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Page 55
--Cela se pourrait, Madame; je persiste � le croire, malgr� votre d�dain
pour la mis�re.
--Ne me calomniez pas. Il est une mis�re que je plains et respecte:
c'est celle de l'infirme, de l'ignorant, du faible, de tous ces �tres
que le malheur de leur race jette � demi morts, physiquement ou
moralement, dans le grand combat de la vie. �tiol�s de corps ou d'esprit
avant d'avoir pu se d�velopper, ces malheureux sont bien les victimes
du hasard, et nous nous devons de les plaindre et de les secourir; mais
celui qui _pouvait_ et qui n'a pas _voulu_ est coupable, et ce n'est pas
injustement que la soci�t� le repousse et l'abandonne.
--Soit, dit Teverino avec un m�lange de hauteur et de bont�. Il faudrait
�tre Dieu pour lire dans son coeur et pour savoir si, alors, il ne
trouve pas en lui-m�me des consolations que le monde ignore; si, entre
la supr�me bont� et lui, il ne s'�tablit pas un commerce plus pur
et plus doux que toutes les sympathies humaines et que toutes les
protections sociales. Je me figure, moi, que les dons de Dieu servent
toujours � quelque chose, et que les derniers sur la terre ne seront pas
les derniers dans son royaume. _Quelqu'un_ l'a dit autrefois... Mais
je m'aper�ois que je tourne � la pr�dication et que j'empi�te sur les
droits de notre bon cur�. Je dois me contenter de vous avoir montr� que
je savais jouer la com�die. On m'a toujours dit que j'�tais n�
com�dien, et pourtant j'ai un coeur sinc�re qui m'a toujours entra�n�
contrairement aux lois de la prudence.
--Allons, vous �tes un mime incroyable, dit Sabina, et vous vous �tes
tir� de cette farce italienne comme l'e�t fait un �colier fac�tieux en
vacances. J'admire l'enjouement et la jeunesse de votre caract�re, et
pourtant je vous avoue que j'en suis un peu effray�e.
--Vous me croyez frivole?
--Non, mais mobile et insouciant peut-�tre!
--En ce cas, vous ne me jugez pas perfide et dissimul�, malgr� mon art
pour les travestissements?
--Non, � coup s�r.
--Eh bien, j'aime mieux cela que d'�tre pris pour un hypocrite.
--Vous est-il donc indiff�rent d'inspirer un autre genre de m�fiance?
--Je pourrais si ais�ment les vaincre tous qu'aucun ne m'inqui�te.
Mais comme on ne me mettra point � l'�preuve, je n'ai que faire de me
disculper, n'est-il pas vrai, belle Sabina? Je serais ici un grand fat,
si j'entreprenais de me faire appr�cier.
--N'�tes-vous point jaloux d'estime et d'amiti�?
--Estime et amiti�! paroles fran�aises que nous ne comprenons gu�re,
nous autres Italiens, entre une belle femme et un jeune homme. Moins
subtils et plus passionn�s, nous allons droit au fait du vrai sentiment
que nous pouvons �prouver. Je vous confesse que votre estime et votre
amiti� pour L�once sont choses que je n'envie pas, et auxquelles je
pr�f�rerais le d�dain et la haine.
--Expliquez cela.
--Comment et pourquoi n'aimez-vous point L�once, cet homme excellent et
charmant, qui vous aime avec passion?
--Il ne m'aime pas du tout, et voil� le secret de mon indiff�rence. Or,
faut-il ha�r et d�daigner un homme aussi accompli, parce qu'il n'est pas
amoureux de moi? Ne dois-je pas d�pouiller ici ma vanit� de femme et
rendre justice � son noble caract�re et � son grand esprit, en lui
vouant une affection plus tranquile et plus durable que l'amour?
--A la mani�re dont vous parlez de l'amour, on dirait que vous ne l'avez
jamais connu, Signora. Une Italienne n'aurait pas tant de d�licatesse et
de g�n�rosit�; elle m�priserait tout simplement, et tiendrait pour son
ennemi l'homme capable de vivre avec elle dans cette esp�ce d'intimit�
grossi�re et offensante, que vous nommez amiti�. Eh! tenez, Signora,
de quelque race qu'elle soit, une femme est toujours femme avant tout.
L'instinct de la v�rit� est plus puissant sur elle que les lois de la
convenance et du bon go�t. Votre amiti�, c'est-�-dire votre d�dain pour
mon noble ami, ne repose que sur une erreur. Vous ne vous apercevez
pas de son amour,--Estime et amiti�! paroles fran�aises que nous ne
comprenons gu�re, nous autres Italiens, entre une belle femme et un
jeune homme. Moins subtils et plus passionn�s, nous allons droit au fait
du vrai sentiment que nous pouvons �prouver. Je vous confesse que votre
estime et votre amiti� pour L�once sont choses que je n'envie pas, et
auxquelles je pr�f�rerais le d�dain et la haine.
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