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Page 11
--Est-ce que c'est une d�claration, L�once? dit Sabina avec une hauteur
ironique.
--Non, Madame; c'est tout le contraire, r�pondit-il tranquillement.
--Une impertinence, peut-�tre?
--Nullement. Je suis votre ami depuis longtemps, et un ami s�rieux, vous
le savez bien, quoique vous soyez une femme �trange et parfois injuste.
Nous nous sommes connus enfants: notre affection fut toujours loyale et
douce. Vous l'avez cultiv�e avec franchise, moi avec d�vouement. Peu
d'hommes sont autant mes amis que vous, et je ne recherche la soci�t�
d'aucun d'eux avec autant d'attrait que la v�tre. Cependant vous me
causez quelquefois une sorte de souffrance ind�finissable. Ce n'est pas
le moment d'en rechercher la cause; c'est un probl�me int�rieur que je
n'ai pas encore cherch� � r�soudre. Ce qu'il y a de certain, c'est que
je ne suis pas amoureux de vous et que je ne l'ai jamais �t�. Sans
entrer dans des explications qui auraient peut-�tre quelque chose de
trop libre apr�s cette d�claration, je pense que vous comprenez pourquoi
je ne veux pas �tre �mu aupr�s d'une femme aussi belle que vous, et
pourquoi la figure paisible et rebondie qui est l� m'�tait n�cessaire
pour m'emp�cher de vous trop regarder.
--En voil� bien assez, L�once, r�pondit Sabina, qui affectait d'arranger
ses manchettes afin de baisser la t�te et de cacher la rougeur qui
br�lait ses joues. C'en est m�me trop. Il y a quelque chose de blessant
pour moi dans vos pens�es.
--Je vous d�fie de me le prouver.
--Je ne l'essaierai pas. Votre conscience doit vous le dire.
--Nullement. Je ne puis vous donner une plus grande preuve de respect
que de chasser l'amour de mes pens�es.
--L'amour! Il est bien loin de votre coeur! Ce que vous croyez devoir
craindre me flatte peu; je ne suis pas une vieille coquette pour m'en
enorgueillir.
--Et pourtant, si c'�tait l'amour, l'amour du coeur comme vous
l'entendez, vous seriez plus irrit�e encore.
--Afflig�e peut-�tre, parce que je n'y pourrais pas r�pondre, mais
irrit�e beaucoup moins que je ne le suis par l'aveu de votre souffrance
_ind�finissable_.
--Soyez franche, mon amie; vous ne seriez m�me pas afflig�e; vous
ririez, et ce serait tout.
--Vous m'accusez de coquetterie? vous n'en avez pas le droit: qu'en
savez-vous, puisque vous ne m'avez jamais aim�e, et que vous ne m'avez
jamais vue aimer personne?
--�coutez, Sabina, il est certain que je n'ai jamais essay� de vous
plaire. Tant d'autres ont �chou�! Sais-je seulement si quelqu'un a
jamais r�ussi � se faire aimer de vous? Vous me l'avez pourtant dit une
fois, dans un jour d'expansion et de tristesse; mais j'ignore si vous ne
vous �tes pas vant�e par exaltation. Si je vous avais laiss� voir que je
suis capable d'aimer ardemment, peut-�tre eussiez-vous reconnu que je
m�ritais mieux que votre amiti�. Mais, pour vous le faire comprendre, il
e�t fallu ou vous aimer ainsi, ce que je nie, ou feindre, et m'enivrer
de mes propres affirmations. Cela e�t �t� indigne de la noblesse de mon
attachement pour vous, et je ne sais pas descendre � de telles ruses:
ou bien encore, il e�t fallu vous raconter les secrets de ma vie, vous
peindre mon vrai caract�re, me vanter en un mot. Fi! et n'�tre pas
compris, �tre raill�!... Juste punition de la vanit� pu�rile! Loin de
moi une telle honte!
--De quoi vous justifiez-vous donc, L�once? Est-ce que je me plains de
n'avoir que votre amiti�? est-ce que j'ai jamais d�sir� autre chose?
--Non, mais de ce que je m'observe si scrupuleusement, vous pourriez
conclure que je suis une brute, si vous ne me deviniez pas.
--A quoi bon vous observer tant, puisqu'il n'y a rien � craindre?
L'amour est spontan�. Il surprend et envahit, il ne raisonne point, il
n'a pas besoin de s'interroger, ni de s'entourer de pr�visions, de plans
d'attaque et de projets de retraite; il se trahit, et c'est alors qu'il
s'impose.
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