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Page 52
En ce moment leurs l�vres se rencontr�rent; mais aussit�t les pas de
L�once r�sonnant sous la vo�te de l'escalier � peu de distance, les
rappel�rent brusquement � eux-m�mes. On distinguait dans la lointain les
battements de mains de plusieurs personnes qui, du bord des remparts o�
elles su promenaient, avaient entendu ce chant admirable planer dans
les airs comme la voix du g�nie des ruines. Elles applaudissaient avec
transport l'artiste inconnu dispensateur d'une jouissance si ch�re aux
oreilles italiennes; mais ces applaudissements firent tressaillir Sabina
encore plus que l'approche de L�once. Il lui sembla que c'�tait comme
une ironique fanfare sonn�e sur son imminente d�faite, et elle eut
besoin de constater qu'elle �tait assise de mani�re � demeurer, m�me de
tr�s-loin, invisible aux regards curieux, pour se rassurer contre la
honte d'une pareille faiblesse.
X.
LO QUE PUEDE UN SASTRE.
Nos voyageurs firent le tour des murailles en dehors de la ville, et
quand ils arriv�rent � l'auberge du Lion-Blanc, o� ils entr�rent par une
petite porte donnant sur des jardins, onze heures sonnaient � l'horloge
de la place. Un attroupement de bourgeois et d'artisans s'�tait form�
devant la principale entr�e de l'h�tellerie, et l'h�te paraissait
soutenir une discussion anim�e.
--Que voulez-vous, Seigneuries? r�pondit-il aux interrogations de L�once
et de Teverino, en poussant la porte au nez des curieux; les gens de la
ville pr�tendent qu'un grand chanteur est log� dans ma maison, que c'est
au moins le signor Rubini, qui, pour se soustraire aux importunit�s de
nos dilettanti, cache son nom et sa pr�sence, et que je suis le complice
de son incognito. Les uns veulent absolument qu'il se montre au balcon
pour recevoir les f�licitations du public qui l'a entendu chanter,
il n'y a pas plus d'une demi-heure, du c�t� des remparts; d'autres
parcourent toute la ville, entrent dans tous les caf�s, demandant �
grands cris le signor Rubini; enfin, je ne sais plus que faire. J'ai eu
l'honneur de voir passer plusieurs fois dans ma maison le signor Rubini;
je sais bien qu'il n'y est pas.
Cet incident donna � Teverino l'id�e d'une fac�tie en m�me temps que le
d�sir de tenter une �preuve sur Sabina.
--�coutez, dit-il � son h�te, je chante passablement, et c'est moi qui
tout � l'heure exer�ais ma voix du c�t� de la grande tour. Je suis le
marquis de Montefiore. Est-ce que vous ne m'aviez pas encore reconnu?
--J'ai parfaitement reconnu votre illustrissime Seigneurie aussit�t
qu'elle est descendue de voiture, r�pondit l'h�te, incapable d'avouer
qu'il ne se souvenait pas d'avoir jamais vu la figure de Teverino; si
je ne l'ai pas salu�e par son nom, c'est que j'ai craint de trahir
l'incognito que les personnes de qualit� ont parfois la fantaisie de
garder en voyage.
--Eh bien, reprit le pr�tendu marquis, pers�v�rez dans votre louable
discr�tion jusqu'� ce que j'aie quitt� la ville, et, en r�compense,
je ne passerai jamais chez vous sans m'arr�ter pour y prendre quelque
chose. J'ai la fantaisie de me permettre une innocente plaisanterie
envers les habitants m�lomanes de votre noble cit�. Allumez des
flambeaux sur la galerie, et annoncez que l'artiste, dont on a entendu
la voix, va se rendre aux d�sirs du bienveillant public.
--Que pr�tends-tu? lui demanda L�once, tandis que l'h�te courait
ex�cuter ses ordres, te faire passer pour Rubini?
--Il le peut, dit Sabina avec entra�nement.
--Signora, lui r�pondit l'aventurier en portant la main de lady G...
� ses l�vres, en signe de gratitude pour cet �loge, je n'ai pas une
pareille pr�tention, et je veux donner une petite le�on � des auditeurs
assez sots pour faire une si grossi�re m�prise; et puis je yeux terminer
les plaisirs de votre journ�e par une com�die qui vous divertira
peut-�tre. Toutes nos chambres donnent sur cette galerie qui longe la
place. Tenez-vous dans la v�tre et regardant par la fente de votre
porte, et ne me trahissez pas, vous, L�once, en ayant l'air de me
conna�tre.
Quand tout fut dispos� comme l'entendait Teverino Sabina, cach�e avec
L�once derri�re un rideau, vit para�tre, sur la galerie �clair�e, un
personnage mis�rable les cheveux en d�sordre, la barbe h�riss�e, l'oeil
hagard la d�marche tra�nante, et v�tu de m�chants habits beaucoup trop
�troits pour lui. Il lui fallut quelques minutes pour reconna�tre, sous
ce travestissement ridicule, l'�l�gant Tiberino de Montefiore. Tout
�tait chang�, �triqu�, appauvri dans son air et dans sa personne. La
veste du plus jeune fils de l'h�te bridait sa poitrine et la faisait
para�tre rentr�e, un pantalon court et trop �troit lui allongeait les
jambes; ses mains pendaient sans gr�ce sur ses flancs paresseux; une
casquette qu'on e�t dit ramass�e au coin de la borne, une mauvaise
guitare pass�e en sautoir, un gros b�ton de p�lerin, tout lui donnait
l'aspect d'un mis�rable histrion ambulant. Sabina essaya de rire; mais
son coeur se serra sans qu'elle p�t en appr�cier la cause, et L�once,
surpris de ce d�fi jet� � son indiscr�tion, se demanda quelle pouvait
�tre l'audacieuse fantaisie de son complice.
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