La fille du capitaine by Alexandre Pouchkine


Main
- books.jibble.org



My Books
- IRC Hacks

Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare

External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd

books.jibble.org

Previous Page | Next Page

Page 53

Ici le g�n�ral interrompit sa lecture, et me dit avec duret�:

�Eh bien, que diras-tu maintenant pour ta justification?�

J�allais continuer comme j�avais commenc� et r�v�ler ma liaison
avec Marie aussi franchement que tout le reste. Mais je ressentis
soudain un d�go�t invincible � faire une telle d�claration. Il me
vint � l�esprit que, si je la nommais, la commission la ferait
compara�tre; et l�id�e d�exposer son nom � tous les propos
scandaleux des sc�l�rats interrog�s, et de la mettre elle-m�me en
leur pr�sence, cette horrible id�e me frappa tellement que je me
troublai, balbutiai et finis par me taire.

Mes juges, qui semblaient �couter mes r�ponses avec une certaine
bienveillance, furent de nouveau pr�venus contre moi par la vue de
mon trouble. L�officier aux gardes demanda que je fusse confront�
avec le principal d�nonciateur. Le g�n�ral ordonna d�appeler le
_coquin d�hier_. Je me tournai vivement vers la porte pour
attendre l�apparition de mon accusateur. Quelques moments apr�s,
on entendit r�sonner des fers, et entra... Chvabrine. Je fus
frapp� du changement qui s��tait op�r� en lui. Il �tait p�le et
maigre. Ses cheveux, nagu�re noirs comme du jais, commen�aient �
grisonner. Sa longue barbe �tait en d�sordre. Il r�p�ta toutes ses
accusations d�une voix faible, mais ferme. D�apr�s lui, j�avais
�t� envoy� par Pougatcheff en espion � Orenbourg; je sortais tous
les jours jusqu�� la ligne des tirailleurs pour transmettre des
nouvelle �crites de tout ce qui se passait dans la ville; enfin
j��tais d�cid�ment pass� du c�t� de l�usurpateur, allant avec lui
de forteresse en forteresse, et t�chant, par tous les moyens, de
nuire � mes complices de trahison, pour les supplanter dans leurs
places, et mieux profiter des largesses du rebelle. Je l��coutai
jusqu�au bout en silence, et me r�jouis d�une seule chose: il
n�avait pas prononc� le nom de Marie. Est-ce parce que son amour-
propre souffrait � la pens�e de celle qui l�avait d�daigneusement
repouss�, ou bien est-ce que dans son coeur br�lait encore une
�tincelle du sentiment qui me faisait taire moi-m�me? Quoi que ce
f�t, la commission n�entendit pas prononcer le nom de la fille du
commandant de B�logorsk. J�en fus encore mieux confirm� dans la
r�solution que j�avais prise, et, quand les juges me demand�rent
ce que j�avais � r�pondre aux inculpations de Chvabrine, je me
bornai � dire que je m�en tenais � ma d�claration premi�re, et que
je n�avais rien � ajouter � ma justification. Le g�n�ral ordonna
que nous fussions emmen�s; nous sort�mes ensemble. Je regardai
Chvabrine avec calme, et ne lui dis pas un mot. Il sourit d�un
sourire de haine satisfaite, releva ses fers, et doubla le pas
pour me devancer. On me ramena dans la prison, et depuis lors je
n�eus plus � subir de nouvel interrogatoire.

Je ne fus pas t�moin de tout ce qui me reste � apprendre au
lecteur; mais j�en ai entendu si souvent le r�cit, que les plus
petites particularit�s en sont rest�es grav�es dans ma m�moire, et
qu�il me semble que j�y ai moi-m�me assist�.

Marie fut re�ue par mes parents avec la bienveillance cordiale qui
distinguait les gens d�autrefois. Dans cette occasion qui leur
�tait offerte de donner asile � une pauvre orpheline, ils voyaient
une gr�ce de Dieu. Bient�t ils s�attach�rent sinc�rement � elle,
car on ne pouvait la conna�tre sans l�aimer. Mon amour ne semblait
plus une folie m�me � mon p�re, et ma m�re ne r�vait plus que
l�union de son P�troucha � la fille du capitaine.

La nouvelle de mon arrestation frappa d��pouvante toute ma
famille. Cependant, Marie avait racont� si na�vement � mes parents
l�origine de mon �trange liaison avec Pougatcheff, que, non
seulement ils ne s�en �taient pas inqui�t�s, mais que cela les
avait fait rire de bon coeur. Mon p�re ne voulait pas croire que
je pusse �tre m�l� dans une r�volte inf�me dont l�objet �tait le
renversement du tr�ne et l�extermination de la race des
gentilshommes. Il fit subir � Sav�liitch un s�v�re interrogatoire,
dans lequel mon menin confessa que son ma�tre avait �t� l�h�te de
Pougatcheff, et que le sc�l�rat, certes, s��tait montr� g�n�reux �
son �gard. Mais en m�me temps il affirma, sous un serment
solennel, que jamais il n�avait entendu parler d�aucune trahison.
Les vieux parents se calm�rent un peu et attendirent avec
impatience de meilleures nouvelles. Mais pour Marie, elle �tait
tr�s agit�e, et ne se taisait que par modestie et par prudence.

Plusieurs semaines se pass�rent ainsi. Tout � coup mon p�re re�oit
de P�tersbourg une lettre de notre parent le prince B... Apr�s les
premiers compliments d�usage, il lui annon�ait que les soup�ons
qui s��taient �lev�s sur ma participation aux complots des rebelle
ne s��taient trouv�s que trop fond�s, ajoutant qu�un supplice
exemplaire aurait d� m�atteindre, mais que l�imp�ratrice, par
consid�ration pour les loyaux services et les cheveux blancs de
mon p�re, avait daign� faire gr�ce � un fils criminel; et qu�en
lui faisant remise d�un supplice infamant, elle avait ordonn�
qu�il f�t envoy� au fond de la Sib�rie pour y subir un exil
perp�tuel.

Previous Page | Next Page


Books | Photos | Paul Mutton | Thu 25th Dec 2025, 5:40