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Page 36
--Oui. Quand Dieu nous a permis de l'aimer, il ne veut pas qu'on cesse
par caprice, et je crois m�me que cela le l�che beaucoup.
--Mais par raison, ce serait diff�rent?
--Alors, ce serait le devoir. Aimer quelqu'un qui ne vous aime plus,
c'est l'offenser et le contrarier. Dieu ne veut pas qu'on tourmente son
prochain, surtout pour le bien qu'il vous a fait.
--Tu es un grand philosophe, Madeleine!
--Philosophe, Monsieur? Je ne connais pas cela.
--Mais quelquefois on aime malgr� soi, bien qu'on s'abstienne de le
dire, et de faire souffrir celui qui vous quitte?
--Oui, et cela doit faire beaucoup de mal! dit Madeleine, dont les vives
couleurs s'effac�rent � cette id�e.
--Mais on prie, mon enfant, et Dieu vous d�livre. N'est-ce pas l� ce que
tu disais?
--On a bien de la peine � prier, je suis s�re; on doit toujours penser �
demander autre chose que ce qu'on voudrait obtenir.
--C'est-�-dire qu'en demandant de gu�rir, on d�sire, malgr� soi, d'�tre
aim�e comme on l'�tait?
--Je crois bien que c'est cela. Monsieur. Mais enfin, il ne faut pas
d�sesp�rer de la mis�ricorde de Dieu!
--Dieu quelquefois permet alors qu'un autre vous aime et qu'on l'�coute?
--Je ne sais pas. Quand on n'est pas belle et qu'on pense � un autre, il
ne doit pas �tre ais� de plaire � quelqu'un.
--Mais les miracles de la Providence! Si ta figure semblait belle �
quelque autre que ton ami, et si ton amour et ta douleur, au lieu de lui
d�plaire, te rendaient plus belle � ses yeux?
--Vous parlez avec beaucoup de douceur et de bont�, mon cher Monsieur;
on voit bien que vous croyez en Dieu et que vous connaissez sa
mis�ricorde mieux que M. le cur�. Mais vous voulez aussi me consoler en
me montrant les choses comme cela, et moi je suis si triste que je
ne peux pas encore les voir de m�me. Je pense toujours � ce que je
souffrirais si mon bon ami ne m'aimait plus, et si je ne craignais
d'�tre impie, je me figurerais que j'en dois mourir.
--Songe que si tu en mourais et qu'il le s�t, il serait �ternellement
malheureux.
--Et peut-�tre que le bon Dieu le punirait d'avoir caus� ma mort? Oh!
non, je ne veux pas mourir en ce cas!
--Tu es bonne et g�n�reuse, Madeleine; eh bien, je te pr�dis que tu ne
seras pas malheureuse sans ressources, et que Dieu n'abandonnera pas un
coeur comme le tien.
--Ce que vous dites l� me fait du bien, Monsieur, et je voudrais que
vous fussiez mon confesseur � la place de M. le cur�. Je sens que vous
trouveriez pour moi des consolations, et je croirais en vous comme en
Dieu.
--Eh bien, Madeleine, prends-moi du moins pour ton conseil et ton ami.
S'il t'arrive malheur, confie-toi � moi; je pourrai quelque chose pour
toi, peut-�tre, ne f�t-ce que de te parler religion et de te donner du
courage.
--H�las! vous avez bien raison; mais vous �tes de ces gens qui passent
dans notre pays et qui n'y restent pas. Dans trois jours peut-�tre vous
serez � plus de mille lieues d'ici.
--Prends ce petit portefeuille, et ne le perds pas. Sais-tu lire?
--Oui, Monsieur, et un peu �crire aussi, gr�ce � mon fr�re qui m'a
enseign� ce qu'il savait.
--Eh bien! tu trouveras l� une adresse et des papiers qui te serviront �
me faire revenir, ou � te conduire vers moi, en quelque lieu que je me
trouve.
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