Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 1
GEORGE SAND.
Nohant, mai 1852.
I.
VOGUE LA GAL�RE.
Exact au rendez-vous, L�once quitta, avant le jour, l'_H�tel des
�trangers_, et le soleil n'�tait pas encore lev� lorsqu'il entra dans
l'all�e tournante et ombrag�e de la villa: les roues l�g�res de sa jolie
voiture allemande trac�rent � peine leur empreinte sur le sable fin qui
amortissait �galement le bruit des pas de ses chevaux superbes. Mais il
craignit d'avoir �t� trop matinal, en remarquant qu'aucune trace du m�me
genre n'avait pr�c�d� la sienne, et qu'un silence profond r�gnait encore
dans la demeure de l'�l�gante lady.
Il mit pied � terre devant le perron orn� de fleurs, ordonna � son
jockey de conduire la voiture dans la cour, et, apr�s s'�tre assur� que
les portes de cristal � ch�ssis dor�s du rez-de-chauss�e �taient encore
closes, il s'avan�a sous la fen�tre de Sabina, et fredonna � demi-voix
l'air du _Barbier_:
Ecco ridente il cielo,
Gi� spunta la bella aurora...
... E puoi dormir cosi?
Peu d'instants apr�s la fen�tre s'ouvrit, et Sabina, envelopp�e d'un
burnous de cachemire blanc, souleva un coin de la tendine et lui parla
ainsi d'un air affectueusement nonchalant:
�Je vois, mon ami, que vous n'avez pas re�u mon billet d'hier soir, et
que vous ne savez pas ce qui nous arrive. La duchesse a des vapeurs et
ne permet point � ses amants de se promener sans elle. La marquise doit
avoir eu une querelle de m�nage, car elle se dit malade. Le comte l'est
pour tout de bon; le docteur a affaire, si bien que tout le monde me
manque de parole et me prie de remettre � la semaine prochaine notre
projet de promenade.
--Ainsi, faute d'avoir re�u votre avertissement, j'arrive fort mal �
propos, dit L�once, et je me conduis comme un provincial en venant
troubler votre sommeil. Je suis si humili� de ma gaucherie, que je ne
trouve rien � dire pour me la faire pardonner.
--Ne vous la reprochez pas; je ne dormais plus depuis longtemps. Le
caprice de toutes ces dames m'avait caus� tant d'humeur hier soir,
qu'apr�s avoir jet� au feu leurs sots billets, je me suis couch�e de
fort bonne heure, et endormie de rage. Je suis fort aise de vous voir,
il me tardait d'avoir quelqu'un avec qui je pusse maudire les projets
d'amusement et les parties de campagne, les gens du monde et les jolies
femmes.
--Eh bien! vous les maudirez seule, car, en ce moment, je les b�nis du
fond de l'�me.
Et L�once, pench� sur le bord de la fen�tre o� s'accoudait Sabina,
fut tent� de prendre une de ses belles mains blanches; mais l'air
tranquillement railleur de cette noble personne l'en emp�cha, et il se
contenta d'attacher sur son bras superbe, que le burnous laissait � demi
nu, un regard tr�s-significatif.
--L�once, r�pondit-elle en croisant son burnous avec une gr�ce
d�daigneuse, si vous me dites des fadeurs, je vous ferme ma fen�tre
au nez et je retourne dormir. Rien ne fait dormir comme l'ennui;
je l'�prouve surtout depuis quelque temps, et je crois que si cela
continue, je n'aurai plus d'autre parti � prendre que de consacrer ma
vie � l'entretien de ma fra�cheur et de mon embonpoint, comme fait la
duchesse. Mais tenez, soyez aimable, et appliquez-vous, de votre c�t�, �
entretenir votre esprit et votre bon go�t accoutum�s. Si vous voulez me
promettre d'observer nos conventions, nous pouvons passer la matin�e
plus agr�ablement que nous ne l'eussions fait avec cette brillante
soci�t�.
--Qu'� cela ne tienne! Sortez de votre sanctuaire et venez voir lever le
soleil dans le parc.
--Oh, le parc! il est joli, j'en conviens, mais c'est une ressource
que je veux me conserver pour les jours o� j'ai d'ennuyeuses visites �
subir. Je les prom�ne, et je jouis de la beaut� de cette r�sidence, au
lieu d'�couter de sots discours que j'ai pourtant l'air d'entendre.
Voil� pourquoi je ne veux pas me blaser sur les agr�ments de ce s�jour.
Savez-vous que je regrette beaucoup de l'avoir lou� pour trois mois? il
n'y a que huit jours que j'y suis, et je m'ennuie d�j� mortellement du
pays et du voisinage.
Previous Page
| Next Page
|
|