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Page 40
Je savais bien qu�il n�y avait pas � disputer contre Sav�liitch,
et je lui permis de se pr�parer pour le d�part. Au bout d�une
demi-heure, j��tais en selle sur mon cheval, et Sav�liitch sur une
rosse maigre et boiteuse, qu�un habitant de la ville lui avait
donn�e pour rien, n�ayant plus de quoi la nourrir. Nous gagn�mes
les portes de la ville; les sentinelles nous laiss�rent passer, et
nous sort�mes enfin d�Orenbourg.
Il commen�ait � faire nuit. La route que j�avais � suivre passait
devant la bourgade de Berd, repaire de Pougatcheff. Cette route
�tait encombr�e et cach�e par la neige; mais � travers la steppe
se voyaient des traces de chevaux chaque jour renouvel�es.
J�allais au grand trot. Sav�liitch avait peine � me suivre, et me
criait � chaque instant:
�Pas si vite, seigneur; au nom du ciel! pas si vite. Ma maudite
rosse ne peut pas attraper ton diable � longues jambes. Pourquoi
te h�tes-tu de la sorte? Est-ce que nous allons � un festin? Nous
sommes plut�t sous la hache, Pi�tr Andr�itch! � Seigneur Dieu! cet
enfant de boyard p�rira pour rien.�
Bient�t nous v�mes �tinceler les feux de Berd. Nous approch�mes
des profonds ravins qui servaient de fortifications naturelles �
la bourgade. Sav�liitch, sans rester pourtant en arri�re,
n�interrompait pas ses supplications lamentables. J�esp�rais
passer heureusement devant la place ennemie, lorsque j�aper�us
tout � coup dans l�obscurit� cinq paysans arm�s de gros b�tons.
C��tait une garde avanc�e du camp de Pougatcheff. On nous cria:
�Qui vive?� Ne sachant pas le mot d�ordre, je voulais passer
devant eux sans r�pondre; mais ils m�entour�rent � l�instant m�me,
et l�un d�eux saisit mon cheval par la bride. Je tirai mon sabre,
et frappai le paysan sur la t�te. Son bonnet lui sauva la vie;
cependant il chancela et l�cha la bride. Les autres s�effray�rent
et se jet�rent de c�t�. Profitant de leur frayeur, je piquai des
deux et partis au galop. L�obscurit� de la nuit, qui
s�assombrissait, aurait pu me sauver de tout encombre, lorsque,
regardant en arri�re, je vis que Sav�liitch n��tait plus avec moi.
Le pauvre vieillard, avec son cheval boiteux, n�avait pu se
d�barrasser des brigands. Qu�avais-je � faire? Apr�s avoir attendu
quelques instants, et certain qu�on l�avait arr�t�, je tournai mon
cheval pour aller � son secours.
En approchant du ravin, j�entendis de loin des cris confus et la
voix de mon Sav�liitch. H�tant le pas, je me trouvai bient�t � la
port�e des paysans de la garde avanc�e qui m�avait arr�t� quelques
minutes auparavant. Sav�liitch �tait au milieu d�eux. Ils avaient
fait descendre le pauvre vieillard de sa rosse, et se pr�paraient
� le garrotter. Ma vue les remplit de joie. Ils se jet�rent sur
moi avec de grands cris, et dans un instant je fus � bas de mon
cheval. L�un d�eux, leur chef, � ce qu�il para�t, me d�clara
qu�ils allaient nous conduire devant le tsar.
�Et notre p�re, ajouta-t-il, ordonnera s�il faut vous pendre �
l�heure m�me, ou si l�on doit attendre la lumi�re de Dieu.�
Je ne fis aucune r�sistance. Sav�liitch imita mon exemple, et les
sentinelles nous emmen�rent en triomphe.
Nous travers�mes le ravin pour entrer dans la bourgade. Toutes les
maisons de paysans �taient �clair�es. On entendait partout des
cris et du tapage. Je rencontrai une foule de gens dans la rue,
mais personne ne fit attention � nous et ne reconnut en moi un
officier d�Orenbourg. On nous conduisit � une _isba_ qui faisait
l�angle de deux rues. Pr�s de la porte se trouvaient quelques
tonneaux de vin et deux pi�ces de canon.
�Voil� le palais, dit l�un des paysans; nous allons vous
annoncer.�
Il entra dans _l�isba_. Je jetai un coup d�oeil sur Sav�liitch; le
vieillard faisait des signes de croix en marmottant ses pri�res.
Nous attend�mes longtemps. Enfin le paysan reparut et me dit:
�Viens, notre p�re a ordonn� de faire entrer l�officier�.
J�entrai dans _l�isba_, ou dans le palais, comme l�appelait le
paysan. Elle �tait �clair�e par deux chandelles en suif, et les
murs �taient tendus de papier d�or. Du reste, tous les meubles,
les bancs, la table, le petit pot � laver les mains suspendu � une
corde, l�essuie-main accroch� � un clou, la fourche � enfourner
dress�e dans un coin, le rayon en bois charg� de pots en terre,
tout �tait comme dans une autre _isba_. Pougatcheff se tenait
assis sous les saintes images, en cafetan rouge et en haut bonnet,
la main sur la hanche. Autour de lui �taient rang�s plusieurs de
ses principaux chefs avec une expression forc�e de soumission et
de respect. On voyait bien que la nouvelle de l�arriv�e d�un
officier d�Orenbourg avait �veill� une grande curiosit� chez les
rebelles, et qu�ils s��taient pr�par�s � me recevoir avec pompe.
Pougatcheff me reconnut au premier coup d�oeil. Sa feinte gravit�
disparut tout � coup.
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