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Page 41
--Vous voyez, Signora, que vous eussiez pu passer! dit Teverino � lady
G... qui accourait pour le f�liciter de sa victoire.
--Non pas! dit le cur�, tout �mu du danger qu'il aurait pu courir; vous
eussiez �t� emport�s si la voiture e�t �t� plus charg�e. Moi, justement,
qui ne suis pas mince, je vous aurais expos�s en m'exposant moi-m�me. Je
sentais bien cela.
On remonta en voiture; le jockey prit le si�ge de derri�re et
l'oiseli�re resta sur celui du cocher, � c�t� de Teverino, qui parut
s'entretenir avec elle tout le reste du trajet, d'une mani�re fort
anim�e. Mais ils parlaient bas, en se penchant l'un vers l'autre, et
Sabina fit, d'un air l�ger, la remarque que le _bon ami_ de Madeleine
pourrait bien �tre supplant� ce soir-l�, si elle n'y prenait garde.
--Il n'y a pas de danger que cela arrive, dit Madeleine, qui avait
l'ou�e fine comme celle d'un oiseau, et qui, sans avoir l'air d'�couter,
n'avait rien perdu des paroles de Sabina. Ce n'est pas moi qui changerai
la premi�re.
--Ce n'est pas lui, j'en jurerais sur mon salut �ternel, s'�cria
gaiement le marquis; car tu es une si bonne et si aimable fille, que je
ne comprendrai jamais qu'on puisse te trahir!
--Voil�, dit le cur�, comment tous ces beaux messieurs, avec leurs
compliments, feront tourner la t�te � cette petite fille. L'un lui donne
le bras � la promenade, comme il ferait pour une belle dame; l'autre
lui dit qu'elle est aimable, et elle est assez sotte pour ne pas
s'apercevoir qu'on se moque d'elle.
--C'est donc vous qui lui donnez le bras, L�once? dit Sabina d'un ton
moqueur.
--Pourquoi non? N'avez-vous pas pris son bras pour l'emmener, vous
aussi, Madame? Du moment que nous l'enlevons pour en faire notre
compagne et notre convive, ne devons-nous pas la traiter comme notre
�gale? Pourquoi M. le cur� nous bl�merait-il de pratiquer la loi de
fraternit�? C'est une des joies innocentes et romanesques de notre
journ�e.
--Je n'aime pas les choses romanesques, dit le bourru. Cela dure trop
peu, et ne g�t que dans la cervelle. Vous autres jeunes gens de qualit�,
vous vous amusez un instant de la simplicit� d'autrui; et puis, quand
vous avez pay�, vous n'y songez plus. Que Madeleine vous �coute,
Messieurs, et nous verrons qui lui restera, ou du grand seigneur qui lui
refusera un souvenir, ou du vieux pr�tre qui, apr�s l'avoir gourmand�e
comme elle le m�rite, l'am�nera au repentir et fera sa paix avec Dieu!
--Ce bon cur� m'effraie, dit lady Sabina en s'adressant � L�once.
J'esp�re, ami, que cette pauvre Madeleine n'est pas ici sur le chemin de
la perdition?
--Je puis r�pondre de moi-m�me, r�pliqua L�once.
--Mais non pas du marquis?
--Je vous confesse que je ne r�ponds nullement du marquis. Il est beau,
�loquent, passionn�, toutes les femmes lui plaisent et il pla�t � toutes
les femmes. N'est-ce pas votre avis, Sabina?
--Qu'en sais-je? Nous ferions peut-�tre bien de faire rentrer la petite
dans la voiture.
--D'autant plus, dit le cur�, que le chemin redevient fort mauvais, que
bient�t le jour va tomber, et que si M. le marquis a des distractions,
nous ne sommes pas en s�ret�. Donnons-lui pour compagne la n�gresse en
�change de l'oiseli�re.
--Je ne r�ponds pas qu'il n'ait pas autant de distraction avec la noire
qu'avec la blonde, reprit L�once. Le plus s�r serait de le mettre en
t�te-�-t�te avec vous, cur�!
Cet avis pr�valut, et Madeleine rentra dans la voiture, sans marquer ni
humeur, ni bont�, ni regret. Sa m�lancolie �tait compl�tement dissip�e,
le reflet du soleil couchant r�pandait sur ses joues anim�es une lueur
�tincelante de jeunesse et de vie.--Voyez donc comme cette petite laide
est redevenue belle! dit L�once en anglais � lady G..., le souffle
embras� de Teverino l'a transfigur�e.
Sabina essaya de plaisanter sur le m�me ton; mais une tristesse mortelle
pesait sur son regard; la jalousie s'allumait dans son coeur sous forme
de d�dain, et tout ce que L�once insinuait sur les bonnes fortunes du
marquis lui causait une honte douloureuse. Elle s'effor�a donc de se
persuader � elle-m�me qu'elle n'avait pas senti, comme Madeleine, le
_souffle embras�_ de Teverino passer sur sa t�te comme une nu�e d'orage.
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