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Page 15
--Comment vous refuser quelque chose? r�pondit-il en portant son verre
� ses l�vres; surtout si c'est une demande chr�tienne et raisonnable?
ajouta-t-il lorsqu'il eut aval� la rasade de vin de Chypre.
--Vous allez faire la paix provisoirement avec la fille aux oiseaux,
reprit lady G... Je la prends sous ma protection; vous ne la mettrez pas
en fuite, vous ne lui adresserez aucune parole dure; vous me laisserez
le soin de la confesser tout doucement, et, d'apr�s le compte que je
vous rendrai d'elle, vous serez indulgent ou s�v�re, selon ses m�rites.
--Eh bien, accord�! r�pondit le cur�, qui se sentait plus dispos et de
meilleure humeur, � mesure qu'il contentait son robuste app�tit. Voyons,
dit-il en s'adressant � Madeleine qui causait avec L�once, je te
pardonne pour aujourd'hui, et je te permets de venir � confesse
demain, � condition que, d�s ce moment, tu te soumettras � toutes
les prescriptions de cette noble et vertueuse dame, qui veut bien
s'int�resser � toi et t'aider � sortir du p�ch�.
Le mot de p�ch� produisit sur Madeleine le m�me effet d'�tonnement et de
doute que les autres fois; mais, satisfaite de la bienveillance de son
pasteur et surtout de l'int�r�t que lui t�moignait la noble dame, elle
fit la r�v�rence � l'un et baisa la main de l'autre. Interrog�e par
L�once sur les proc�d�s qu'elle employait pour captiver l'amour et
l'ob�issance de ses oiseaux, elle refusa de s'expliquer, et pr�tendit
qu'elle poss�dait un secret.
--Allons, Madeleine, ceci n'est pas bien, dit le cur�, et si tu veux que
je te pardonne tout, tu commenceras par divorcer d'avec le mensonge.
C'est une faute grave que de chercher � entretenir la superstition,
surtout quand c'est pour en profiter. Ici, d'ailleurs, cela ne te
servirait de rien. Dans les foires o� tu vas courir et montrer ton
talent (bien malgr� moi, car ce vagabondage n'est pas le fait d'une
fille pieuse), tu peux persuader aux gens simples que tu poss�des un
charme pour attirer le premier oiseau qui passe et pour le retenir aussi
longtemps qu'il te pla�t. Mais tes petits camarades, que voici, savent
bien que, dans ces montagnes, o� les oiseaux sont rares et o� tu passes
ta vie � courir et � fureter, tu d�couvres tous les nids aussit�t qu'ils
se b�tissent, que tu t'empares de la couv�e et que tu forces les p�res
et m�res � venir nourrir leurs petits sur tes genoux. On sait la
patience avec laquelle tu restes immobile des heures enti�res comme une
statue ou comme un arbre, pour que ces b�tes s'accoutument � te voir
sans te craindre. On sait comme, d�s qu'ils sont apprivois�s, ils te
suivent partout pour recevoir de toi leur p�ture, et qu'ils t'am�nent
leur famille � mesure qu'ils pullulent, suivant en cela un admirable
instinct de m�moire et d'attachement, dont plusieurs esp�ces sont
particuli�rement dou�es. Tout cela n'est pas bien sorcier. Chacun de
nous, s'il �tait, comme toi, ennemi des occupations raisonnables et d'un
travail utile, pourrait en faire autant. Ne joue donc pas la magicienne
et l'inspir�e, comme certains imposteurs c�l�bres de l'antiquit�, et
entre autres un mis�rable Apollonius de Thyane, que l'�glise condamne
comme faux proph�te, et qui pr�tendait comprendre le langage des
passereaux. Quant � ces nobles personnes, n'esp�re point te moquer
d'elles. Leur esprit et leur �ducation ne leur permettent point de
croire qu'une bambine comme toi soit investie d'un pouvoir surnaturel.
--Eh bien, monsieur le cur�, dit lady G..., vous ne pouviez rien dire
qui ne f�t moins agr�able, ni faire sur la superstition un sermon plus
mal venu. Vos explications sont ennemies de la po�sie, et j'aime cent
fois mieux croire que la pauvre Madeleine a quelque don myst�rieux,
miraculeux m�me, si vous voulez, que de refroidir mon imagination en
acceptant de banales r�alit�s. Console-toi, dit-elle � l'oiseli�re qui
pleurait de d�pit et qui regardait le cur� avec une sorte d'indignation
na�ve et fi�re: nous te croyons f�e et nous subissons ton prestige.
--D'ailleurs, les explications de M. le cur� n'expliquent rien, dit
L�once. Elles constatent des faits et n'en d�voilent point les causes.
Pour apprivoiser � ce point des �tres libres et naturellement farouches,
il faut une intelligence particuli�re, une sorte de secret magn�tisme
tout exceptionnel. Chacun de nous se consacrerait en vain � cette
�ducation, que la myst�rieuse fatalit� de l'instinct d�voile � cette
jeune fille.
--Oui! oui! s'�cria Madeleine, dont les yeux s'enflamm�rent comme si
elle e�t pu comprendre parfaitement l'argument de L�once, je d�fie
bien M. le cur� d'apprivoiser seulement une poule dans sa cour, et moi
j'apprivoise les aigles sur la montagne.
--Les aigles, toi? dit le cur� piqu� au vif de voir Sabina �clater de
rire; je t'en d�fie bien! Les aigles ne s'apprivoisent point comme
des alouettes. Voil� ce qu'on gagne � de niaises pratiques et � des
pr�tentions bizarres. On devient menteuse, et c'est ce qui vous arrive,
petite effront�e.
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