La fille du capitaine by Alexandre Pouchkine


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Page 47

Je courus � la chambre de Marie; la porte �tait ferm�e. Je
frappai:

�Qui est l�?� demanda Palachka.

Je me nommai. La douce voix de Marie se fit entendre derri�re la
porte.

�Attendez, Pi�tr Andr�itch, dit-elle, je change d�habillement.
Allez chez Akoulina Pamphilovna; je m�y rends � l�instant m�me.�

J�ob�is et gagnai la maison du p�re Garasim. Le pope et sa femme
accoururent � ma rencontre. Sav�liitch les avait d�j� pr�venus de
tout ce qui s��tait pass�.

�Bonjour, Pi�tr Andr�itch, me dit la femme du pope. Voil� que Dieu
a fait de telle sorte que nous nous revoyons encore. Comment
allez-vous? Nous avons parl� de vous chaque jour. Et Marie
Ivanovna, que n�a-t-elle pas souffert sans vous, ma petite
colombe! Mais dites-moi, mon p�re, comment vous en �tes-vous tir�
avec Pougatcheff? Comment ne vous a-t-il pas tu�? Eh bien! pour
cela merci au sc�l�rat!

-- Finis, vieille, interrompit le p�te Garasim! ne radote pas sur
tout ce que tu sais; � trop parler, point de salut. Entrez, Pi�tr
Andr�itch, et soyez le bienvenu. Il y a longtemps que nous ne nous
sommes vus.�

La femme du pope me fit honneur de tout ce qu�elle avait sous la
main, sans cesser un instant de parler. Elle me raconta comment
Chvabrine les avait contraints � lui livrer Marie Ivanovna;
comment la pauvre fille pleurait et ne voulait pas se s�parer
d�eux; comment elle avait eu avec eux des relations continuelles
par l�entremise de Palachka, fille adroite et r�solue, qui
faisait, comme on dit, danser _l�ouriadnik_ lui-m�me au son de son
flageolet; comment elle avait conseill� � Marie Ivanovna de
m��crire une lettre, etc. De mon c�t�, je lui racontai en peu de
mots mon histoire. Le pope et sa femme firent des signes de croix
quand ils entendirent que Pougatcheff savait qu�ils l�avaient
tromp�.

�Que la puissance de la croix soit avec nous! disait Akoulina
Pamphilovna; que Dieu d�tourne ce nuage! Bien, Alex�i Ivanitch!
bien, fin renard!�

En ce moment, la porte s�ouvrit, et Marie Ivanovna parut, avec un
sourire sur son p�le visage. Elle avait quitt� son v�tement de
paysanne, et venait habill�e comme de coutume, avec simplicit� et
biens�ance.

Je saisis sa main, et ne pus pendant longtemps prononcer une seule
parole. Nous gardions tous deux le silence par pl�nitude de coeur.
Nos h�tes sentirent que nous avions autre chose � faire qu��
causer avec eux; ils nous quitt�rent. Nous rest�mes seuls. Marie
me raconta tout ce qui lui �tait arriv� depuis la prise de la
forteresse, me d�peignit toute l�horreur de sa situation, tous les
tourments que lui avait fait souffrir l�inf�me Chvabrine. Nous
rappel�mes notre heureux pass�, en versant tous deux des larmes.
Enfin je ne pouvais lui communiquer mes projets. Il lui �tait
impossible de demeurer dans une forteresse soumise � Pougatcheff
et command�e par Chvabrine. Je ne pouvais pas non plus penser � me
r�fugier avec elle dans Orenbourg, qui souffrait en ce moment
toutes les calamit�s d�un si�ge. Marie n�avait plus un seul parent
dans le monde, je lui proposai donc de se rendre � la maison de
campagne de mes parents. Elle fut toute surprise d�une telle
proposition. La mauvaise disposition qu�avait montr�e mon p�re �
son �gard lui faisait peur. Je la tranquillisai. Je savais que mon
p�re tiendrait � devoir et � honneur de recevoir chez lui la fille
d�un v�t�ran mort pour sa patrie.

�Ch�re Marie, lui dis-je enfin, je te regarde comme ma femme. Ces
�v�nements �tranges nous ont r�unis irr�vocablement. Rien au monde
ne saurait plus nous s�parer.�

Marie Ivanovna m��coutait dans un silence digne, sans feinte
timidit�, sans minauderies d�plac�es. Elle sentait, aussi bien que
moi, que sa destin�e �tait irr�vocablement li�e � la mienne; mais
elle r�p�ta qu�elle ne serait ma femme que de l�aveu de mes
parents. Je ne trouvai rien � r�pliquer. Mon projet devint notre
commune r�solution.

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Books | Photos | Paul Mutton | Wed 24th Dec 2025, 17:44