Teverino by George Sand


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Page 3

C'�tait la premi�re fois que Sabina se hasardait avec L�once dans un
t�te-�-t�te qui pouvait �tre plus long et plus complet qu'elle ne s'en
�tait embarrass�e d'abord. Malgr� le projet de simple promenade, et la
pr�sence de ces deux jeunes serviteurs qui leur tournaient le dos et
causaient trop gaiement ensemble pour songer � �couter leur entretien,
Sabina sentit qu'elle �tait trop jeune pour que cette situation ne
ressembl�t pas � une �tourderie; elle y songea lorsqu'elle eut franchi
la derni�re grille du parc.

Mais L�once paraissait si peu dispos� � prendre avantage de son r�le, il
�tait si s�rieux, et si absorb� par le lever du soleil, qui commen�ait
� montrer ses splendeurs, qu'elle n'osa pas t�moigner son embarras, et
crut devoir, au contraire, le surmonter pour para�tre aussi tranquille
que lui.

Ils suivaient une route escarp�e d'o� l'on d�couvrait toute l'enceinte
de la verdoyante vall�e, le cours des torrents, les montagnes couronn�es
de neiges �ternelles, que les premiers rayons du soleil teignaient de
pourpre et d'or.

--C'est sublime! dit enfin Sabina, r�pondant � une exclamation de
L�once; mais savez-vous qu'� propos du soleil, je pense, malgr� moi, �
mon mari?

--A propos, en effet, dit L�once, o� est-il?

--Mais il est � la villa; il dort.

--Et se r�veille-t-il de bonne heure?

--C'est selon. Lord G... est plus ou moins matinal, selon la quantit� de
vin qu'il a bue � son souper. Et comment puis-je le savoir, puisque je
me suis soumise � cette r�gle anglaise, si bien invent�e pour emp�cher
les femmes de mod�rer l'intemp�rance des hommes!

--Mais le terme moyen?

--Midi. Nous serons rentr�s � cette heure-l�?

--Je l'ignore, Madame; cela ne d�pend pas de votre volont�.

--Vrai! J'aime � vous entendre plaisanter ainsi; cela flatte mon d�sir
de l'inconnu. Mais s�rieusement, L�once?...

--Tr�s-s�rieusement, Sabina, je ne sais pas � quelle heure vous
rentrerez. J'ai �t� autoris� par vous � r�gler l'emploi de votre
journ�e.

--Non pas! de ma matin�e seulement.

--Pardon! Vous n'avez pas limit� la dur�e de votre promenade, et, dans
mes projets, je ne me suis pas d�sist� du droit d'inventer � mesure que
l'inspiration viendrait me saisir. Si vous mettez un frein � mon g�nie,
je ne r�ponds plus de rien.

--Qu'est-ce � dire?

--Que je vous abandonnerai � votre ennemi mortel, � l'ennui.

--Quelle tyrannie! Mais enfin, si, par un hasard �trange, lord G... a
�t� sobre hier soir?...

--Avec qui a-t-il soup�?

--Avec lord H..., avec M. D..., avec sir J..., enfin, avec une
demi-douzaine de ses chers compatriotes.

--En ce cas, soyez tranquille, il fera le tour du cadran.

--Mais si vous vous trompez?

--Ah! Madame, si vous doutez d�j� de la Providence, c'est-�-dire de moi,
qui veille aujourd'hui � la place de Dieu sur vos destin�es, si la foi
vous manque, si vous regardez en arri�re et en avant, l'instant pr�sent
nous �chappe et avec lui ma toute-puissance.

--Vous avez raison, L�once; je laisse �teindre mon imagination par ces
souvenirs de la vie r�elle. Allons! que lord G... s'�veille � l'heure
qu'il voudra; qu'il demande o� je suis; qu'il sache que je cours les
champs avec vous, qu'importe?

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 8th Jan 2025, 22:07