La fille du capitaine by Alexandre Pouchkine


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Page 26

Nous nous rend�mes sur le rempart, petite hauteur form�e par la
nature et fortifi�e d�une palissade. La garnison s�y trouvait sous
les armes. On y avait tra�n� le canon d�s la veille. Le commandant
marchait de long en large devant sa petite troupe; l�approche du
danger avait rendu au vieux guerrier une vigueur extraordinaire.
Dans la steppe, et peu loin de la forteresse, se voyaient une
vingtaine de cavaliers qui semblaient �tre des Cosaques; mais
parmi eux se trouvaient quelques Bachkirs, qu�il �tait facile de
reconna�tre � leurs bonnets et � leurs carquois. Le commandant
parcourait les rangs de la petite arm�e, en disant aux soldats:
�Voyons, enfants, montrons-nous bien aujourd�hui pour notre m�re
l�imp�ratrice, et faisons voir � tout le monde que nous sommes des
gens braves, fid�les � nos serments.�

Les soldats t�moign�rent � grands cris de leur bonne volont�.
Chvabrine se tenait pr�s de moi, examinant l�ennemi avec
attention. Les gens qu�on apercevait dans la steppe, voyant sans
doute quelques mouvements dans le fort, se r�unirent en groupe et
parl�rent entre eux. Le commandant ordonna � Ivan Ignatiitch de
pointer sur eux le canon, et approcha lui-m�me la m�che. Le boulet
passa en sifflant sur leurs t�tes sans leur faire aucun mal. Les
cavaliers se dispers�rent aussit�t, en partant au galop, et la
steppe devint d�serte. En ce moment, parut sur le rempart
Vassilissa I�gorovna, suivie de Marie qui n�avait pas voulu la
quitter.

�Eh bien, dit la commandante, comment va la bataille? o� est
l�ennemi?

-- L�ennemi n�est pas loin, r�pondit Ivan Kouzmitch; mais, si Dieu
le permet, tout ira bien. Et toi, Macha, as-tu peur?

-- Non, papa, r�pondit Marie; j�ai plus peur seule � la maison.�

Elle me jeta un regard, en s�effor�ant de sourire. Je serrai
vivement la garde de mon �p�e, en me rappelant que je l�avais
re�ue la veille de ses mains, comme pour sa d�fense. Mon coeur
br�lait dans ma poitrine; je me croyais son chevalier; j�avais
soif de lui prouver que j��tais digne de sa confiance, et
j�attendais impatiemment le moment d�cisif.

Tout � coup, d�bouchant d�une hauteur qui se trouvait � huit
verstes de la forteresse, parurent de nouveau des groupes d�hommes
� cheval, et bient�t toute la steppe se couvrit de gens arm�s de
lances et de fl�ches. Parmi eux, v�tu d�un cafetan rouge et le
sabre � la main, se distinguait un homme mont� sur un cheval
blanc. C��tait Pougatcheff lui-m�me. Il s�arr�ta, fut entour�, et
bient�t, probablement d�apr�s ses ordres, quatre hommes sortirent
de la foule, et s�approch�rent au grand galop jusqu�au rempart.
Nous reconn�mes en eux quelques-uns de nos tra�tres. L�un d�eux
�levait une feuille de papier au-dessus de son bonnet; un autre
portait au bout de sa pique la t�te de Ioula�, qu�il nous lan�a
par-dessus la palissade. La t�te du pauvre Kaimouk roula aux pieds
du commandant.

Les tra�tres nous criaient:

�Ne tirez pas: sortez pour recevoir le tsar; le tsar est ici.

-- Enfants, feu!� s��cria le capitaine pour toute r�ponse.

Les soldats firent une d�charge. Le Cosaque qui tenait la lettre
vacilla et tomba de cheval; les autres s�enfuirent � toute bride.
Je jetai un coup d�oeil sur Marie Ivanovna. Glac�e de terreur � la
vue de la t�te de Ioula�, �tourdie du bruit de la d�charge, elle
semblait inanim�e. Le commandant appela le caporal, et lui ordonna
d�aller prendre la feuille des mains du Cosaque abattu. Le caporal
sortit dans la campagne, et revint amenant par la bride le cheval
du mort. Il remit la lettre au commandant. Ivan Kouzmitch la lut �
voix basse et la d�chira en morceaux. Cependant on voyait les
r�volt�s se pr�parer � une attaque. Bient�t les balles siffl�rent
� nos oreilles, et quelques fl�ches vinrent s�enfoncer autour de
nous dans la terre et dans les pieux de la palissade.

�Vassilissa I�gorovna, dit le commandant, les femmes n�ont rien �
faire ici. Emm�ne Macha; tu vois bien que cette fille est plus
morte que vive.�

Vassilissa I�gorovna, que les balles avaient assouplie, jeta un
regard sur la steppe, o� l�on voyait de grands mouvements parmi la
foule, et dit � son mari: �Ivan Kouzmitch, Dieu donne la vie et la
mort; b�nis Macha; Macha, approche de ton p�re.� P�le et
tremblante, Marie s�approcha d�Ivan Kouzmitch, se mit � genoux et
le salua jusqu�� terre. Le vieux commandant fit sur elle trois
fois le signe de la croix, puis la releva, l�embrassa, et lui dit
d�une voix alt�r�e par l��motion: �Eh bien, Macha, sois heureuse;
prie Dieu, il ne t�abandonnera pas. S�il se trouve un honn�te
homme, que Dieu vous donne � tous deux amour et raison. Vivez
ensemble comme nous avons v�cu ma femme et moi. Eh bien, adieu,
Macha. Vassilissa I�gorovna, emm�ne-la donc plus vite.�

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 11:28