Teverino by George Sand


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Page 6

--Non, Madame, r�pondit L�once, votre voile est baiss�, et elle
est encore loin; d'ailleurs... prends � gauche, le chemin de
Sainte-Apollinaire! cria-t-il au jockey qui lui servait de cocher, et
qui conduisait avec vitesse et r�solution.

Le wurst s'enfon�a dans un chemin �troit et couvert, et la cal�che de la
marquise passa, peu de minutes apr�s, sur la grande route.

--Vous voyez, Madame, dit L�once, que la Providence veille sur vous
aujourd'hui, et qu'elle s'est incarn�e en moi. Il faut faire souvent un
long trajet dans ces montagnes pour trouver un chemin praticable aux
voitures, aboutissant � la rampe, et il s'en est ouvert un comme par
miracle au moment o� vous avez d�sir� de fuir.

--C'est si merveilleux, en effet, r�pondit lady G... en souriant, que je
pense que vous l'avez ouvert et fray� d'un coup de baguette. Oui, c'est
un enchantement! Les belles haies fleuries et les nobles ombrages!
J'admire que vous ayez song� � tout, m�me � nous donner ici l'ombre
et les fleurs qui nous manquaient lorsque nous suivions la rampe. Ces
ch�taigniers centenaires que vous avez plant�s l� sont magnifiques. On
voit bien, L�once, que vous �tes un grand artiste, et que vous ne pouvez
pas cr�er � demi.

--Vous dites des choses charmantes, Sabina, mais vous �tes p�le comme
la mort! Quelle crainte vous avez de l'opinion! quelle terreur vous a
caus�e cette rencontre et ce danger d'un soup�on! Je ne me serais jamais
dout� qu'une personne aussi forte et aussi fi�re f�t aussi timide!

--On ne se conna�t qu'� la campagne, disent les gens du monde. Cela veut
dire que l'on ne se conna�t que dans le t�te-�-t�te. Ainsi, L�once, nous
allons ce matin nous d�couvrir mutuellement beaucoup de qualit�s et
beaucoup de d�fauts que nous n'avions encore jamais aper�us l'un chez
l'autre. Ma timidit� est vertu ou faiblesse, je l'ignore.

--C'est faiblesse.

--Et vous m�prisez cela?

--Je le bl�merai peut-�tre. J'y trouverai tout au moins l'explication de
ce raffinement de go�ts, de cette habitude de d�dains exquis dont vous
me parliez tout � l'heure. Vous ne vous rendez peut-�tre pas bien compte
de vous-m�me. Vous attribuez peut-�tre trop � la d�licatesse exag�r�e de
vos perceptions aristocratiques ce qui n'est en r�alit� que la peur du
bl�me et des railleries de vos pareils.

--Mes pareils sont les v�tres aussi, L�once; n'avez-vous donc aucun
souci de l'opinion? Voudriez-vous que je fisse un choix dont j'eusse �
rougir. Ce serait bizarre.

--Ce serait par trop bizarre, et je n'y songe point. Mais une hardiesse
d'ind�pendance plus prononc�e me para�trait pour vous une ressource
pr�cieuse, et je vois que vous ne l'avez pas. Il n'est plus question
ici de choisir dans une sph�re ou dans l'autre, je dis seulement qu'en
g�n�ral, quelque choix que vous fassiez, vous serez plus occup�e du
jugement qu'on en portera autour de vous que des jouissances que vous en
retirerez pour votre compte personnel.

--Je n'en crois rien, et ceci passe la limite des v�rit�s dures, L�once;
c'est une taquinerie m�chante, un syst�me de malveillantes inculpations.

--Voil� que nous commen�ons � nous quereller, dit L�once. Tout va
bien, si je r�ussis � vous irriter contre moi; j'aurai au moins �cart�
l'ennui.

--Si la marquise entendait notre conversation, dit Sabina en reprenant
sa gaiet�, elle n'y trouverait pas � mordre, je pr�sume?

--Mais comme elle ne l'entend pas et que nous pouvons faire d'autres
rencontres, il est bon que nous rompions davantage notre t�te-�-t�te, et
que nous nous entourions de quelques compagnons de voyage.

--Est-ce qu'� votre tour, vous prenez de l'humeur, L�once?

--Nullement; mais il entre dans mes desseins que vous ayez un chaperon
plus respectable que moi; je le vois qui vient � ma rencontre. Le destin
l'am�ne en ce lieu, sinon mon pouvoir magique.

Sur un signe de son ma�tre, le jockey arr�ta ses chevaux. L�once sauta
lestement � terre et courut au-devant du cur� de Sainte-Apollinaire, qui
marchait gravement � l'entr�e de son village, un br�viaire � la main.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 10th Jan 2025, 6:10