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Page 21
Avant que le Nain e�t le temps de r�pliquer, le bandit de
Westburnflat partit au grand galop. Il pressait sans piti� son
cheval de l'�peron, et le faisait sauter par-dessus les pierres,
dont un grand nombre parsemaient encore la plaine. En vain
l'animal ruait, gambadait, se dressait: il le for�ait � suivre sa
ligne droite, et restait ferme sur la selle. Bient�t le solitaire
le perdit de vue.
--Ce mis�rable, dit le Nain, cet assassin couvert de sang, ce
sc�l�rat qui ne respire que le crime, a des nerfs et des muscles
assez forts et assez souples pour dompter un animal mille fois
plus noble que lui; il le force � le conduire dans l'endroit o� il
va se souiller d'un nouveau forfait! Et moi, si j'avais la
faiblesse de vouloir avertir sa malheureuse victime de se tenir
sur ses gardes, et chercher � sauver une famille innocente, la
d�cr�pitude qui m'encha�ne ici mettrait un obstacle � mes bonnes
intentions!--Mais pourquoi d�sirerais-je qu'il en f�t autrement?
Qu'ont de commun ma voix aigre, ma figure hideuse, ma taille mal
conform�e, avec ceux qui se pr�tendent les chefs-d'oeuvre de la
nature? Quand je rends un service, ne le re�oit-on pas avec
horreur et d�go�t? Et pourquoi prendrais-je quelque int�r�t � une
race qui me regarde et qui m'a trait� comme un monstre, un �tre
proscrit? Non; par toute l'ingratitude que j'ai �prouv�e, par les
injures que, j'ai souffertes, par l'emprisonnement qu'on m'a fait
subir, par les cha�nes dont on m'a charg�, j'�toufferai dans mon
coeur ma sensibilit� rebelle. Je n'ai �t� que trop souvent assez
insens� pour d�vier de mes principes quand mes sentiments se
liguaient contre moi. Comme si celui qui n'a trouv� de compassion
dans personne devrait en ressentir pour quelqu'un? Que la destin�e
prom�ne son char arm� de faux sur l'humanit� tremblante, je ne me
pr�cipiterai pas sous ses roues pour lui d�rober une victime.
Quand le Nain, le sorcier, le bossu, aurait sauv� aux d�pens de sa
vie un de ces �tres si fiers de leur beaut�, ou de leur adresse,
tout le monde applaudirait � cet �change d'un homme contre un
monstre.--Et cependant ce pauvre Hobby, si jeune, si franc, si
brave, si...--Oublions-le! je ne pourrais le secourir quand je
le voudrais; mais si je le pouvais, je ne le voudrais pas: non, je
ne le voudrais pas, d�t-il ne m'en co�ter qu'un souhait pour le
sauver.
Avant ainsi termin� son soliloque, il se retira dans sa chaumi�re
pour se mettre � l'abri de l'orage qui s'annon�ait par de grosses
et larges gouttes de pluie. Les derniers rayons du soleil avaient
disparu enti�rement; � de courts intervalles deux ou trois �clats
de tonnerre �taient r�p�t�s par les �chos des montagnes comme le
bruit d'un combat lointain.
CHAPITRE VII
�Orgueilleux oiseau des montagnes,
�Tes plumes vont servir de jouet aux autans.
�Retourne aux lieux o� tu pla�as ton aire,
�Tu n'y verras que cendres et d�bris.
�Qui frappe l'air de ces lugubres cris?....
�Ce sont les accents d'une m�re.
T. Campbell.
Toute la nuit fut sombre et orageuse; mais le matin se leva comme
rafra�chi par la pluie. M�me la lande sauvage de Mucklestane-Moor,
coup�e par des in�galit�s d'un terrain aride, et par des flaques
d'eau mar�cageuse, sembla s'animer sous l'influence d'un ciel
serein, comme un air de bonne humeur et de ga�t� peut r�pandre un
certain charme inexprimable sur le visage le moins agr�able. La
bruy�re �tait touffue et fleurie. Les abeilles que le solitaire
avait ajout�es � ses petites propri�t�s rurales voltigeaient en
joyeux essaims et remplissaient l'air des murmures de leur
industrie. Quand le vieillard sortit de sa hutte, ses deux ch�vres
vinrent au-devant de lui pour recevoir la nourriture qu'il leur
distribuait lui-m�me chaque matin, et elles lui l�chaient les
mains pour lui t�moigner leur reconnaissance.
--Pour vous du moins, leur dit-il, pour vous du moins la
conformation de celui qui vous fait du bien ne change rien � votre
gratitude; vous accueillez avec transport l'�tre disgraci� de la
nature qui vous donne ses soins; et les traits les plus nobles que
le ciseau d'un statuaire ait jamais produits, seraient pour vous
un objet d'indiff�rence et d'alarmes s'ils s'offraient � vous � la
place du corps mutil� dont vous avez coutume de recevoir les
soins.,.. Lorsque j'�tais dans le monde, ai-je jamais trouv� de
tels sentiments de gratitude? Non. Les domestiques que j'avais
�lev�s depuis leur enfance, me tournaient en d�rision derri�re ma
chaise; l'ami que je soutins de ma fortune, et pour l'amour de qui
mes mains... (Il fut en ce moment agit� d'un mouvement
convulsif)... Cet ami m'enferma dans l'asile destin� aux �tres
priv�s de raison, me fit partager leurs souffrances, leurs
humiliations, leurs privations! Hubert seul... mais Hubert finira
aussi par m'abandonner. Tous les hommes ne se ressemblent-ils pas?
Ne sont-ils pas tous corrompus, insensibles, �go�stes, ingrats et
hypocrites jusque dans leurs pri�res � la Divinit�, quand ils la
remercient du soleil qui les �claire, de l'air pur qu'ils
respirent?
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