Teverino by George Sand


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Page 67

--Si nous �vitons le torrent, nous prenons le plus long, cher abb�; moi,
je ne demande pas mieux!

--Va pour le plus long! dit le cur� qui avait enfonc� son grand chapeau
sur ses yeux d'une fa�on mutine. _Chi va piano, va sano_; une heure de
plus ou de moins en voyage, ce n'est pas une affaire: _chi va sano, va
bene_.

On prit un autre chemin, et Sabina demanda � L�once si l'on retournait
bien r�ellement � la villa.

--Je l'esp�re, r�pondit-il, et pourtant je n'en sais trop rien. Je dois
avouer que toute ma force magn�tique m'a abandonn� depuis qu'elle a
pass� dans le marquis, et que lui seul est d�sormais notre boussole.

--Alors, j'entre en r�volte ouverte; je ne veux �tre dirig�e que par
vous.

--J'entends, Signora, dit Teverino; prenez que je ne suis que le
gouvernail, et que j'ob�is � la main de L�once. C'est M. le cur� qui est
la boussole; son regard est toujours fix� vers le p�le, et l'�toile,
c'est dame Barbe, sa v�n�rable gouvernante.

--Bien dit, bien dit! s'�cria le cur� en riant de tout son coeur.

La route fut longue, mais belle. Teverino conduisait sagement et
s'arr�tait � chaque site remarquable pour le faire admirer � ses
compagnons. Son air d'enjouement et de bont�, et ses mani�res
respectueuses avec Sabina, la rassur�rent peu � peu. Il semblait qu'il
f�t jaloux de lui faire oublier un moment de faiblesse. Elle lui en sut
gr�; mais elle n'eut de regards tendres et de paroles gracieuses que
pour L�once.

Cependant, la chaleur commen�ant � se faire sentir, elle se rendormit,
tandis que L�once, avec une sollicitude pers�v�rante, tenait l'ombrelle
au-dessus de sa t�te. Lorsqu'elle se r�veilla, elle se vit avec surprise
au milieu d'un clo�tre gothique.

La voiture �tait arr�t�e dans une grande cour, sur un gazon touffu et
aupr�s d'une fontaine jaillissante. D'antiques constructions, d'une
�l�gance bizarre, entouraient cette partie avanc�e du monast�re. A
travers les arcades aigu�s, on d�couvrait, d'un c�t�, les perspectives
profondes d'une vall�e charmante; de l'autre, on voyait s'�lever, bien
au-dessus des aiguilles dentel�es de l'architecture, les pics arides et
mena�ants de la montagne. En face, une large grille fermait la seconde
enceinte du couvent, et laissait apercevoir, autour d'un pr�au rempli
de fleurs, des b�timents plus modernes, mieux entretenus, et charg�s
d'ornements dans le go�t du seizi�me si�cle. Le cur�, la face coll�e
� cette grille, �branlait d'une main vigoureuse la cloche au timbre
sonore, et des figures de moines accourant au bruit, paraissaient dans
le clair-obscur d'une seconde porte vo�t�e, ouvrant sur une troisi�me
enceinte.

--N'est-ce pas, Milady, dit Teverino, que vous ne m'en voudrez pas
de vous avoir amen�e chez ces bons p�res? Ceci est le couvent de
Notre-Dame-du-Refuge, et notre cher abb� pense qu'un peu de repos et de
rafra�chissement embellirait cette halte po�tique. Nous allons faire
demander au prieur la permission de vous introduire au coeur du
sanctuaire, et, pour l'obtenir, nous vous ferons passer pour une vieille
Irlandaise, ultracatholique. Baissez donc votre voile, et gardez qu'on
ne voie vos traits et votre taille avant que la grille soit ouverte.

--Ces bons moines sont plus fins que toi, dit L�once, et voici d�j� le
fr�re-portier qui vient regarder de pr�s notre jeune et belle voyageuse.

Apr�s avoir parlement�, les moines consentirent � admettre les femmes
dans le pr�au, mais pas plus loin; et alors, avec beaucoup de gr�ce
et d'affabilit�, ils firent d�teler les chevaux et conduisirent les
voyageurs dans une salle bien fra�che et pittoresquement d�cor�e, o� une
friande collation leur fut servie.

L� s'�tablit un feu roulant de questions o� la na�ve curiosit� de ces
saints oisifs embarrassa plus d'une fois la prudence du cur�. Il lui
fallut se pr�ter aux mensonges de Teverino, qui fit hardiment passer
L�once pour lord G..., le mari de Sabina, et qui assura qu'on venait en
droite ligne de Sainte-Apollinaire, o� M. le cur� avait dit sa messe
le matin avant de se mettre en route. Le prieur s'�tonna que lord G...
n'e�t point l'accent anglais, et que la voiture f�t arriv�e par les
plateaux de la montagne au lieu de venir par le fond de la vall�e.
Teverino eut r�ponse � tout, et, pour faire cesser ces questions, il
entreprit d'en assaillir ses h�tes, et de les occuper par l'�loge de
leur couvent, de leur bonne mine, et de leur opulente hospitalit�. Apr�s
le repas, il demanda, pour les hommes au moins, la permission de visiter
l'�glise et les clo�tres int�rieurs, et, de cette fa�on, il procura �
L�once un nouveau et paisible t�te-�-t�te avec Sabina, que ce dernier ne
voulut pas laisser seule. �Ce sont de nouveaux mari�s, dit Teverino tout
bas au prieur; vous avez ici des moines qui m'ont l'air de fort beaux
jeunes gens. Mylord est jaloux, m�me d'un regard innocent et respectueux
lanc� sur sa noble �pouse.� Tout moine aime les petits secrets et les
d�licates confidences. Malgr� ce que celle-ci avait de mondain, le
bon p�re sourit, et salua d'un air malin le pr�tendu lord G.... en
l'invitant � cueillir des fleurs pour milady.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 26th Dec 2025, 17:08