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Page 14
--Et cependant ils valent mieux que votre occupation ordinaire.
Il vaut mieux que l'homme assouvisse sa f�rocit� sur les poissons
muets que sur les cr�atures de son esp�ce. Mais pourquoi parl�-je
ainsi? Pourquoi la race des hommes ne s'entr'�gorge-t-elle pas, ne
s'entre-d�vore-t-elle pas, jusqu'� ce que, le genre humain
d�truit, il ne reste plus qu'un monstre �norme comme le Behemoth
de l'�criture; qu'alors ce monstre, le dernier de la race, apr�s
s'�tre nourri des os de ses semblables, quand sa proie lui
manquera, rugisse des jours entiers priv� de nourriture, et meure
enfin peu � peu de famine? Ce serait un d�nouement digne de cette
race maudite.
--Vos actions valent mieux que vos paroles, Elsy: votre
misanthropie maudit les hommes, et cependant vous les soulagez!
--Je le fais: mais pourquoi? �coutez-moi. Vous �tes un de ceux
que je vois avec le moins de d�go�t; et, par compassion pour votre
aveuglement, je veux bien, contre mon usage, perdre avec vous
quelques paroles. Je ne puis envoyer dans les familles la peste et
la discorde; mais n'atteins-je pas au m�me but en conservant la
vie de quelques hommes, puisqu'ils ne vivent que pour s'entre-d�truire.
Si j'avais laiss� mourir Alix de Bower, l'hiver dernier, Ruthwen
aurait-il �t� tu� ce printemps pour l'amour d'elle? Lorsque
Willie de Westburnflat �tait sur son lit de mort, on laissait
les troupeaux pa�tre librement dans les champs; aujourd'hui
que je l'ai gu�ri, on les surveille avec soin, et l'on ne
se couche pas sans avoir d�cha�n� le limier de garde, et tous
les autres chiens.
--J'avoue que cette derni�re cure n'a pas rendu un grand service
� la soci�t�; mais, par compensation, vous avez gu�ri, il y a peu
de temps, mon ami Hobby, le brave Hobby Elliot de Heugh-Foot,
d'une fi�vre dangereuse qui pouvait lui co�ter la vie.
--Ainsi pensent et parlent les enfants de la boue dans leur folie
et leur ignorance, dit le Nain en souriant avec malignit�. Avez-vous
jamais vu le petit d'un chat sauvage d�rob� tout jeune � sa m�re
pour �tre apprivois�? Comme il est doux! comme il joue avec
vous! Mais faites-lui sentir votre gibier ou vos agneaux, et sa
f�rocit� va se montrer; il va d�chirer vos agneaux, ou votre
volaille, d�vorer tout ce qui se trouvera sous ses griffes.
--C'est l'effet de son instinct. Mais qu'est-ce que cela a de
commun avec Hobby?
--C'est son embl�me, c'est son portrait. Il est, quant � pr�sent,
tranquille, apprivois�; mais qu'il trouve l'occasion d'exercer son
penchant naturel, qu'il entende le son de la trompette guerri�re,
vous verrez le jeune limier aspirer le sang, vous le verrez aussi
cruel, aussi f�roce que le plus terrible de ses anc�tres qui ait
br�l� le chaume d'un pauvre paysan... Me nierez-vous qu'il vous
excite souvent � tirer une vengeance sanglante d'une injure dont
votre famille a eu � se plaindre quand vous n'�tiez encore qu'un
enfant?
Earnscliff tressaillit. Le solitaire ne parut pas s'apercevoir de
sa surprise, et continua.
--H� bien! la trompette sonnera, le jeune limier satisfera sa
soif de sang, et je dirai avec un sourire: Voil� pourquoi je lui
ai sauv� la vie! Oui, tel est l'objet de mes soins apparents:
c'est d'augmenter la masse des mis�res humaines, c'est, m�me dans
ce d�sert, de jouer mon r�le dans la trag�die g�n�rale. Quant �
vous, si vous �tiez malade dans votre lit, la piti� m'engagerait
peut-�tre � vous envoyer une coupe de poison.
--Je vous suis fort oblig�, Elsy, et avec une si douce esp�rance,
je ne manquerai certainement pas de vous consulter, quand j'aurai
besoin de secours.
--Ne vous flattez pas trop! il n'est pas bien certain que je
serais assez faible pour c�der � une sotte compassion. Pourquoi
m'empresserais-je d'arracher aux mis�res de la vie un homme si
bien constitu� pour les supporter? Pourquoi imiterais-je la
compassion de l'Indien, qui brise la t�te de son captif d'un coup
de tomahawk, au moment o� il est attach� au fatal poteau, quand le
feu s'allume, que les tenailles rougissent, que les chaudrons sont
d�j� bouillants et les scalpels aiguis�s pour d�chirer, br�ler et
sacrifier la victime?
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