Teverino by George Sand


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 22

--Un peu de patience, dit L�once, nous serons bient�t d�dommag�s.

En effet la gorge aride et resserr�e s'�largit tout � coup au d�tour
d'une rampe, et un vallon d�licieux, jet� comme une oasis dans ce
d�sert, s'offrit aux regards charm�s de Sabina. D'autres gorges de
montagnes �troites et profondes, venaient aboutir � cet amphith��tre de
verdure, et m�ler leurs torrents aplanis et calmes au principal cours
d'eau. Ces flots verd�tres �taient limpides comme le cristal; des tapis
d'�meraude s'�tendaient sur chaque rive; le silence de la solitude
n'�tait plus troubl� que par de frais murmures et la clochette lointaine
des vaches �parses et cach�es au flanc des collines par une riche
v�g�tation. Les gorges granitiques ouvraient leurs perspectives bleues,
travers�es � la base par les sinuosit�s des eaux argent�es. C'�tait
un lieu de d�lices o� tout invitait au repos, et d'o�, cependant,
l'imagination pouvait s'�lancer encore dans de myst�rieuses r�gions.

--Voici une ravissante surprise, dit Sabina en descendant de voiture sur
le sable fin du rivage; c'est un asile contre la chaleur de midi,
qui devenait intol�rable. Ah! L�once, laissons ici notre �quipage et
quittons les routes fray�es. Voici des sentiers unis, voici un arbre
jet� en guise de pont sur le torrent, voici des fleurs � cueillir, et
l�-bas un bois de sapins qui nous promet de l'ombre et des parfums.
Ce qui me pla�t ici, c'est l'absence de culture et l'�loignement des
habitations.

--C'est que vous �tes ici en plein pays de montagne, r�pondit L�once.
C'est ici que commence le s�jour des pasteurs nomades, qui vivent � la
mani�re des peuples primitifs, conduisant leurs troupeaux d'un p�turage
� l'autre, explorant des d�serts qui n'appartiennent qu'� celui qui les
d�couvre et les affronte, habitant des cabanes provisoires, ouvrage de
leurs mains, qu'ils transportent � dos d'�ne et plantent sur la premi�re
roche venue. Vous en pouvez voir quelques-uns l�-haut vers les nuages.
Dans les profondeurs, vous n'en rencontreriez point. Un jour d'orage qui
fait gonfler les torrents, les emporterait. C'est l'heure de la sieste,
les p�tres dorment sous leur toit de verdure. Vous voici donc au d�sert,
et vous pouvez choisir l'endroit o� il vous plaira de go�ter deux heures
de sommeil; car il nous faut donner ici du repos � notre attelage.
Tenez, le bois de sapins qui vous attire et qui vous attend, est en
effet tr�s-propice. L�l� va y suspendre votre hamac.

--Mon hamac? Quoi! vous avez song� � l'emporter?

--Ne devais-je pas songer � tout?

La n�gresse L�l� les suivit portant le hamac de r�seau de palmier
bord� de franges et de glands, de plumes de mille couleurs artistement
m�lang�es. Madeleine, ravie d'admiration par cet ouvrage des Indiens,
suivait la noire en lui faisant mille questions sur les oiseaux
merveilleux qui avaient fourni ces plumes �tincelantes, et t�chait de se
former une id�e des perruches et des colibris dont L�l�, dans son jargon
myst�rieux et presque inintelligible, lui faisait la description.

On avait oubli� le cur�, qui s'�veilla enfin lorsqu'il ne se sentit plus
berc� par le mouvement souple et continu de la voiture.

--_Corpo di Bacco!_ s'�cria-t-il en se frottant les yeux (c'�tait
le seul juron qu'il se permit); o� sommes-nous, et quelle mauvaise
plaisanterie est-ce l�?

--H�las! monsieur l'abb�, dit le jockey, qui �tait malin comme un page,
et qui comprenait fort bien les caprices gravement fac�tieux de son
ma�tre, nous nous sommes �gar�s dans la montagne, et nous ne savons pas
plus que vous o� nous sommes. Mes chevaux sont rendus de fatigue, et il
faut absolument nous arr�ter ici.

--A la bonne heure, dit le cur�; nous ne pouvons pas �tre bien loin de
Saint-Apollinaire; je ne me suis endormi qu'un instant.

--Pardon, monsieur l'abb�, vous avez dormi au moins quatre heures.

--Non, non, vous vous trompez, mon gar�on; le soleil nous tombe d'aplomb
sur la t�te, et il ne peut pas �tre plus de midi, � moins qu'il ne se
soit arr�t�, comme cela lui est arriv� une fois. Mais vous avez donc
march� comme le vent, car nous sommes � plus de quatre lieues de la
Roche-Verte? Je ne me trompe pas, c'est ici le col de la Forquette,
car je reconnais la croix de Saint-Basile. La fronti�re est � deux pas
d'ici. Tenez, de l'autre c�t� de ces hautes montagnes, c'est l'Italie,
la belle Italie, o� je n'ai jamais eu le plaisir de mettre le pied!
Mais, _corpo di Bacco!_ si vous vous arr�tez ici, et si vos b�tes sont
fatigu�es, je ne pourrai pas �tre de retour � ma paroisse avant la nuit.

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Sun 12th Jan 2025, 5:24