Le nain noir by Sir Walter Scott


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Page 47

Une longue table occupait toute la vaste enceinte de la
grand'salle d'Ellieslaw-Castle, qui �tait encore � peu pr�s dans
le m�me �tat que cent ans auparavant. Cette sombre et immense
salle, qui s'�tendait tout le long d'une aile du ch�teau, �tait
vo�t�e. Les arceaux du cintre semblaient continuer en quelque
sorte les diverses sculptures gothiques dont les formes
fantastiques mena�aient de leurs regards ou de leurs dents de
pierre les convives r�unis. Cette salle �tait �clair�e par des
crois�es longues et �troites, en verres de couleur, qui n'y
laissaient p�n�trer qu'une lumi�re sombre et d�compos�e. Une
banni�re, que la tradition disait avoir �t� prise sur les Anglais
� la bataille de Sark, flottait au-dessus du fauteuil d'o�
Ellieslaw pr�sidait � table, comme pour enflammer le courage de
ses h�tes, en leur rappelant les victoires de leurs anc�tres.
Ellieslaw �tait ce jour-l� dans un costume de c�r�monie; ses
traits r�guliers, quoique d'une expression farouche et sinistre,
rappelaient ceux d'un ancien baron f�odal. Sir Fr�d�ric Langley
�tait � sa droite, et Mareschal de Mareschal Wells � sa gauche:
apr�s eux venaient toutes les personnes de consid�ration, et parmi
elles M. Ratcliffe; le reste de la table �tait occup� par les
subalternes; et ce qui prouve que le choix de cette partie de la
soci�t� n'avait pas �t� fait avec grand scrupule; c'est que Willie
de Westhurnflat eut l'audace de s'y pr�senter. Il esp�rait sans
doute que la part qu'il avait prise � l'enl�vement de miss Vere
n'�tait connue que des personnes qui avaient int�r�t elles-m�mes �
ne pas divulguer ce secret.

On servit un d�ner somptueux, consistant principalement, non en
d�licatesses de la saison, selon l'expression des gazettes
modernes, mais en �normes plats de viandes, dont le poids faisait
g�mir la table. Les convives du bas bout gard�rent quelque temps
le silence, contenus parle respect qu'ils �prouvaient pour les
personnages illustres dans la soci�t� desquels ils se trouvaient
pour la premi�re fois de leur vie. Ils sentaient la m�me g�ne et
le m�me embarras dont P. P., clerc de la paroisse, confess� avoir
�t� accabl� lorsqu'il psalmodia, pour la premi�re fois, en
pr�sence des honorables personnages. M. le Juge Freeman, la bonne
lady Jones, et le grand sir Thomas Huby. Leurs verres, qu'ils
avaient soin de vider et de remplir souvent, leur firent pourtant
bient�t briser la glace de cette c�r�monie; et autant ils avaient
�t� r�serv�s et tranquilles au commencement du d�ner, autant, vers
la fin, ils devinrent communicatifs et bruyants.

Mais ni le vin, ni les liqueurs spiritueuses, n'eurent le pouvoir
d'�chauffer l'esprit de ceux qui se trouvaient au haut bout de la
table. Ils �prouv�rent ce serrement de coeur, ce froid glacial qui
se fait souvent sentir lorsque, ayant pris une r�solution
d�sesp�r�e, on se trouve plac� de mani�re qu'il est aussi
dangereux d'avancer que de reculer. Plus ils approchaient du
pr�cipice, plus ils le trouvaient profond; et chacun attendait que
ses associ�s lui donnassent l'exemple de la r�solution en s'y
pr�cipitant les premiers. Ce sentiment int�rieur agissait
diff�remment, suivant les divers caract�res des convives. L'un
semblait s�rieux et pensif, l'autre de mauvaise humeur et bourru
quelques-uns regardaient, d'un air d'inqui�tude, les places
rest�es vides autour de la table, et r�serv�es pour les membres de
la conspiration qui, ayant plus de prudence que de z�le, n'avaient
pas encore jug� � propos d'afficher si publiquement leurs projets.
Sir Fr�d�ric �tait distrait et boudeur. Ellieslaw lui-m�me faisait
des efforts si p�nibles pour �chauffer l'enthousiasme de ses
convives, qu'on voyait �videmment que le sien �tait
consid�rablement refroidi. Ratcliffe restait spectateur attentif,
mais d�sint�ress�. Mareschal, fid�le � son caract�re, conservait
son �tourderie et sa vivacit�, mangeait, buvait, riait,
plaisantait, et semblait-m�me s'amuser en voyant les figures
allong�es de ses compagnons.

--Pourquoi donc le feu de notre courage semble-t-il �teint
aujourd'hui? s'�cria-t-il; on dirait que nous sommes � un
enterrement o� ceux qui m�nent le deuil ne doivent que chuchoter �
voix basse, tandis que ceux qui vont porter le mort en terre.
(montrant le bout de la table) boivent et se r�jouissent dans la
cuisine. Ellieslaw, votre esprit semble endormi! Et qu'est-ce qui
a fl�tri les esp�rances du brave chevalier du vallon de Langley?

--Vous parlez comme un insens�, dit Ellieslaw: ne voyez-vous pas
combien il nous manque de monde?

--Et qu'importe? ne saviez-vous donc pas d'avance que bien des
gens parlent beaucoup et agissent peu? Quant � moi, je me trouve
fort encourag� en voyant que plus des deux tiers de nos amis ont
�t� exacts au rendez-vous. Je ne m'y attendais ma foi pas. Au
surplus, je soup�onne qu'une bonne moiti� d'entre eux sont venus
autant pour le d�ner que pour tout autre motif.

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 3:55