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Page 26
[Illustration: Il aper�ut bient�t le cur� qui p�chait.]
--Non, ma ch�re Sabina, lui dit-il en couvrant ses deux mains de baisers
passionnes; ce n'est pas un adieu, et il n'y a rien de brise entre nous.
Vous m'�tes plus ch�re que jamais, et je saurai reconqu�rir ce que j'ai
risqu� de perdre aujourd'hui. J'y mettrai tous mes soins et vous en
serez touch�e, quand m�me vous r�sisteriez. Calmez-vous donc, noble
amie; vos larmes tombent sur mon coeur et le renouvellent comme une
ros�e bienfaisante sur une plante pr�te � mourir. Il y a du vrai dans ce
que nous nous sommes dit mutuellement, beaucoup de vrai; mais ce sont
l� des v�rit�s relatives qui ne sont pas r�elles. Comprenez bien cette
distinction. Nous sommes artistes tous les deux et nous ne pouvons pas
traiter un sujet avec animation sans que la logique, la plastique, si
vous voulez, ne nous entra�ne, de cons�quence en cons�quence, jusqu'�
une synth�se admirable. Mais cette synth�se est une fiction, j'en suis
certain pour vous et pour moi. Nous avons les d�fauts que nous nous
sommes reproch�s; mais ce sont l� les accidents de notre caract�re et
les hasards de notre vie. En les �tudiant avec feu, nous avons �t�
_inspir�s_ jusqu'a les transformer en vices essentiels de notre nature,
en habitudes effront�es de notre conduite. Il n'en est rien pourtant,
puisque nous voici coeur � coeur, pleurant � l'id�e de nous quitter et
sentant que cela nous est impossible.
--Eh bien, vous avez raison, L�once, dit lady G... en essuyant une larme
et en passant ses belles mains sur les yeux de L�once, peut-�tre par
tendresse na�ve, peut-�tre pour se convaincre que c'�taient de vraies
larmes aussi qu'elle y voyait briller. Nous avons fait de l'art,
n'est-ce pas? et il ne nous reste plus qu'� d�cider lequel de nous a �t�
le plus habile, c'est-�-dire le plus menteur.
--C'est moi, puisque j'ai commenc�, et je r�clame le prix. Quel
sera-t-il?
--Votre pardon.
--Et un long baiser sur ce bras si beau, que j'ai toujours regard� avec
effroi.
--Voil� que vous redevenez artiste, L�once!
--Eh bien! pourquoi non?
--Pas de baisers, L�once, mieux que cela. Passons ensemble le reste
de la journ�e, et reprenez votre r�le de docteur, pourvu que vous me
traitiez � moins fortes doses.
--Eh bien! nous ferons de l'hom�opathie, dit L�once en baisant le bras
qu'elle parut lui abandonner machinalement, et qu'elle lui retira en
voyant la n�gresse se r�veiller. Replacez-vous dans votre hamac et
dormez tout de bon. Je vous bercerai mollement; ces larmes vous ont
fatigu�e, la chaleur est extr�me, et nous devons attendre que le soleil
baisse pour quitter les bois.
La singularit� et la mobilit� des impressions de L�once donnaient de
l'inqui�tude � lady G... Son regard avait une expression qu'elle ne
lui avait encore jamais trouv�e, et il lui �tait facile de sentir, au
bercement un peu saccad� du hamac, qu'il tenait le cordon d'une main
tremblante et agit�e. Elle vit donc avec plaisir repara�tre Madeleine,
qui, apr�s avoir taquin� la n�gresse, en lui chatouillant les paupi�res
et les l�vres avec un brin d'herbe, revint admirer le hamac et relayer
L�once, malgr� lui, dans son emploi de berceur.
--Elle est trop famili�re, vous l'avez d�j� g�t�e, dit L�once en anglais
� Sabina. Laissez-moi chasser cet oiseau importun.
--Non, r�pondit lady G... avec une angoisse �vidente, laissez-la me
bercer; ses mouvements sont plus moelleux que les v�tres; et d'ailleurs
vous avez trop d'esprit pour que je m'endorme facilement aupr�s de vous.
La familiarit� de cet enfant m'amuse; je suis lasse d'�tre servie �
genoux.
L�-dessus elle s'endormit ou feignit de s'endormir, et L�once s'�loigna,
d�pit� plus que jamais.
Il sortit du bois et marcha quelque temps au hasard. Il aper�ut bient�t
le cur� qui p�chait � la ligne, et le jockey qui �tait venu lui tenir
compagnie, pendant que les chevaux paissaient en libert� dans une
prairie naturelle � port�e de sa vue, et que la voiture �tait _remis�e_
� l'ombre beaucoup plus loin. Certain de les retrouver quand il
voudrait, L�once s'enfon�a dans une gorge sauvage, et marcha vite pour
calmer ses esprits surexcit�s et troubl�s.
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