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Page 57
--C'est le langage de la droiture et de la na�vet�; mais admettons, j'y
consens, que la civilisation des moeurs fran�aises et le raffinement
de nos id�es produisent cette �trange contradiction: ne pouvez-vous
comprendre que ce que vous pouvez �prouver? Vous qui avez vu tant
de choses, �tudi� tant de natures diverses, ne savez-vous pas que
l'amour-propre est une cause de d�pit et de jalousie aussi bien que la
passion v�ritable?�
Teverino s'assit sur le bord de son lit, garda un silence m�ditatif
pendant quelques instants, puis reprit en se levant: �Oui! ce sont des
maladies de l'�me, produites par la sati�t�. Pour ne point les conna�tre
il faut �tre, comme moi, visit� par la mis�re, c'est-�-dire par
l'impossibilit� fr�quente de satisfaire toutes ses fantaisies. Ch�re
pauvret�! tu es une bonne institutrice des coeurs. Tu nous ram�nes �
la simplicit� primitive des sentiments et des id�es, quand l'abus des
jouissances menace de nous corrompre. Tu nous donnes tant de na�ves
le�ons, qu'il faut bien que nous restions na�fs sous ta loi aust�re!
--Quel rapport �tablissez-vous donc entre votre mis�re et la droiture de
votre coeur?
--La mis�re, Monsieur, est toute une philosophie. C'est le sto�cisme,
et l'�me sto�que est faite toute d'une pi�ce. Que ma ma�tresse me soit
enlev�e par un homme puissant (la puissance de ce si�cle c'est la
richesse), je courbe la t�te, et mon orgueil n'en souffre pas. Ce coeur,
auquel mon coeur n'a pas suffi, ne me semble digne ni de regret ni de
col�re. Si je pouvais soutenir la lutte et donner � mon infid�le les
jouissances de la vie, je pourrais alors conna�tre la jalousie et
m'indigner de ma d�faite. Mais l� o� mon rival dispose de s�ductions que
la fortune me d�nie, je ne puis m'en prendre qu'� la destin�e... et les
personnes ne me paraissent plus coupables.
--Tu es tr�s-philosophe, en effet, et je t'en fais mon compliment. Mais
ceci ne peut s'appliquer au mouvement de jalousie que tu m'as inspir�.
Tu n'as rien, et l'on te pr�f�re � moi qui suis riche. J'ai donc sujet
d'�tre doublement humili�.
--Oui, d'�tre furieux, si vous �tes amoureux. Sinon, ce n'est qu'un
d�lire de la vanit�, et je ne comprends pas qu'un homme dont l'esprit
est aussi �clair� que le v�tre, se laisse �mouvoir par une telle
v�tille. Si vous aviez pris l'habitude d'�tre supplant� � toute heure
par la loi fatale du destin, vous seriez aguerri contre ces petits
revers. Vous sauriez que la femme est l'�tre le plus impressionnable de
la cr�ation, et par cons�quent celui qui peut nous donner le plus de
jouissance et le moins de droits, le plus d'ivresse et le moins de
s�curit�.
--C'est une philosophie de boh�mien, s'�cria L�once, et je me sens
incapable d'aimer ainsi. Tu es tout tendresse et tout tol�rance,
Teverino; mais tu ne portes pas dans l'amour l'instinct de dignit� que
tu poss�des � l'endroit de l'honneur.
--Je ne place pas l'honneur o� il n'est pas, et ne cherche dans l'amour
que l'amour.
--Aussi tu es aim� souvent et tu n'aimes jamais; tu ne connais que le
plaisir.
--Et pourtant je sacrifie souvent le plaisir � des id�es d'honneur. Ne
vous h�tez pas de me juger, L�once; vous ne savez pas ce qui se passe en
moi � cette heure.
--Je le sais, ami, s'�cria L�once avec feu. Tu combats des d�sirs que tu
pourrais satisfaire � l'heure m�me. Il n'y a pas loin de cette chambre
� celle d'une certaine et vous le punissez de son silence par votre
estime. Si vous lisiez dans son coeur, vous r�pondriez � ce qu'il
�prouve.
--Marquis, je vous trouve fort �trange de vous charger ainsi des
d�clarations de L�once.
--Je vous jure sur l'honneur, Signora, que je n'en suis point charg�, et
qu'il est aussi m�fiant avec moi que vous-m�me.
--Ainsi, vous me faites la cour pour lui de votre propre mouvement,
et vous vous chargez gratuitement de sa cause? c'est tr�s-noble et
tr�s-g�n�reux � vous, marquis, et cela rappelle la fraternit� des
anciens chevaliers. Laissez-moi vous dire que rien n'est plus digne
d'_estime_, et que, d�s ce jour, mon _amiti�_ vous est acquise � juste
titre.
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