La fille du capitaine by Alexandre Pouchkine


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Page 37

Il s�arr�ta un instant, et bourra sa pipe. Je triomphais dans mon
amour-propre. Je jetai un coup d�oeil fier sur les employ�s
civils, qui chuchotaient entre eux d�un air d�inqui�tude et de
m�contentement.

�Mais, messieurs, continua le g�n�ral en l�chant avec un soupir
une longue bouff�e de tabac, je n�ose pas prendre sur moi une si
grande responsabilit�, quand il s�agit de la s�ret� des provinces
confi�es � mes soins par Sa Majest� Imp�riale, ma gracieuse
souveraine. C�est pour cela que je me vois contraint de me ranger
� l�avis de la majorit�, laquelle a d�cid� que la prudence ainsi
que la raison veulent que nous attendions dans la ville le si�ge
qui nous menace, et que nous repoussions les attaques de l�ennemi
par la force de l�artillerie, et, si la possibilit� s�en fait
voir, par des sorties bien dirig�es.�

Ce fut le tour des employ�s de me regarder d�un air moqueur. Le
conseil se s�para. Je ne pus m�emp�cher de d�plorer la faiblesse
du respectable soldat qui, contrairement � sa propre conviction,
s��tait d�cid� � suivre l�opinion d�ignorants sans exp�rience.

Plusieurs jours apr�s ce fameux conseil de guerre, Pougatcheff,
fid�le � sa promesse, s�approcha d�Orenbourg. Du haut des
murailles de la ville, je pris connaissance de l�arm�e des
rebelles. Il me sembla que leur nombre avait d�cupl� depuis le
dernier assaut dont j�avais �t� t�moin. Ils avaient aussi de
l�artillerie enlev�e dans les petites forteresses conquises par
Pougatcheff. En me rappelant la d�cision du conseil, je pr�vis une
longue captivit� dans les murs d�Orenbourg, et j��tais pr�t �
pleurer de d�pit.

Loin de moi l�intention de d�crire le si�ge d�Orenbourg, qui
appartient � l�histoire et non � des m�moires de famille. Je dirai
donc en peu de mots que, par suite des mauvaises dispositions de
l�autorit�, ce si�ge fut d�sastreux pour les habitants, qui eurent
� souffrir la faim et les privations de tous genres. La vie �
Orenbourg devenait insupportable; chacun attendait avec angoisse
la d�cision de la destin�e. Tous se plaignaient de la disette, qui
�tait affreuse. Les habitants finirent par s�habituer aux bombes
qui tombaient sur leurs maisons. Les assauts m�mes de Pougatcheff
n�excitait plus une grande �motion. Je mourais d�ennui. Le temps
passait lentement. Je ne pouvais recevoir aucune lettre de
B�logorsk, car toutes les routes �taient coup�es, et la s�paration
d�avec Marie me devenait insupportable. Mon seul passe-temps
consistait � faire des promenades militaires.

Gr�ce � Pougatcheff, j�avais un assez bon cheval, avec lequel je
partageais ma maigre pitance. Je sortais tous les jours hors du
rempart, et j�allais tirailler contre les �claireurs de
Pougatcheff. Dans ces esp�ces d�escarmouches, l�avantage restait
d�ordinaire aux rebelles, qui avaient de quoi vivre abondamment,
et d�excellentes montures. Notre maigre cavalerie n��tait pas en
�tat de leur tenir t�te. Quelquefois notre infanterie affam�e se
mettait aussi en campagne; mais la profondeur de la neige
l�emp�chait d�agir avec succ�s contre la cavalerie volante de
l�ennemi. L�artillerie tonnait vainement du haut des remparts, et,
dans la campagne, elle ne pouvait avancer � cause de la faiblesse
des chevaux ext�nu�s. Voil� quelle �tait notre fa�on de faire la
guerre, et voil� ce que les employ�s d�Orenbourg appelaient
prudence et pr�voyance.

Un jour que nous avions r�ussi � dissiper et � chasser devant nous
une troupe assez nombreuse, j�atteignis un Cosaque rest� en
arri�re, et j�allais le frapper de mon sabre turc, lorsqu�il �ta
son bonnet, et s��cria:

�Bonjour, Pi�tr Andr�itch; comment va votre sant�?�

Je reconnus notre _ouriadnik_. Je ne saurais dire combien je fus
content de le voir.

�Bonjour, Maximitch, lui dis-je; y a-t-il longtemps que tu as
quitt� B�logorsk?

-- Il n�y a pas longtemps, mon petit p�re Pi�tr Andr�itch; je ne
suis revenu qu�hier. J�ai une lettre pour vous.

-- O� est-elle? m��criai-je tout transport�.

-- Avec moi, r�pondit Maximitch en mettant la main dans son sein.
J�ai promis � Palachka de tacher de vous la remettre.�

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Books | Photos | Paul Mutton | Tue 23rd Dec 2025, 17:08