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Page 36
Je trouvai chez lui l�un des employ�s civils d�Orenbourg, le
directeur des douanes, autant que je puis me le rappeler, petit
vieillard gros et rouge, v�tu d�un habit de soie moir�e. Il se mit
� m�interroger sur le sort d�Ivan Kouzmitch, qu�il appelait son
comp�re, et souvent il m�interrompait par des questions
accessoires et des remarques sentencieuses, qui, si elles ne
prouvaient pas un homme verg� dans les choses de la guerre,
montraient en lui de l�esprit naturel et de la finesse. Pendant ce
temps, les autres convi�s s��taient r�unis. Quand tous eurent pris
place, et qu�on eut offert � chacun une tasse de th�, le g�n�ral
exposa longuement et minutieusement en quoi consistait l�affaire
en question.
�Maintenant, messieurs, il nous faut d�cider de quelle mani�re
nous devons agir contre les rebelles. Est-ce offensivement ou
d�fensivement? Chacune de ces deux mani�res a ses avantages et ses
d�savantages. La guerre offensive pr�sente plus d�espoir d�une
rapide extermination de l�ennemi; mais la guerre d�fensive est
plus s�re et pr�sente moins de dangers. En cons�quence, nous
recueillerons les voix suivant l�ordre l�gal, c�est-�-dire en
consultant d�abord les plus jeunes par le rang. Monsieur
l�enseigne, continua-t-il en s�adressant � moi, daignez nous
�noncer votre opinion.�
Je me levai et, apr�s avoir d�peint en peu de mots Pougatcheff et
sa troupe, j�affirmai que l�usurpateur n��tait pas en �tat de
r�sister � des forces disciplin�es.
Mon opinion fut accueillie par les employ�s civils avec un visible
m�contentement. Ils y voyaient l�impertinence �tourdie d�un jeune
homme. Un murmure s��leva, et j�entendis distinctement le mot
_suceur de lait_[53] prononc� � demi-voix. Le g�n�ral se tourna de
mon c�t� et me dit en souriant:
�Monsieur l�enseigne, les premi�res voix dans les conseils de
guerre se donnent ordinairement aux mesures offensives. Maintenant
nous allons continuer � recueillir les votes. Monsieur le
conseiller de coll�ge, dites-nous votre opinion.�
Le petit vieillard en habit d��toffe moir�e se h�ta d�avaler sa
troisi�me tasse de th�, qu�il avait m�lang� d�une forte dose de
rhum.
�Je crois, Votre Excellence, dit-il, qu�il ne faut agir ni
offensivement ni d�fensivement.
-- Comment cela, monsieur le conseiller de coll�ge? repartit le
g�n�ral stup�fait. La tactique ne pr�sente pas d�autres moyens; il
faut agir offensivement ou d�fensivement.
-- Votre Excellence, agissez subornativement[54].
-- Eh! oh! votre opinion est tr�s judicieuse; les actions
subornatives sont admises aussi par la tactique, et nous
profiterons de votre conseil. On pourra offrir pour la t�te du
coquin soixante-dix ou m�me cent roubles � prendre sur les fonds
secrets.
-- Et alors, interrompit le directeur des douanes, que je sois un
b�lier kirghise au lieu d��tre un conseiller de coll�ge, si ces
voleurs ne nous livrent leur _ataman_ encha�n� par les pieds et
les mains.
-- Nous y r�fl�chirons et nous en parlerons encore, reprit le
g�n�ral. Cependant, pour tous les cas, il faut prendre aussi des
mesures militaires. Messieurs, donnez vos voix dans l�ordre
l�gal.�
Toutes les opinions furent contraires � la mienne. Les assistants
parl�rent � l�envi du peu de confiance qu�inspiraient les troupes,
de l�incertitude du succ�s, de la n�cessit� de la prudence, et
ainsi de suite. Tous �taient d�avis qu�il valait mieux rester
derri�re une forte muraille en pierre, sous la protection du
canon, que de tenter la fortune des armes en rase campagne. Enfin,
quand toutes les opinions se furent manifest�es, le g�n�ral secoua
la cendre de sa pipe, et pronon�a le discours suivant:
�Messieurs, je dois tous d�clarer que, pour ma part, je suis
enti�rement de l�avis de M. l�enseigne; car cette opinion est
fond�e sur les pr�ceptes de la saine tactique, qui pr�f�re presque
toujours les mouvements offensifs aux mouvements d�fensifs.�
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