�leur de sa fille auparavant, il avait obtenu d'elle un demi-aveu de
ce qui s'�tait pass� entre elle et l'inconnu. La consternation se
r�pandit bien vite dans le bal, on chuchotait et les pri�res seules
de Latulipe emp�chaient les convives de se retirer.

L'�tranger, paraissant indiff�rent � tout ce qui se passait autour
de lui, continuait ses galanteries aupr�s de Rose, et lui disait en
riant, et tout en lui pr�sentant un superbe collier en perles et
en or: �tez votre collier de verre, belle Rose, et acceptez, pour
l'amour de moi, ce collier de vraies perles.--Or, � ce collier
de verre, pendait une petite croix et la pauvre fille refusait
de l'�ter.

Cependant une autre sc�ne se passait au presbyt�re de la paroisse o�
le vieux cur�, agenouill� depuis neuf heures du soir, ne cessait
d'invoquer Dieu: le priant de pardonner les p�ch�s que commettaient
ses paroissiens dans cette nuit de d�sordre: le mardi gras.--Le
saint vieillard s'�tait endormi, en priant avec ferveur, et �tait
enseveli, depuis une heure, dans un profond sommeil, lorsque
s'�veillant tout � coup, il courut � son domestique, en lui criant:
Ambroise, mon cher Ambroise, l�ve-toi, et attelle vite ma jument Au
nom de Dieu, attelle vite. Je te ferai pr�sent d'un mois, de deux
mois, de six mois de gages.

--Qu'y-a-t-il? monsieur, cria Ambroise, qui connaissait le z�le du
charitable cur�; y a-t-il quelqu'un en danger de mort?

--En danger de mort! r�p�ta le cur�; plus que cela, mon cher
Ambroise! une �me en danger de son salut �ternel. Att�le, attelle
promptement.

Au bout de cinq minutes, le cur� �tait sur le chemin qui conduisait
� la demeure de Latulipe et, malgr� le temps affreux qu'il faisait,
avan�ait avec une rapidit� incroyable; c'�tait, voyez-vous, sainte
Rose qui aplanissait la route.

Il �tait temps que le cur� arriv�t; l'inconnu en tirant sur le fil du
collier l'avait rompu, et se pr�parait � saisir la pauvre Rose;
lorsque le cur�, prompt comme l'�clair, l'avait pr�venu en passant
son �tole autour du col de la jeune fille et, la serrant contre sa
poitrine o� il avait re�u son Dieu le matin, s'�cria d'une voix
tonnante:--Que fais-tu ici, malheureux, parmi des chr�tiens?

Les assistants �taient tomb�s � genoux � ce terrible spectacle et
sanglotaient en voyant leur v�n�rable pasteur qui leur avait toujours
paru si timide et si faible, et maintenant si fort et si courageux,
face � face avec l'ennemi de Dieu et des hommes.

--Je ne reconnais pas pour chr�tiens, r�pliqua Lucifer en roulant des
yeux ensanglant�s, ceux qui, par m�pris de votre religion, passent �
danser, � boire et � se divertir, des jours consacr�s � la p�nitence
par vos pr�ceptes maudits; d'ailleurs cette jeune fille s'est donn�e
� moi, et le sang qui a coul� de sa main est le sceau qui me
l'attache pour toujours.

--Retire-toi, Satan, s'�cria le cur�, en lui frappant le visage de
son �tole, et en pronon�ant des mots latins que personne ne put
comprendre. Le diable disparut aussit�t avec un bruit �pouvantable et
laissant une odeur de soufre qui pensa suffoquer l'assembl�e. Le bon
cur�, s'agenouillant alors, pronon�a une fervente pri�re en tenant
toujours la malheureuse Rose, qui avait perdu connaissance, coll�e
sur son sein, et tous y r�pondirent par de nouveaux soupirs et par
des g�missements.

--O� est-il? o� est-il? s'�cria la pauvre fille, en recouvrant
l'usage de ses sens.--Il est disparu, s'�cria-t-on de toutes parts.
Oh mon p�re! mon p�re! ne m'abandonnez pas! s'�cria Rose, en se
tra�nant aux pieds de son v�n�rable pasteur--emmenez-moi avec
vous... Vous seul pouvez me prot�ger... je me suis donn�e � lui... je
crains toujours qu'il ne revienne... un couvent! un couvent!--Eh
bien, pauvre brebis �gar�e, et maintenant repentante, lui dit le
v�n�rable pasteur, venez chez moi, je veillerai sur vous, je vous
entourerai de saintes reliques, et si votre vocation est sinc�re,
comme je n'en doute pas apr�s cette terrible �preuve, vous renoncerez
� ce monde qui vous a �t� si funeste.

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Books | Photos | Paul Mutton | Thu 18th Dec 2025, 14:58