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Page 24
--C'est dans l'ordre �ternel des choses!
--Aussi vous devriez adorer votre mari, puisqu'il est l'adulateur
infatigable de votre pr�tention � n'�tre pas devin�e.
--Et vous, vous avez la pr�tention contraire � celle de mon mari. Vous
me l'avez dit; mais vous ne me le prouvez pas.
--Et si je vous le prouvais � l'instant m�me! dit L�once en se levant et
en arr�tant le hamac avec une brusquerie qui arracha un cri d'effroi �
lady G... Si je vous disais qu'il n'y a rien � deviner l� o� il n'y a
rien? et que ce sein de marbre cache un coeur de marbre?
--Ah! voil� d'affreuses paroles! dit-elle en posant ses pieds � terre,
comme pour s'enfuir, et je vous maudis, L�once, de m'avoir amen�e ici.
C'est une perfidie et une cruaut�! Et quels raffinements! M'enlever � ma
triste nonchalance, m'entourer de soins d�licats, me promener � travers
les beaut�s de la nature et la po�sie de vos pens�es, flatter ma folle
imagination, et tout cela pour me dire apr�s quinze ans d'une amiti�
sans nuage, que vous me ha�ssez et ne m'estimez point!
--De quoi vous plaignez-vous, Madame? Vous �tes une femme du monde, et
vous voulez, avant tout, �tre respect�e comme le sont les vertueuses de
ce monde-l�. Eh bien! je vous d�clare invincible, moi qui vous connais
depuis quinze ans, et votre orgueil n'est pas satisfait?
--�tre vertueuse par insensibilit�, vertueuse par absence de coeur,
l'�trange �loge! Il y a de quoi �tre fi�re!
--Eh bien, vous avez un immense orgueil alli� � une immense vanit�,
r�pliqua L�once avec une irritation croissante. Vous voulez qu'on sache
bien que vous �tes impeccable, et que le cristal le plus pur est souill�
aupr�s de votre gloire. Mais cela ne vous suffit pas. Il faut encore
qu'on croie que vous avez l'�me tendre et ardente, et qu'il n'y a rien
d'aussi puissant que votre amour, si ce n'est votre propre force. Si
l'on est paisible et recueilli en pr�sence de votre sagesse, vous �tes
inqui�te et m�contente. Vous voulez qu'on se tourmente pour deviner
le myst�re d'amour que vous pr�tendez renfermer dans votre sein. Vous
voulez qu'on se dise que vous tenez la clef d'un paradis de volupt�s et
d'ineffables tendresses, mais que nul n'y p�n�trera jamais; vous voulez
qu'on d�sire, qu'on regrette, qu'on palpite aupr�s de vous, qu'on
souffre enfin! Avouez-le donc et vous aurez dit tout le secret de votre
ennui; car il n'est point de r�le plus fatigant et plus amer que celui
auquel vous avez sacrifi� toutes les esp�rances de votre jeunesse et
tous les profits de votre beaut�!
--Il est au-dessous de moi de me justifier, r�pondit Sabina, p�le et
glac�e d'indignation; mais vous m'avez donn� le droit de vous juger �
mon tour et de vous dire qui vous �tes: ce portrait que vous avez trac�
de moi, c'est le v�tre; il ne s'agissait que de l'adapter � la taille
d'un homme, et je vais le faire.
V.
LE FAUNE.
--Parlez, Madame, dit L�once, je serai bien aise de me voir par vos
yeux.
--Vous ne le serez pas, je vous en r�ponds, poursuivit Sabina outr�e,
mais affectant un grand calme; homme et artiste, intelligent et beau,
riche et patricien, vous savez �tre un mortel privil�gi�. La nature
et la soci�t� vous ayant beaucoup donn�, vous les avez second�es avec
ardeur, poss�d� du d�sir qui tourmentait d�j� votre enfance, d'�tre un
homme accompli. Vous avez si bien cultiv� vos brillantes dispositions,
et si noblement gouvern� votre fortune, que vous �tes devenu le riche le
plus lib�ral et l'artiste le plus exquis. Si vous fussiez n� pauvre
et obscur, la palme de la gloire vous e�t �t� plus difficile et plus
m�ritoire � conqu�rir. Vous eussiez eu plus de souffrance et plus de
feu, moins de science et plus de g�nie. Au lieu d'un talent de
premier ordre, toujours correct et souvent froid, vous eussiez eu une
inspiration in�gale, mais br�lante.
--Ah! Madame, dit L�once en l'interrompant, vous avez peu d'invention,
et vous ne faites ici que r�p�ter ce que je vous ai dit cent fois de
moi-m�me. Mais, en m�me temps, vous me donnez raison sur un autre point,
� savoir que l'homme du peuple peut valoir et surpasser l'homme du monde
� beaucoup d'�gards.
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