Teverino by George Sand


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Page 45

--Mais je ne pense pas que tes oiseaux t'aient suivie jusqu'ici? lui
demanda L�once.

--Non, r�pondit-elle; ils m'auraient suivie si je l'avais voulu; mais je
savais qu'ils seraient de trop ici, et je les ai envoy�s coucher dans un
bois que nous avons laiss� sur l'autre bord du torrent.

--Et o� les retrouveras-tu demain?

--Cela ne me regarde pas, r�pondit-elle fi�rement; c'est � eux de me
retrouver o� il me plaira d'�tre. Ils voient de loin et de haut, et
pendant que je fais une lieue ils peuvent en faire vingt.

--Si nous en faisions seulement deux ou trois pour trouver un abri,
objecta le cur�, qui n'avait pris aucun int�r�t � la sc�ne des aigles,
nous pourrions remercier la Providence.

--Qu'� cela ne tienne, l'abb�, dit Teverino; je vous r�ponds d'un bon
souper, d'un bon feu pour s�cher l'humidit� du soir qui commence �
p�n�trer, et d'un bon lit bassin� pour vous remettre de vos fatigues;
� moins pourtant que vous ne vous obstiniez � retourner coucher �
Sainte-Apollinaire, auquel cas, milady daignant vous accorder votre
libert�, vous pourriez vous en aller � pied et arriver chez vous avec le
retour du soleil!

--Bien oblig� d'une pareille libert�! dit le cur�; puisque je suis tomb�
dans vos mains, il ne faut pas que j'esp�re m'en tirer, et si vous vous
faites fort de nous h�berger supportablement cette nuit, je t�cherai
d'oublier les transes de ma pauvre Barbe, et l'�tonnement de mes
paroissiens quand la messe de demain ne sonnera point � leurs oreilles!

--Ce n'est pas demain dimanche, et votre infraction est involontaire,
dit Teverino. Allons, repartons, et que Dieu nous conduise!

--Eh bien! et moi? dit Sabina effray�e � L�once. Et mon mari, qui est
probablement r�veill� � l'heure qu'il est, et qui sans doute fait sa
toilette pour venir d�jeuner, c'est-�-dire souper dans mon appartement?

--Parlez plus bas, Madame, de peur que le cur� ne vous entende,
car c'est le seul parmi nous qu'une pareille situation pourrait
scandaliser...

--Quoi! nous allons passer la nuit dehors? ce sera la fable du pays.

--Non, soyez certaine du contraire. La compagnie du cur� couvre tout,
et rien de plus naturel que de s'�garer dans les montagnes, d'y �tre
surpris par la nuit, et de ne rentrer chez soi que le lendemain. Le cur�
fera assez grand bruit d'une aussi terrible journ�e, pour que personne
ne puisse r�voquer en doute sa pr�sence au milieu de nous.

--Mais si votre marquis, dont _vous ne r�pondez pas_, est un fat, il
publiera des choses impertinentes sur mon compte.

--Je vous r�ponds du moins de le faire taire, s'il en est ainsi. Allons,
Sabina, allez-vous donc vous replonger dans de tristes r�alit�s?
Qu'avez-vous fait de cet enthousiasme que le sol br�lant de l'Italie
vous communiquait tout � l'heure? La po�sie meurt au souvenir des
convenances mondaines, et si vous manquez de foi, ma puissance sur le
milieu que nous traversons va m'abandonner aussi.

--Eh bien! L�once, vogue la gal�re!

--L'air fra�chit, permettez-moi de vous envelopper de mon manteau, dit
L�once.

--Gardons-en un coin pour cette petite qui est � peine v�tue, dit-elle
en cherchant Madeleine � ses c�t�s.

--Oh! merci, Seigneurie, je n'ai pas froid, dit l'oiseli�re qui s'�tait
gliss�e avec Teverino sur le si�ge.

--Je crains que le cur� n'ait eu raison, reprit Sabina en anglais, et
que ce ne soit une petite d�vergond�e. La voil� folle de votre Italien.

--Eh bien! que vous importe? dit L�once.

Teverino poussa rapidement les chevaux � la descente, et sans la vigueur
de ces g�n�reux animaux, qui, tout couverts d'�cume et de sueur,
bondissaient encore d'impatience, ils eussent pu se laisser entra�ner
sur cette pente d'une lieue de long, en zigzag, partout bord�e
d'effroyables ab�mes. Madeleine n'y songeait pas; et la nuit d�roba
bient�t au cur� la vue d'une situation qui lui e�t donn� le vertige.

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 15:30