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Page 52
J�arrivai � Khasan, malheureuse ville que je trouvai d�vast�e et
presque r�duite en cendres. Le long des rues, � la place des
maisons, se voyaient des amas de mati�res calcin�es et des
murailles sans fen�tres ni toitures. Voil� la trace que
Pougatcheff y avait laiss�e. On m�amena � la forteresse, qui �tait
rest�e, intacte, et les hussards mes gardiens me remirent entre
les mains de l�officier de garde. Celui-ci fit appeler un mar�chal
ferrant qui me mit les fers aux pieds en les rivant � froid. De
l�, on me conduisit dans le b�timent de la prison, o� je restai
seul dans un �troit et sombre cachot qui n�avait que les quatre
murs et une petite lucarne garnie de barres de fer.
Un pareil d�but ne pr�sageait rien de bon. Cependant je ne perdis
ni mon courage ni l�esp�rance. J�eus recours � la consolation de
tous ceux qui souffrent, et, apr�s avoir go�t� pour la premi�re
fois la douceur d�une pri�re �lanc�e d�un coeur innocent et plein
d�angoisses, je m�endormis paisiblement, sans penser � ce qui
adviendrait de moi.
Le lendemain, le ge�lier vint m��veiller en m�annon�ant que la
commission me mandait devant elle. Deux soldats me conduisirent, �
travers une cour, � la demeure du commandant, s�arr�t�rent dans
l�antichambre et me laiss�rent gagner seul les appartements
int�rieurs.
J�entrai dans un salon assez vaste. Derri�re la table, couverte de
papiers, se tenaient deux personnages, un g�n�ral avanc� en �ge,
d�un aspect froid et s�v�re, et un jeune officier aux gardes,
ayant au plus une trentaine d�ann�es, d�un ext�rieur agr�able et
d�gag�; pr�s de la fen�tre, devant une autre table, �tait assis un
secr�taire, la plume sur l�oreille et courb� sur le papier, pr�t �
inscrire mes d�positions.
L�interrogatoire commen�a. On me demanda mon nom et mon �tat. Le
g�n�ral s�informa si je n��tais pas le fils d�Andr� P�trovitch
Grineff, et, sur ma r�ponse affirmative, il s��cria s�v�rement:
�C�est bien dommage qu�un homme si honorable ait un fils tellement
indigne de lui!�
Je r�pondis avec calme que, quelles que fussent les inculpations
qui pesaient sur moi, j�esp�rais les dissiper sans peine par un
aveu sinc�re de la v�rit�. Mon assurance lui d�plut.
�Tu es un hardi comp�re, me dit-il en fron�ant le sourcil; mais
nous en avons vu bien d�autres.�
Alors le jeune officier me demanda par quel hasard et � quelle
�poque j��tais entre au service de Pougatcheff, et � quelles
sortes d�affaires il m�avait employ�.
Je r�pondis avec, indignation qu��tant officier et gentilhomme, je
n�avais pu me mettre au service de Pougatcheff, et qu�il ne
m�avait charg� d�aucune sorte d�affaires.
�Comment donc s�est-il fait, reprit mon juge, que l�officier et le
gentilhomme ait �t� seul graci� par l�usurpateur, pendant que tous
ses camarades �taient l�chement assassin�s? Comment, s�est-il fait
que le m�me officier et gentilhomme ait pu vivre en f�te et
amicalement avec les rebelles, et recevoir du sc�l�rat en chef des
cadeaux consistant en une pelisse, un cheval et un demi-rouble?
D�o� provient une si �trange intimit�? et sur quoi peut-elle �tre
fond�e, si ce n�est sur la trahison, ou tout au moins sur une
l�chet� criminelle et impardonnable?�
Les paroles de l�officier aux gardes me bless�rent profond�ment,
et je commen�ai avec chaleur ma justification. Je racontai comment
s��tait faite ma connaissance avec Pougatcheff, dans la steppe, au
milieu d�un ouragan; comment il m�avait reconnu et fait gr�ce � la
prise de la forteresse de B�logorsk. Je convins qu�en effet
j�avais accept� de l�usurpateur un _touloup_ et un cheval; mais
j�avais d�fendu la forteresse de B�logorsk contre le sc�l�rat
jusqu�� la derni�re extr�mit�. Enfin, j�invoquai le nom de mon
g�n�ral, qui pouvait t�moigner de mon z�le pendant le si�ge
d�sastreux d�Orenbourg.
Le s�v�re vieillard prit sur la table une lettre ouverte qu�il se
mit � lire � haute voix:
�En r�ponse � la question de Votre Excellence, sur le compte de
l�enseigne Grineff, qui se serait m�l� aux troubles et serait
entr� en relations avec le brigand, relations r�prouv�es par la
loi du service et contraires � tous les devoirs du serment, j�ai
l�honneur, de d�clarer que ledit enseigne Grineff s�est trouv� au
service � Orenbourg, depuis le mois d�octobre 1773 jusqu�au 24
f�vrier de la pr�sente ann�e, jour auquel il s�absenta de la
ville, et depuis lequel il ne s�est plus repr�sent�. Cependant, on
a ou� dire aux d�serteurs ennemis qu�il s��tait rendu au camp de
Pougatcheff, et qu�il l�avait accompagn� � la forteresse de
B�logorsk, o� il avait �t� pr�c�demment en garnison. D�un autre
cot�, par rapport � sa conduite, je puis...�
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