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Page 56
--Expliquez cela.
--Comment et pourquoi n'aimez-vous point L�once, cet homme excellent et
charmant, qui vous aime avec passion?
--Il ne m'aime pas du tout, et voil� le secret de mon indiff�rence. Or,
faut-il ha�r et d�daigner un homme aussi accompli, parce qu'il n'est pas
amoureux de moi? Ne dois-je pas d�pouiller ici ma vanit� de femme et
rendre justice � son noble caract�re et � son grand esprit, en lui
vouant une affection plus tranquile et plus durable que l'amour?
--A la mani�re dont vous parlez de l'amour, on dirait que vous ne l'avez
jamais connu, Signora. Une Italienne n'aurait pas tant de d�licatesse et
de g�n�rosit�; elle m�priserait tout simplement, et tiendrait pour son
ennemi l'homme capable de vivre avec elle dans cette esp�ce d'intimit�
grossi�re et offensante, que vous nommez amiti�. Eh! tenez, Signora,
de quelque race qu'elle soit, une femme est toujours femme avant tout.
L'instinct de la v�rit� est plus puissant sur elle que les lois de la
convenance et du bon go�t. Votre amiti�, c'est-�-dire votre d�dain pour
mon noble ami, ne repose que sur une erreur. Vous ne vous apercevez pas
de son amour, et vous le punissez de son silence par votre estime. Si
vous lisiez dans son coeur, vous r�pondriez � ce qu'il �prouve.
--Marquis, je vous trouve fort �trange de vous charger ainsi des
d�clarations de L�once.
--Je vous jure sur l'honneur, Signora, que je n'en suis point charg�, et
qu'il est aussi m�fiant avec moi que vous-m�me.
--Ainsi, vous me faites la cour pour lui de votre propre mouvement,
et vous vous chargez gratuitement de sa cause? c'est tr�s-noble et
tr�s-g�n�reux � vous, marquis, et cela rappelle la fraternit� des
anciens chevaliers. Laissez-moi vous dire que rien n'est plus digne
d'_estime_, et que, d�s ce jour, mon _amiti�_ vous est acquise � juste
titre.
Ayant ainsi parl� avec un amer d�pit, Sabina se leva, souhaita le
bonsoir au marquis, et se retira dans sa chambre.
Nous avons dit d�j� que toutes les chambres de nos personnages �taient
situ�es sur cette galerie planch�i�e qu'abritait un large auvent, �
la mani�re des constructions alpestres, et qui longeait la face de la
maison tourn�e vers la place. L�once et Teverino occupaient la m�me
chambre, et lorsque ce dernier y entra, il trouva son ami encore habill�
et marchant avec agitation.
--Jeune homme, dit L�once en venant � sa rencontre, la main ouverte,
tu as de nobles sentiments et tu �tais digne d'un noble sort. Je t'ai
grossi�rement offens� au passage du torrent, veux-tu l'oublier?
--Je vous le pardonnerai de grand coeur, L�once, si vous m'avouez que
la jalousie, c'est-�-dire l'amour, vous a caus� cet emportement
involontaire?
--Et autrement tu ne l'oublieras point?
--Autrement, je persisterai � vous en demander raison. Plus ma condition
vous semble abjecte, plus vous me deviez d'�gards, m'ayant attir� dans
votre compagnie; et si la diff�rence de nos fortunes vous faisait
h�siter � me donner satisfaction, je vous dirais, pour vous stimuler,
que je suis de premi�re force � toutes les armes, et que je n'en suis
pas � mon premier duel avec des gens de qualit�.
--Je n'ai point de l�che pr�jug� qui me fasse h�siter sur ce point; je
suis de mon si�cle, et je sais qu'un homme en vaut un autre. Je ne suis
pas maladroit non plus, et j'aurais quelque plaisir � me mesurer avec
toi, si ma cause �tait bonne; mais je la sens mauvaise, et je souffre
d'autant plus de t'avoir outrag�, que je vois en toi cette fiert�
d'honn�te homme.
--Vos excuses sont d'un honn�te homme aussi, et je les accepte, dit
Teverino en lui serrant la main avec une m�le dignit�; mais, pour mettre
ma susceptibilit� en repos, vous auriez d� avouer que l'amour et la
jalousie �taient seuls coupables.
--Vous voulez des confidences, Teverino? Eh bien! vous en aurez. La
jalousie, oui, j'en conviens, mais l'amour, non!
--Voil� encore des subtilit�s fran�aises! Une femme nous pla�t ou
ne nous pla�t pas. L� o� il n'y a point d'amour, il n'y a point de
jalousie.
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