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Page 9
Et, un jour, dans la soirée du 22 novembre, ils se trouvèrent en train de
conférer à l’hôtel _Wolesley_, dans l’appartement occupé par le major Donellan
et son secrétaire Dean Toodrink. En fait, cette tendance à une commune entente
était principalement due aux habiles agissements du colonel Boris Karkof, le
fin diplomate que l’on sait.
Tout d’abord, la conversation s’engagea sur les conséquences commerciales ou
industrielles que la Société prétendait tirer de l’acquisition du domaine
arctique. Le professeur Jan Harald demanda si l’un ou l’antre de ses collègues
avait pu se procurer quelque renseignement à cet égard. Et, tous, peu à peu,
convinrent qu’ils avaient tenté des démarches près de William S. Forster,
auquel, d’après le document, les communications devaient être adressées.
« Mais, j’ai échoué, dit Éric Baldenak.
— Et je n’ai point réussi, ajouta Jacques Jansen.
— Quant à moi, répondit Dean Toodrink, lorsque je me suis présenté au nom du
major Donellan dans les magasins de High-street, j’ai trouvé un gros homme en
habit noir, coiffé d’un chapeau de haute forme, drapé d’un tablier blanc qui
lui montait des bottes au menton. Et, lorsque je lui ai demandé des
renseignements sur l’affaire, il m’a répondu que le _South-Star_ venait
d’arriver de Terre-Neuve à pleine cargaison, et qu’il était en mesure de me
livrer un fort stock de morues fraîches pour le compte de la maison Ardrinell
and Co.
— Eh! eh! riposta l’ancien conseiller des Indes néerlandaises, toujours un peu
sceptique, mieux vaudrait acheter une cargaison de morues que de jeter son
argent dans les profondeurs de l’océan Glacial!
— Là n’est point la question, dit alors le major Donellan, d’une voix brève et
hautaine. Il ne s’agit pas d’un stock de morues, mais de la calotte polaire…
— Que l’Amérique voudrait bien se mettre sur la tête! ajouta Dean Toodrink, en
riant de sa répartie.
— Ça l’enrhumerait, dit finement le colonel Karkof.
— Là n’est pas la question, reprit le major Donellan, et je ne sais ce que
cette éventualité. de coryzas vient faire au milieu de notre conférence. Ce qui
est certain, c’est que pour une raison ou pour une autre, l’Amérique,
représentée par la _North Polar Practical Association_, remarquez le mot «
practical », messieurs, veut acheter une surface de quatre cent sept mille
milles carrés autour du Pôle arctique, surface circonscrite actuellement, —
remarquez le mot « actuellement », messieurs, par le quatre-vingt-quatrième
degré de latitude boréale…
— Nous le savons, major Donellan, repartit Jan Harald, et de reste! Mais ce que
nous ne savons pas, c’est comment ladite Société entend exploiter ces
territoires, si ce sont des territoires, ou ces mers, si ce sont des mers, au
point de vue industriel…
— La n’est pas la question, répondit une troisième fois le major Donellan. Un
État veut, en payant, s’approprier une portion du globe, qui, par sa situation
géographique, semble plus spécialement appartenir à l’Angleterre…
— À la Russie, dit le colonel Karkof.
— À la Hollande, dit Jacques Jansen.
— À la Suède-Norvège, dit Jan Harald.
— Au Danemark », dit Éric Baldenak.
Les cinq délégués s’étaient redressés sur leurs ergots, et l’entretien risquait
de tourner aux propos malsonnants, lorsque Dean Toodrink essaya d’intervenir
une première fois:
« Messieurs, dit-il d’un ton conciliant, là n’est point la question, suivant
l’expression dont mon chef, le major Donellan, fait le plus volontiers usage.
Puisqu’il est décidé en principe que les régions circumpolaires seront mises en
vente, elles appartiendront nécessairement à celui des États représentés par
vous, qui mettra à cette acquisition l’enchère la plus élevée. Donc, puisque la
Suède-Norvège, la Russie, le Danemark, la Hollande et l’Angleterre ont ouvert
des crédits à leurs délégués, ne vaudrait-il pas mieux que ceux-ci formassent
un syndicat, ce qui leur permettrait de disposer d’une somme telle que la
Société américaine ne pourrait lutter contre eux? »
Les délégués s’entre-regardèrent. Ce Dean Toodrink avait peut-être trouvé le
joint. Un syndicat… De notre temps, ce mot répond à tout. On se syndique, comme
on respire, comme on boit, comme on mange, comme on dort. Rien de plus moderne
en politique aussi bien qu’en affaires.
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