Teverino by George Sand


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 2

--Grand merci! dois-je me retirer?

--Pourquoi feindre cette susceptibilit�? Vous savez bien que je vous
excepte toujours de mon anath�me contre le genre humain. Nous sommes
de vieux amis, et nous le serons toujours, si nous avons la sagesse de
persister � nous aimer mod�r�ment comme vous me l'avez promis.

--Oui, le vieux proverbe: �s'aimer peu � la fois, afin de s'aimer
longtemps.� Mais voyons, vous me promettez une bonne matin�e, et vous me
menacez de fermer votre fen�tre au premier mot qui vous d�plaira. Je ne
trouve pas ma position agr�able, je vous le d�clare, et je ne respirerai
� l'aise que quand vous serez sortie de votre forteresse.

--Eh bien, vous allez me donner une heure pour m'habiller; pendant ce
temps, on vous servira un d�jeuner sous le berceau. J'irai prendre
le th� avec vous, et puis nous imaginerons quelque chose pour passer
gaiement la matin�e.

--Voulez-vous m'entendre, Sabina? laissez-moi imaginer tout seul, car,
si vous vous en m�lez, nous passerons la journ�e, moi � vous proposer
toutes sortes d'amusements, et vous � me prouver qu'ils sont tous
stupides et plus ennuyeux les uns que les autres. Croyez-moi, faites
votre toilette en une demi-heure, ne d�jeunons pas ici, et laissez-moi
vous emmener o� je voudrai.

--Ah! vous touchez la corde magique, l'inconnu! Je vois, L�once, que
vous seul me comprenez. Eh bien, oui, j'accepte; enlevez-moi et partons.

Lady G... pronon�a ces derniers mots avec un sourire et un regard qui
firent frissonner L�once.--O la plus froide des femmes! s'�cria-t-il
avec un enjouement m�l� d'amertume, je vous connais bien, en effet,
et je sais que votre unique passion, c'est d'�chapper aux passions
humaines. Eh bien! votre froideur me gagne, et je vais oublier tout ce
qui pourrait me distraire du seul but que nous avons � nous proposer, la
fantaisie!

--Vous m'assurez donc que je ne m'ennuierai pas aujourd'hui avec vous?
Oh! vous �tes le meilleur des hommes. Tenez, je ressens d�j� l'effet de
votre promesse, comme les malades qui se trouvent soulag�s par la vue du
m�decin, et qui sont gu�ris d'avance par la certitude qu'il affecte de
les gu�rir. Allons, je vous ob�is, docteur improvis�, docteur subtil,
docteur admirable! Je m'habille � la h�te, nous partons � jeun, et nous
allons... o� bon vous semblera... Quel �quipage dois-je commander?

--Aucun, vous ne vous m�lerez de rien, vous ne saurez rien; c'est moi
qui pr�vois et commande, puisque c'est moi qui invente.

--A la bonne heure, c'est charmant! s'�cria-t-elle; et, refermant sa
fen�tre, elle alla sonner ses femmes, qui bient�t abaiss�rent un lourd
rideau de damas bleu entre elle et les regards de L�once. Il alla donner
quelques ordres, puis revint s'asseoir non loin de la fen�tre de Sabina,
au pied d'une statue, et se prit � r�ver.

--Eh bien! s'�cria lady G. au bout d'une demi-heure, en lui frappant
l�g�rement sur l'�paule, vous n'�tes pas plus occup� de notre d�part
que cela? vous me promettez des inventions merveilleuses, des surprises
inou�es, et vous �tes l� � m�diter sur la statuaire comme un homme qui
n'a encore rien trouv�?

--Tout est pr�t, dit L�once en se levant et en passant le bras de
Sabina sous le sien. Ma voiture vous attend et j'ai trouv� des choses
admirables.

--Est-ce que nous nous en allons comme cela t�te � t�te? observa lady
G...

�Voil� un mouvement de coquetterie dont je ne la croyais pas capable,
pensa L�once. Eh bien! je n'en profiterai pas.�

--Nous emmenons la r�gresses, r�pondit-il.

--Pourquoi la n�gresse? dit Sabina.

--Parce qu'elle pla�t � mon jockey. A son �ge toutes les femmes sont
blanches, et il ne faut pas que nos compagnons de voyage s'ennuient,
autrement ils nous ennuieraient.

Peu d'instants apr�s, le jockey avait re�u les instructions de son
ma�tre, sans que Sabina les entend�t. La n�gresse, arm�e d'un large
parasol blanc, souriait � ses c�t�s, assise sur le si�ge large et bas
du char-�-bancs. Lady G... �tait nonchalamment �tendue dans le fond, et
L�once, plac� respectueusement en face d'elle, regardait le paysage en
silence; ses chevaux allaient comme le vent.

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Wed 8th Jan 2025, 5:06