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Page 51
--La facult� d'aimer na�vement, sans orgueil et sans d�fiance.
En disant ces paroles, elle s'�tait lev�e pour aller � la rencontre de
L�once, et, � la mani�re dont elle s'appuya avec abandon sur le bras
de Teverino, celui-ci se dit: �Vaincre ce grand courage n'est pas si
difficile que je croyais.�
Sabina s'�tait imagin� parler bien bas; mais, comme elle venait de
descendre les degr�s qui conduisaient dans l'amphith��tre verdoyant des
anciens foss�s, elle ne se rendit pas compte de la sonorit� de ce lieu,
et elle ne se douta point que L�once e�t tout entendu. Il fut tellement
bless� et affect� de ses derni�res paroles, qu'il eut la force de
dissimuler et de reprendre le calme de son r�le. Il y r�ussit au point
de faire croire � Teverino lui-m�me qu'il s'�tait tromp�, et � lady
G... qu'elle avait raison de lui attribuer une grande froideur. Il leur
proposa de monter au sommet de la tour d�mantel�e, leur promettant, sur
ce point culminant, une vue magnifique et un air encore plus pur que
celui des remparts. Ils firent donc cette tentative. L�once passa le
premier pour leur frayer le chemin qu'il venait d'explorer seul, pour
�carter les ronces; et les avertir � chaque marche �croul�e ou glissante
de l'escalier en spirale.
Malgr� ces pr�cautions, l'ascension �tait assez p�nible et m�me
dangereuse pour une femme aussi d�licate et aussi peu aguerrie contre le
vertige que l'�tait lady G..., mais la force et l'adresse du marquis
lui donnaient une confiance singuli�re, et, ce qu'elle n'e�t jamais os�
entreprendre de sang-froid, elle l'accomplit d'enthousiasme, tant�t
appuy�e sur son �paule, tant�t les mains enlac�es aux siennes, tant�t
soulev�e dans ses bras robustes.
Dans ce trajet �mouvant, plus d'une fois leurs chevelures
s'effleur�rent, plus d'une fois leurs haleines se confondirent, plus
d'une fois Teverino sentit battre contre sa poitrine haletante de
fatigue un coeur �mu de honte et de tendresse. La lune p�n�trant par
les larges arcades bris�es de la tour, projetait de vives clart�s sur
l'escalier, interrompues de distance en distance par l'�paisseur des
murs. Dans ces intervalles de lumi�re et d'obscurit�, tant�t on se
trouvait bien pr�s et tant�t bien loin de L�once, qui, feignant de ne
rien voir, ne perdait pourtant rien de l'�motion croissante de ses
deux compagnons. Enfin l'on se trouva au fa�te de l'�difice. Un mur
circulaire de huit pieds de large, sans aucune balustrade, en formait
le couronnement, et L�once en fit tranquillement le tour, mesurant de
l'oeil cette muraille lisse qui allait perdre sa base cyclop�enne dans
les foss�s � cent pieds au-dessous de lui. Mais Sabina fut saisie d'une
terreur insurmontable et pour elle-m�me et pour Teverino qui, debout
aupr�s d'elle, s'effor�ait en vain de la rassurer. Elle s'assit sur la
derni�re marche, et ne respira tranquille que lorsque le marquis se fut
assis � ses c�t�s et l'eut entour�e de ses deux bras, comme d'un rempart
inexpugnable. Les chouettes effarouch�es s'�levaient dans les airs en
poussant des cris de d�tresse. L�once, sous pr�texte de d�couvrir leurs
nids et de porter des petits � l'oiseli�re, pour voir comment elle se
tirerait de leur �ducation, redescendit l'escalier et alla fureter
dans les �tages inf�rieurs, o� bient�t le craquement de ses pas sur le
gravier cessa de se faire entendre.
Teverino n'�tait plus aussi ma�tre de lui-m�me qu'il avait pu l'�tre en
prenant des glaces un quart d'heure auparavant, avec Sabina, dans un
isolement moins complet. D'ailleurs, L�once paraissait si indiff�rent
aux cons�quences possibles de l'aventure, qu'il commen�ait � ne plus
s'en faire un cas de conscience aussi grave. Cependant, l'�tonnante
loyaut� de ce bizarre personnage luttait encore contre l'attrait de la
beaut� et l'orgueil d'une pareille conqu�te. Il r�ussit � dissiper les
terreurs de Sabina, et, pour l'en distraire, il lui proposa d'entendre
un hymne � la nuit, dont il improviserait les paroles, et qu'il se
sentait l'envie de chanter en ce lieu magnifique. Il lui avait d�j�
donn� un �chantillon de sa voix, qui faisait d�sirer d'en entendre
davantage. Elle y consentit, tout en lui disant que tant qu'elle le
verrait d�bout sur ce pi�destal gigantesque, elle aurait un affreux
battement de coeur.
--Eh bien! r�pondit-il, je suis toujours certain d'�tre �cout� avec
�motion, et beaucoup de chanteurs de profession auraient besoin d'un
semblable th��tre.
La facilit� et m�me l'originalit� de son improvisation lyrique,
l'heureux choix de l'air, la beaut� incomparable de sa voix, et ce don
musical naturel, qui rempla�ait chez lui la m�thode par le go�t, la
puissance et le charme, agirent bient�t sur Sabina d'une mani�re
irr�sistible. Des torrents de larmes s'�chapp�rent de ses yeux, et
lorsqu'il revint s'asseoir aupr�s d'elle, il la trouva si exalt�e et
si attendrie en m�me temps, qu'il se sentit comme vaincu lui-m�me. Il
l'entoura de ses bras en lui demandant si elle avait encore peur; elle
s'y laissa tomber en lui r�pondant d'une voix entrecoup�e par les
larmes: �Non, non, je n'ai plus peur de vous.�
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