La fille du capitaine by Alexandre Pouchkine


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Page 18

Je fis la paix avec Chvabrine dans les premiers jours de ma
convalescence. Ivan Kouzmitch me dit en me reprochant mon duel:
�Vois-tu bien, Pi�tr Andr�itch, je devrais � la rigueur te mettre
aux arr�ts; mais te voil� d�j� puni sans cela. Pour Alex�i
Ivanich, il est enferm� par mon ordre, et sous bonne garde, dans
le magasin � bl�, et son �p�e est sous clef chez Vassilissa
I�gorovna. Il aura le temps de r�fl�chir � son aise et de se
repentir.�

J��tais trop content pour garder dans mon coeur le moindre
sentiment de rancune. Je me mis � prier pour Chvabrine, et le bon
commandant, avec la permission de sa femme, consentit � lui rendre
la libert�. Chvabrine vint me voir. Il t�moigna un profond regret
de tout ce qui �tait arriv�, avoua que toute la faute �tait � lui,
et me pria d�oublier le pass�. �tant de ma nature peu rancunier,
je lui pardonnai de bon coeur et notre querelle et ma blessure. Je
voyais dans sa calomnie l�irritation de la vanit� bless�e; je
pardonnai donc g�n�reusement � mon rival malheureux.

Je fus bient�t gu�ri compl�tement, et pus retourner � mon logis.
J�attendais avec impatience la r�ponse � ma lettre, n�osant pas
esp�rer, mais t�chant d��touffer en moi de tristes pressentiments.
Je ne m��tais pas encore expliqu� avec Vassilissa I�gorovna et son
mari. Mais ma recherche ne pouvait pas les �tonner: ni moi ni
Marie ne cachions nos sentiments devant eux, et nous �tions
assur�s d�avance de leur consentement.

Enfin, un beau jour, Sav�liitch entra chez moi, une lettre � la
main. Je la pris en tremblant. L�adresse �tait �crite de la main
de mon p�re. Cette vue me pr�para � quelque chose de grave, car,
d�habitude, c��tait ma m�re qui m��crivait, et lui ne faisait
qu�ajouter quelques lignes � la fin. Longtemps je ne pus me
d�cider � rompre le cachet; je relisais la suscription solennelle:
�� mon fils Pi�tr Andr�itch Grineff, gouvernement d�Orenbourg,
forteresse de B�logorsk�. Je t�chais de d�couvrir, � l��criture de
mon p�re, dans quelle disposition d�esprit il avait �crit la
lettre. Enfin je me d�cidai � d�cacheter, et d�s les premi�res
lignes je vis que toute l�affaire �tait au diable. Voici le
contenu de cette lettre:

�Mon fils Pi�tr, nous avons re�u le 15 de ce mois la lettre dans
laquelle tu nous demandes notre b�n�diction paternelle et notre
consentement � ton mariage avec Marie Ivanovna, fille Mironoff[37].
Et non seulement je n�ai pas l�intention de te donner ni ma
b�n�diction ni mon consentement, mais encore j�ai l�intention
d�arriver jusqu�� toi et de te bien punir pour tes sottises comme
un petit gar�on, malgr� ton rang d�officier, parce que tu as
prouv� que tu n�es pas digne de porter l��p�e qui t�a �t� remise
pour la d�fense de la patrie, et non pour te battre en duel avec
des fous de ton esp�ce. Je vais �crire � l�instant m�me � Andr�
Carlovitch pour le prier de te transf�rer de la forteresse de
B�logorsk dans quelque endroit encore plus �loign� afin de faire
passer ta folie. En apprenant ton duel et ta blessure, ta m�re est
tomb�e malade de douleur, et maintenant encore elle est alit�e.
Qu�adviendra-t-il de toi? Je prie Dieu qu�il te corrige, quoique
je n�ose pas avoir confiance en sa bont�.

�Ton p�re,

�A. G.�

La lecture de cette lettre �veilla en moi des sentiments divers.
Les dures expressions que mon p�re ne m�avait pas m�nag�es me
blessaient profond�ment; le d�dain avec lequel il traitait Marie
Ivanovna me semblait aussi injuste que mals�ant; enfin l�id�e
d��tre renvoy� hors de la forteresse de B�logorsk m��pouvantait.
Mais j��tais surtout chagrin� de la maladie de ma m�re. J��tais
indign� contre Sav�liitch, ne doutant pas que ce ne f�t lui qui
avait fait conna�tre mon duel � mes parents. Apr�s avoir march�
quelque temps en long et en large dans ma petite chambre, je
m�arr�tai brusquement devant lui, et lui dis avec col�re: �Il
para�t qu�il ne t�a pas suffi que, gr�ce � toi, j�aie �t� bless�
et tout au moins au bord de la tombe; tu veux aussi tuer ma m�re�.

Sav�liitch resta immobile comme si la foudre l�avait frapp�.

�Aie piti� de moi, seigneur, s��cria-t-il presque en sanglotant;
qu�est-ce que tu daignes me dire? C�est moi qui suis la cause que
tu as �t� bless�? Mais Dieu voit que je courais mettre ma poitrine
devant toi pour recevoir l��p�e d�Alex�i Ivanitch. La vieillesse
maudite m�en a seule emp�ch�. Qu�ai-je donc fait � ta m�re?

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Books | Photos | Paul Mutton | Sun 21st Dec 2025, 19:24