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Page 5
--Oh! je vous trouve charmant aujourd'hui, au contraire! s'�cria en
riant lady G... sur le beau visage de laquelle un peu d'humeur avait
cependant pass�. Eh bien, laissez-moi me justifier, et citez-moi
quelqu'un qui me donne tort. Je trouve tous les hommes que le monde
jette autour de moi ou vains et stupides, ou intelligents et glac�s.
J'ai piti� des uns, j'ai peur des autres.
--Vous n'avez pas tort. Pourquoi ne cherchez-vous pas hors du monde?
--Est-ce qu'une femme peut chercher? Fi donc!
--Mais on peut se promener quelquefois, rencontrer, et ne pas trop fuir.
--Non, on ne peut pas se promener hors du monde, le monde vous suit
partout, quand on est du grand monde. Et puis, qu'y a-t-il hors du
monde? des bourgeois, race vulgaire et insolente; du peuple, race
abrutie et malpropre; des artistes, race ambitieuse et profond�ment
�go�ste. Tout cela ne vaut pas mieux que nous, L�once. Et puis, si
vous voulez que je me confesse, je vous dirai que je crois un peu �
l'excellence de notre sang patricien. Si tout n'�tait pas d�g�n�r� et
corrompu dans le genre humain, c'est encore l� qu'il faudrait esp�rer
de trouver des types �lev�s et des natures d'�lite. Je ne nie pas les
transformations de l'avenir, mais jusqu'ici je vois encore le sceau du
vasselage sur tous ces fronts r�cemment affranchis. Je ne hais ni ne
m�prise, je ne crains pas non plus cette race qui va, dit-on, nous
chasser; j'y consens. Je pourrais avoir de l'estime, du respect et de
l'amiti� pour certains pl�b�iens; mais mon amour est une fleur d�licate
qui ne cro�t pas dans le premier terrain venu; j'ai des nerfs de
marquise; je ne saurais me changer et me mani�rer. Plus j'accepte
l'�galit� future, moins je me sens capable de ch�rir et de caresser ce
que l'in�galit� a souill� dans le pass�. Voil� toute ma th�orie, L�once,
vous n'avez donc pas lieu de me pr�cher. Voulez-vous que je me fasse
soeur de charit�? Je ne demande pas mieux que de surmonter mes d�go�ts
en vue de la charit�; mais vous voulez que je cherche le bonheur de
l'amour, l� o� je ne vois � pratiquer que l'immolation de la p�nitence!
--Je ne vous pr�cherai rien, Sabina; je ne vaux ni mieux ni moins que
vous; seulement, je crois avoir un instinct plus chaud, un d�sir plus
ardent de la dignit� de l'homme, et cette ardeur vraie est venue le
jour o� je me suis senti artiste. Depuis ce jour le genre humain
m'est apparu, non pas partag� en castes diverses, mais sem� de types
sup�rieurs par eux-m�mes. Je ne crois donc pas l'habitude assez
influente sur les �mes, assez destructive du pouvoir divin, pour avoir
fl�tri � jamais la post�rit� des esclaves. Quand il pla�t � Dieu que la
Fornarina soit belle, et que Rapha�l ait du g�nie, ils s'aiment sans se
demander le nom de leurs a�eux. La beaut� de l'�me et du corps, voil� ce
qui est noble et respectable; et, pour �tre sortie d'une ronce, la fleur
de l'�glantier n'est pas moins suave et moins charmante.
--Oui, mais pour aller la respirer, il faut vous d�chirer dans de
sauvages buissons. Et puis, L�once, nous ne pouvons pas voir de m�me la
beaut� id�ale. Vous �tes homme et artiste, c'est-�-dire que vous avez un
sentiment � la fois plus mat�riel et plus exalt� de la forme; votre art
est mat�rialiste. C'est le divin Rapha�l �pris de la robuste Fornarina.
Eh bien, oui! la ma�tresse du Titien me parait aussi une belle grosse
femme sensuelle, nullement id�ale.....Nous autres patriciennes, nous ne
concevons pas... Mais, grand Dieu! voici un �quipage qui vient � nous,
et qui ressemble tout � fait � celui de la marquise!
--Et c'est elle-m�me avec le jeune docteur!
--Voyez, L�once, voici une femme plus facile � satisfaire que moi! Nous
allons surprendre une intrigue. Elle se faisait passer pour malade, et
la voil� qui se prom�ne avec...
--Avec son m�decin, comme vous avec le v�tre, Madame. Elle s'amuse par
ordonnance.
--Oui, mais vous n'�tes que le m�decin de mon �me...
--Vous �tes cruelle, Sabina! que savez-vous si ce beau jeune homme ne
s'adresse pas plut�t � son coeur qu'� ses sens?... Et si elle pensait
aussi mal de vous, ne serait-elle pas profond�ment injuste, puisque moi,
qui suis en t�te-�-t�te avec vous, je ne m'adresse ni � votre coeur,
ni...
--Juste ciel! L�once! vous m'y faites penser. Elle est m�chante, elle a
besoin de se justifier par l'exemple des autres... elle va passer pr�s
de nous. Elle est hardie; au lieu de se cacher elle va nous observer, me
reconna�tre... c'est peut-�tre d�j� fait!
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