Le nain noir by Sir Walter Scott


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Page 11

C'est ainsi que la superstition se transmet de plus en plus faible
d'une g�n�ration � l'autre. Earnscliff le remarquait � part en
�coutant Hobby. Ils continu�rent � causer de la sorte jusqu'� ce
qu'ils arrivassent en vue de la colonne qui donne son nom � la
plaine.

--En v�rit�, dit alors Hobby, voil� encore cette cr�ature qui se
tra�ne l�-bas. Mais il est grand jour, vous avez votre fusil, j'ai
mon grand coutelas, et je crois que nous pouvons nous approcher
sans trop de danger.

--Tr�s certainement, dit Earnscliff; mais, au nom du ciel! que
peut-il faire l�?

--On dirait qu'il fait un mur avec toutes ces pierres, ou toutes
ces oies, comme on les appelle. Voil� qui passe tout ce que j'ai
ou� dire.

En approchant davantage, Earnscliff reconnut que la conjecture de
son compagnon n'�tait pas invraisemblable. L'�tre myst�rieux
qu'ils avaient vu la veille semblait s'occuper p�niblement �
ramasser les pierres �parses, et � les placer les unes sur les
autres, de mani�re � former un petit enclos. Il ne manquait pas de
mat�riaux, mais son travail n'�tait pas facile, et l'on avait
peine � comprendre qu'il e�t pu remuer les pierres �normes qui
servaient de fondements � son �difice. Il s'occupait � en placer
une tr�s lourde, quand les deux jeunes gens arriv�rent � peu de
distance de lui, et il y mettait tant d'attention, qu'il ne les
vit pas s'approcher. Il montrait, en tra�nant la pierre, en la
levant et en la pla�ant suivant le plan qu'il avait con�u, une
force et une adresse qui s'accordaient peu avec sa taille et sa
difformit�. En effet, � en juger par les obstacles qu'il avait
d�j� surmont�s, il devait avoir la force d'un Hercule, puisque
quelques-unes des pierres qu'il avait transport�es n'auraient pu
l'�tre que par deux hommes. Aussi Hobby ne put s'emp�cher de
revenir � sa premi�re opinion.

--Il faut que ce soit l'esprit d'un ma�on, dit-il: voyez comme il
manie ces grosses pierres. Si c'est un homme apr�s tout, je
voudrais savoir combien il prendrait par toise pour construire un
mur de digue.--On aurait bien besoin d'en avoir un entre
Cringlehope et les Shaws.--Brave homme (ajouta-t-il en �levant
la voix), vous faites l� un ouvrage p�nible!

L'�tre auquel il s'adressait se tournant de son c�t�, en jetant
sur lui des regards �gar�s, changea de posture et se fit voir dans
toute sa difformit�.

Sa t�te �tait d'une grosseur peu commune; ses cheveux cr�pus
�taient en partie blanchis par l'�ge; d'�pais sourcils, qui se
joignaient ensemble, couvraient de petits yeux noirs et per�ants
qui, enfonc�s dans leur orbite, roulaient d'un air farouche, et
semblaient indiquer l'ali�nation d'esprit. Ses traits �taient durs
et sauvages, et il avait dans sa physionomie cette expression
particuli�re qu'on remarque si souvent dans les personnes
contrefaites, avec ce caract�re lourd et dur qu'un peintre
donnerait aux g�ants des vieux romans. Son corps large et carr�,
comme celui d'un homme de moyenne taille, �tait port� sur deux
grands pieds; mais la nature semblait avoir oubli� les jambes et
les cuisses, car elles �taient si courtes, que son v�tement les
cachait tout-�-fait. Ses bras, d'une longueur d�mesur�e, se
terminaient par deux mains larges, muscl�es et horriblement
velues. On e�t dit que la nature avait d'abord destin� ces membres
� la cr�ation d'un g�ant, pour les donner ensuite, dans son
caprice, � la personne d'un nain. Son habit, esp�ce de tunique
d'un gros drap brun, ressemblait au froc d'un moine, et il �tait
assujetti sur son corps par une ceinture de cuir; enfin sa t�te
�tait couverte d'un bonnet de peau de blaireau ou de toute autre
fourrure, qui ajoutait � l'aspect grotesque de son ext�rieur, et
couvrait en partie son visage dont l'expression habituelle �tait
celle d'une sombre et farouche misanthropie.

Ce Nain extraordinaire regardait en silence les deux jeunes gens
d'un air d'humeur et de m�contentement. Earnscliff, voulant lui
inspirer plus de douceur, lui dit:--Vous vous �tes donn� une
t�che fatigante, mon cher ami, permettez-nous de vous aider.

Elliot et lui, r�unissant leurs efforts, plac�rent une pierre sur
le mur commenc�. Le Nain, pendant ce temps, les regardait de l'air
d'un ma�tre qui inspecte ses ouvriers, et t�moignait par ses
gestes combien il s'impatientait du temps qu'ils mettaient �
apporter la pierre; il leur en montra une seconde, puis une
troisi�me, puis une quatri�me, qu'ils plac�rent de m�me, quoiqu'il
par�t choisir avec un malin plaisir les plus lourdes et les plus
�loign�es. Mais, lorsque le d�raisonnable Nain leur en d�signa une
cinqui�me encore plus difficile � remuer que les pr�c�dentes:--
Oh! ma foi, l'ami, dit Elliot, Earnscliff fera ce qu'il lui
plaira, mais que vous soyez un homme, ou tout ce qu'il peut y
avoir de pire, que le diable me torde les doigts, si je m'�reinte
plus long-temps comme un manoeuvre, sans recevoir tant seulement
un remerciement pour nos peines.

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Books | Photos | Paul Mutton | Fri 19th Dec 2025, 7:24