Main
- books.jibble.org
My Books
- IRC Hacks
Misc. Articles
- Meaning of Jibble
- M4 Su Doku
- Computer Scrapbooking
- Setting up Java
- Bootable Java
- Cookies in Java
- Dynamic Graphs
- Social Shakespeare
External Links
- Paul Mutton
- Jibble Photo Gallery
- Jibble Forums
- Google Landmarks
- Jibble Shop
- Free Books
- Intershot Ltd
|
books.jibble.org
Previous Page
| Next Page
Page 7
« Et puis, déclara le _Standard_ par la plume de l’amiral Fizé, est-ce que
Frobisher, Davis, Hall, Weymouth, Hudson, Baffin, Cook, Ross, Parry, Bechey,
Belcher, Franklin, Mulgrave, Scoresby, Mac Clintock, Kennedy, Nares, Collinson,
Archer, n’étaient pas d’origine anglo-saxonne, et quel pays pourrait exercer
une plus juste revendication sur la portion des régions arctiques que ces
navigateurs n’avaient encore pu atteindre?
« Soit! riposta le _Courrier de San-Diego_ (Californie), plaçons l’affaire sur
son véritable terrain, et, puisqu’il y a une question d’amour-propre entre les
États-Unis et l’Angleterre, nous dirons : Si l’Anglais Markham, de l’expédition
Nares, s’est élevé jusqu’à 83°20’ de latitude septentrionale, les Américains
Lockwood et Brainard, de l’expédition Greely, le dépassant de quinze minutes de
degré, ont fait scintiller les trente-huit étoiles du pavillon des États-Unis
par 83°35’. À eux l’honneur de s’être le plus rapprochés du Pôle nord! ».
Voilà quelles furent les attaques et quelles furent les ripostes.
Enfin, inaugurant la série des navigateurs qui s’aventurèrent au milieu des
régions arctiques, il convient de citer encore le Vénitien Cabot 1498 et le
Portugais Corteréal 1500 qui découvrirent le Groënland et le Labrador. Mais
ni l’Italie ni le Portugal, n’avaient eu la pensée de prendre part à
l’adjudication projetée, s’inquiétant peu de l’État qui en aurait le bénéfice.
On pouvait le prévoir, la lutte ne serait très vivement soutenue à coups de
dollars ou de livres sterling que par l’Angleterre et l’Amérique.
Cependant, à la proposition formulée par la _North Polar Practical
Association_, les pays limitrophes des contrées boréales s’étaient consultés
par l’entremise de congrès commerciaux et scientifiques. Après débats, ils
avaient résolu d’intervenir aux enchères, dont l’ouverture était fixée à la
date du 3 décembre à Baltimore, en affectant à leurs délégués respectifs un
crédit qui ne pourrait être dépassé. Quant à la somme produite par la vente,
elle serait partagée entre les cinq États non adjudicataires, qui la
toucheraient comme indemnité, en renonçant à tous droits dans l’avenir.
Si cela n’alla pas sans quelques discussions, l’affaire finit par s’arranger.
Les États intéressés acceptèrent, d’ailleurs, que l’adjudication fût faite à
Baltimore, ainsi que l’avait indiqué le gouvernement fédéral, Les délégués,
munis de leurs lettres de crédit, quittèrent Londres, La Haye, Stockholm,
Copenhague, Pétersbourg, et arrivèrent aux États- Unis, trois semaines avant le
jour fixé pour la mise en vente.
À cette époque, l’Amérique n’était encore représentée que par l’homme de la
_North Polar Practical Association_, ce William S. Forster, dont le nom
figurait seul au document du 7 novembre, paru dans le _New-York Herald_.
Quant aux délégués des États européens, voici ceux qui avaient été choisis et
qu’il convient d’indiquer spécialement par quelque trait.
Pour la Hollande : Jacques Jansen, ancien conseiller des Indes néerlandaises,
cinquante-trois ans, gros, court, tout en buste, petits bras, petites jambes
arquées, tête à lunettes d’aluminium, face ronde et colorée, chevelure en
nimbe, favoris grisonnants un brave homme, quelque peu incrédule au sujet
d’une entreprise dont les conséquences pratiques lui échappaient.
Pour le Danemark : Eric Baldenak, ex-sous-gouverneur des possessions
groënlandaises, taille moyenne, un peu inégal d’épaules, gaster bedonnant, tête
énorme et roulante, myope à user le bout de son nez sur ses cahiers et ses
livres, n’entendant guère raison en ce qui concernait les droits de son pays
qu’il considérait comme le légitime propriétaire des régions du nord.
Pour la Suède-Norvège : Jan Harald, professeur de cosmographie à Christiania,
qui avait été l’un des plus chauds partisans de l’expédition Nordenskiöld, un
vrai type des hommes du Nord, figure rougeaude, barbe et chevelure d’un blond
qui rappelait celui des blés trop mûrs, tenant pour certain que la calotte
polaire, n’étant occupée que par la mer Paléocrystique, n’avait aucune valeur.
Donc, assez désintéressé dans la question, et ne venant là qu’au nom des
principes.
Pour la Russie : le colonel Boris Karkof, moitié militaire, moitié diplomate,
grand, raide, chevelu, barbu, moustachu, tout d’une pièce, semblant gêné sous
son vêtement civil, et cherchant inconsciemment la poignée de l’épée qu’il
portait autrefois, très intrigué surtout de savoir ce que cachait la
proposition de la _North Polar Practical Association_, et si ce ne serait point
dans l’avenir une cause de difficultés internationales.
Pour l’Angleterre enfin : le major Donellan et son secrétaire Dean Toodrink.
Ces derniers représentaient à eux deux tous les appétits, toutes les
aspirations du Royaume- Uni, ses instincts commerciaux et industriels, ses
aptitudes à considérer comme siens, d’après une loi de nature, les territoires
septentrionaux, méridionaux ou équatoriaux qui n’appartenaient à personne.
Previous Page
| Next Page
|
|