Teverino by George Sand


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Page 10

--Et qui les p�trifia... Tenez, elle a fini sa pri�re; parlez-lui, vous
verrez qu'elle est b�te malgr� l'expression de ses traits.

--Mon enfant, dit L�once � la jeune fille, vous paraissez tr�s-pieuse. Y
a-t-il quelque d�votion particuli�re attach�e � cette chapelle?

--Non, Monseigneur, r�pondit la jeune fille en faisant la r�v�rence;
mais je me cache ici pour prier, afin que M. le cur� ne me voie point.

--Et que craignez-vous des regards de M. le cur�? demanda lady G...

--Je crains qu'il ne me chasse, reprit la montagnarde; il ne veut plus
que je rentre dans l'�glise, sous pr�texte que je suis en �tat de p�ch�
mortel.

Elle fit cette r�ponse avec tant d'aplomb et d'un air � la fois si
ing�nu et si d�cid�, que Sabina ne put s'emp�cher de rire.

--Est-ce que cela est vrai? lui demanda-t-elle.

--Je crois que M. le cur� se trompe, r�pondit la jeune fille, et que
Dieu voit plus clair que lui dans mon coeur.

L�-dessus elle fit une nouvelle r�v�rence et s'�loigna rapidement, car
le cur�, qui avait fini de se d�pouiller de ses habits sacerdotaux,
paraissait au fond de la nef.

Interrog� par nos deux voyageurs, le cur� jeta un regard sur la
p�cheresse qui fuyait, haussa les �paules, et dit d'un ton courrouc�:

--Ne faites pas attention � cette vagabonde, c'est une �me perdue.

--Cela est fort �trange, dit Sabina; sa figure n'annonce rien de
semblable.

--Maintenant, dit le cur�, je suis aux ordres de Vos Seigneuries.

On remonta en voiture, et apr�s quelques mots de conversation g�n�rale,
le cur� demanda la permission de lire son br�viaire, et bient�t il fut
si absorb� par cette d�votion, que L�once et Sabina se retrouv�rent
comme en t�te-�-t�te. Par �gard pour le bonhomme, qui ne paraissait pas
entendre l'anglais, ils caus�rent dans cette langue afin de ne lui point
donner de distractions.

--Ce pr�tre intol�rant, esclave de ses paten�tres, ne nous promet pas
grand plaisir, dit Sabina. Je crois que vous l'avez recrut� pour me
punir d'avoir pris un peu d'humeur de la rencontre de la marquise.

--J'ai peut-�tre eu un motif plus s�rieux, r�pondit L�once. Vous ne le
devinez pas?

--Nullement.

--Je veux bien vous le dire; mais c'est � condition que vous l'�couterez
tr�s-s�rieusement.

--Vous m'inqui�tez!

--C'est d�j� quelque chose. Sachez donc que j'ai mis ce tiers entre nous
pour me pr�server moi-m�me.

--Et de quoi, s'il vous pla�t?

--Du danger cach� au fond de toutes les conversations qui roulent sur
l'amour entre jeunes gens.

--Parlez pour vous, L�once; je ne me suis pas aper�ue de ce danger. Vous
m'aviez promis de ne pas laisser l'ennui approcher de moi; je comptais
sur votre parole, j'�tais tranquille.

--Vous raillez? C'est trop facile. Vous m'aviez promis plus de gravit�.

--Allons, je suis tr�s-grave, grave comme ce cur�. Que vouliez-vous
dire?

--Que, seul avec vous, j'aurais pu me sentir �mu et perdre ce calme
d'o� d�pend ma puissance sur vous aujourd'hui. Je fais ici l'office de
magn�tiseur pour endormir votre irritation habituelle. Or, vous savez
que la premi�re condition de la puissance magn�tique c'est un flegme
absolu, c'est une tension de la volont� vers l'id�e de domination
immat�rielle; c'est l'absence de toute �motion �trang�re au ph�nom�ne de
l'influence myst�rieuse. Je pouvais me laisser troubler, et arriver �
�tre domin� par votre regard, par le son de votre voix, par votre fluide
magn�tique, en un mot, et alors les r�les eussent �t� intervertis.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 10th Jan 2025, 22:05