Teverino by George Sand


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Page 17

--C'�tait bien mon intention. Croyez-vous donc qu'elle se soit trouv�e
ici par hasard?

--Vous la connaissiez donc? Vous lui aviez donc donn� rendez-vous?

--Ne m'interrogez pas.

--J'oubliais! Gardez vos secrets; mais j'esp�re que vous en avez encore?

--Certes, j'en ai encore, et je vous annonce, Madame, que ce jour ne
se passera pas sans que vous ayez des �motions qui troubleront votre
sommeil la nuit prochaine.

--Des �motions! Ah! quel bonheur! s'�cria Sabina; en garderai-je
longtemps le souvenir?

--Toute votre vie, dit L�once avec un s�rieux qui semblait passer la
plaisanterie.

--Vous �tes un personnage fort singulier, reprit-elle. On dirait que
vous croyez � votre puissance sur moi, comme Madeleine � la sienne sur
les aigles.

--Vous avez la fiert� et la f�rocit� de ces rois de l'air, et moi
j'ai peut-�tre la finesse de l'observation, la patience et la ruse de
Madeleine.

--De la ruse? vous me faites peur.

--C'est ce que je veux. Jusqu'ici vous vous �tes raill�e de moi, Sabina,
pr�cis�ment parce que vous ne me connaissiez pas.

--Moi? dit-elle un peu �mue et tourment�e de la tournure bizarre que
prenait l'esprit de L�once. Moi, je ne connais pas mon ami d'enfance,
mon loyal chevalier servant? C'est tout aussi raisonnable que de me dire
que je songe � vous railler.

--Vous l'avez pourtant dit, Madame, les fr�res et les soeurs sont
�ternellement inconnus les uns aux autres, parce que les points les plus
int�ressants et les plus vivants de leur �tre ne sont jamais en contact.
Un myst�re profond comme ces ab�mes nous s�pare; vous ne me conna�trez
jamais, avez-vous dit. Eh bien, Madame, je pr�tends aujourd'hui vous
conna�tre et vous rester inconnu. C'est vous dire, ajouta-t-il en voyant
la m�fiance et la terreur se peindre sur les traits de Sabina, que je
me r�signe � vous aimer davantage que je ne veux et ne puis pr�tendre �
�tre aim� de vous.

--Pourvu que nous restions amis, L�once, dit lady G..., domin�e tout �
coup par une angoisse qu'elle ne pouvait s'expliquer � elle-m�me, je
consens � vous laisser continuer ce badinage; sinon je veux retourner
tout de suite � la villa, me remettre sous la cloche de plomb de l'amour
conjugal.

--Si vous l'exigez, j'ob�is; je redeviens homme du monde, et j'abandonne
la cure merveilleuse que vous m'avez permis d'entreprendre.

--Et dont vous r�pondez pourtant! Ce serait dommage.

--J'en puis r�pondre encore si vous ne r�sistez pas. Une r�volution
compl�te, inou�e, peut s'op�rer aujourd'hui dans votre vie morale et
intellectuelle, si vous abjurez jusqu'� ce soir l'empire de votre
volont�.

--Mais quelle confiance faut-il donc avoir en votre honneur pour se
soumettre � ce point?

--Me croyez-vous capable d'en abuser? Vous pouvez vous faire reconduire
� la villa par le cur�. Moi, je vais dans la montagne chercher des
aigles moins prudents et moins soup�onneux.

--Avec Madeleine, sans doute?

--Pourquoi non?

--Eh bien, l'amiti� a ses jalousies comme l'amour: vous n'irez pas sans
moi.

--Partons donc!

--Partons!

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Books | Photos | Paul Mutton | Sat 11th Jan 2025, 15:35