Le nain noir by Sir Walter Scott


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Page 3

Le Cleugh, ou la ravine sauvage, o� Hobby Elliot venait de
poursuivre le gibier, �tait d�j� loin de lui, et il �tait � peu
pr�s � mi-chemin de sa ferme, quand la nuit �tendit ses premiers
voiles sur l'horizon. Il n'existait pas dans les environs un
buisson ni une pointe de rocher qu'il ne conn�t parfaitement, et
il aurait regagn� son g�te les yeux ferm�s; mais ce qui
l'inqui�tait malgr� lui, c'est qu'il se trouvait pr�s d'un endroit
qui ne jouissait pas d'une bonne r�putation dans le pays. La
tradition disait qu'il �tait hant� par des esprits, et qu'on y
voyait des apparitions surnaturelles. Il avait entendu faire ces
contes depuis son enfance, et personne n'y ajoutait plus de foi
que le bon Hobby de Heugh-Foot, car on le nommait ainsi pour le
distinguer d'une vingtaine d'autres Elliot qui avaient le m�me
nom.

Il faut convenir que le lieu dont il s'agit pr�tait un peu � la
superstition, et Hobby n'eut pas besoin de faire de grands efforts
pour se rappeler les �v�nements merveilleux qu'il avait entendu
raconter tant de fois. Ce lieu sinistre �tait un common, ou
bruy�re communale, appel� Mucklestane-Moor (La plaine de la
Grande-Pierre), � cause d'une colonne de granit brut plac�e sur
une �minence au centre de la bruy�re, peut-�tre pour servir de
mausol�e � un ancien guerrier enseveli en ce lieu, ou comme le
monument de quelque combat. On ignorait quelle �tait l'origine de
cette esp�ce de monument; mais la tradition, qui transmet souvent
autant de mensonges que de v�rit�s, y avait suppl�� par une
l�gende que la m�moire d'Hobby ne manqua pas de lui rappeler.
Autour de la colonne, le terrain �tait sem� ou plut�t encombr�
d'un grand nombre de fragments �normes du m�me granit, que leur
forme et leur disposition sur la bruy�re avaient fait appeler les
oies grises de Mucklestane-Moor. La l�gende avait trouv�
l'explication de la forme et du nom de ces pierres dans la
catastrophe d'une fameuse et redoutable sorci�re qui fr�quentait
jadis les environs, faisait avorter les brebis et les vaches, et
jouait tous les autres m�chants tours qu'on attribue aux gens de
son esp�ce. C'�tait sur cette bruy�re que la vieille faisait son
sabbat avec ses soeurs les sorci�res. On montrait encore des
places circulaires dans lesquelles jamais ne pouvait cro�tre ni
bruy�re ni gazon, le terrain �tant en quelque sorte calcin� par
les pieds br�lants des diables qui venaient prendre part � la
danse.

Un jour la vieille sorci�re fut oblig�e de traverser ce lieu pour
conduire, dit-on, des oies � une foire voisine; car on n'ignore
pas que le diable, tout prodigue qu'il est de ses funestes dons,
est assez peu g�n�reux pour laisser ses associ�s dans la n�cessit�
de travailler pour vivre. Le jour �tait avanc�; et, pour obtenir
un meilleur prix de ses oies, il fallait que la vieille arriv�t la
premi�re au march�; mais, aux approches de cette lande sauvage,
coup�e par des flaques d'eau et des fondri�res, son troupeau, qui
jusqu'alors docile s'�tait avanc� en bon ordre, se dispersa
tout-�-coup pour se plonger dans son �l�ment favori. Furieuse de
voir ses efforts inutiles, et oubliant les termes du pacte qui
obligeait Belz�buth � lui ob�ir pendant un temps convenu, la
sorci�re s'�cria:--D�mon! que je ne sorte plus de ce lieu, ni
mes oies ni moi! A peine ces mots furent-ils prononc�s, que, par
une m�tamorphose aussi subite qu'aucune de celles d'Ovide, la
vieille et le troupeau r�fractaire furent convertis en pierres,
l'ange du mal, qu'elle servait, ayant saisi avec empressement
l'occasion de compl�ter la perte de son corps et de son �me, en
ob�issant litt�ralement � ses ordres. On dit que, se sentant
transform�e, elle s'�cria en s'adressant au d�mon perfide:--�Ah!
tra�tre! tu m'avais promis depuis long-temps une robe grise, celle
que tu me donnes durera!� Ces louangeurs du temps pass� qui, dans
leur opinion consolante, soutiennent la d�g�n�ration graduelle du
genre humain, citaient souvent la taille du pilier et celle des
pierres pour prouver quelle �tait autrefois la stature des femmes
et des oies.

Tous ces d�tails se retrac�rent � l'esprit d'Hobby. Il se rappela
aussi qu'il n'existait pas un seul villageois qui n'�vit�t
soigneusement cet endroit, surtout � la nuit tombante, parce qu'on
le regardait comme un repaire de kelpies, de spunkies et d'autres
d�mons �cossais, jadis les compagnons de la sorci�re, et
continuant � se donner rendez-vous au m�me lieu pour y tenir
compagnie � leur ma�tresse p�trifi�e. Hobby, quoique
superstitieux, ne manquait pas de courage; il appela pr�s de lui
les chiens qui l'avaient suivi � la chasse, et qui, comme il le
disait, ne craignaient ni chiens ni diables; il regarda si son
fusil �tait bien amorc�, et, comme le paysan du conte de Burns
(Halloween), il se mit � siffler le refrain guerrier de Jock of
the Side (Voyez les Chants populaires de l'�cosse), comme un
g�n�ral fait battre le tambour pour animer des soldats dont le
courage est douteux.

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 23rd Feb 2025, 8:50