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Page 6
Voici, au surplus, les raisons personnelles pour lesquelles les cinq États
européens désiraient assez rationnellement que l’adjudication fût faite à leur
profit.
La Suède-Norvège, propriétaire du cap Nord, situé au delà du soixante-dixième
parallèle, ne cacha point qu’elle se considérait comme ayant des droits sur les
vastes espaces qui s’étendent jusqu’au Spitzberg, et, par delà, jusqu’au Pôle
même. En effet, le norvégien Kheilhau, le célèbre suédois Nordenskiöld,
n’avaient-ils pas contribué aux progrès géographiques dans ces parages?
Incontestablement.
Le Danemark disait ceci : c’est qu’il était déjà maître de l’Islande et des
îles Feroë, à peu près sur la ligne du Cercle polaire, que les colonies,
fondées le plus au nord des régions arctiques, lui appartenaient, tels l’île
Diskö dans le détroit de Davis, les établissements d’Holsteinborg, de Proven,
de Godhavn, d’Upernavik dans la mer de Baffin et sur la côte occidentale du
Groënland. En outre, le fameux navigateur Behring, d’origine danoise, bien
qu’il fût alors au service de la Russie, n’avait-il pas, dès l’année 1728,
franchi le détroit auquel son nom est resté, avant d’aller, treize ans plus
tard, mourir misérablement, avec trente hommes de son équipage, sur le littoral
d’une île qui porte aussi son nom? Antérieurement, en l’an 1619, est-ce que le
navigateur Jean Munk n’avait pas exploré la côte orientale du Groënland, et
relevé plusieurs points totalement inconnus avant lui? Le Danemark avait donc
des droits sérieux à se rendre acquéreur.
Pour la Hollande, c’étaient ses marins, Barentz et Heemskerk, qui avaient
visité le Spitzberg et la Nouvelle- Zemble, dès la fin du XVIème siècle.
C’était l’un de ses enfants, Jean Mayen, dont l’audacieuse campagne vers le
nord, en 1611, avait valu à son pays la possession de l’île de ce nom, située
au delà du soixante et onzième degré de latitude. Donc, son passé l’engageait.
Quant aux Russes, avec Alexis Tschirikof, ayant Behring sous ses ordres, avec
Paulutski, dont l’expédition, en 1751, s’avança au delà des limites de la mer
Glaciale, avec le capitaine Martin Spanberg et le lieutenant William Walton,
qui s’aventurèrent sur ces parages inconnus en 1739, ils avaient pris une part
notable aux recherches faites à travers le détroit qui sépare l’Asie de
l’Amérique. De plus, par la disposition des territoires sibériens, étendus sur
cent vingt degrés jusqu’aux limites extrêmes du Kamtchatka, le long de ce vaste
littoral asiatique, où vivent Samoyèdes, Yakoutes, Tchouktchis et autres
peuplades soumises à leur autorité, ne dominent-ils pas une moitié de l’océan
Boréal? Puis, sur le soixante-quinzième parallèle, à moins de neuf cents milles
du pôle, ne possèdent-ils pas les îles et les îlots de la Nouvelle- Sibérie,
cet archipel des Liatkow, découvert au commencement du XVIIIème siècle? Enfin,
dès 1764, avant les Anglais, avant les Américains, avant les Suédois, le
navigateur Tschitschagoff n’avait-il pas cherché un passage du nord, afin
d’abréger les itinéraires entre les deux continents?
Cependant, tout compte fait, il semblait que les Américains fussent plus
particulièrement intéressés à devenir propriétaires de ce point inaccessible du
globe terrestre. Eux aussi, ils avaient souvent tenté de l’atteindre, tout en
se dévouant à la recherche de sir John Franklin, avec Grinnel, avec Kane, avec
Hayes, avec Greely, avec De Long et autres hardis navigateurs. Eux aussi
pouvaient exciper de la situation géographique de leur pays, qui se développe
au delà du Cercle polaire, depuis le détroit de Behring jusqu’à la baie
d’Hudson. Toutes ces terres, toutes ces îles, Wollaston, Prince-Albert,
Victoria, Roi-Guillaume, Melville, Cockburne, Banks, Baffin, sans compter les
mille îlots de cet archipel, n’étaient-elles pas comme la rallonge qui les
reliait au quatre- vingt-dixième degré? Et puis, si le Pôle nord se rattache
par une ligne presque ininterrompue de territoires à l’un des grands continents
du globe, n’est-ce pas plutôt à l’Amérique qu’aux prolongements de l`Asie ou de
l’Europe? Donc rien de plus naturel que la proposition de l’acquérir eût été
faite par le gouvernement fédéral au profit d’une Société américaine, et, si
une Puissance avait les droits les moins discutables à posséder le domaine
polaire, c’étaient bien les États-Unis d’Amérique.
Il faut le reconnaître toutefois, le Royaume-Uni, qui possédait le Canada et la
Colombie anglaise, dont les nombreux marins s’étaient distingués dans les
campagnes arctiques, donnait également de solides raisons pour vouloir annexer
cette partie du globe à son vaste empire colonial. Aussi, ses journaux
discutèrent-ils longuement et passionnément.
« Oui! sans doute, répondit le grand géographe anglais Kliptringan, dans un
article du _Times_, qui fit sensation, oui! les Suédois, les Danois, les
Hollandais, les Russes et les Américains peuvent se prévaloir de leurs droits.
Mais l’Angleterre ne saurait, sans déchoir, laisser ce domaine lui échapper. La
partie nord du nouveau continent ne lui appartient-elle pas déjà? Ces terres,
ces îles, qui la composent, n’ont-elles pas été conquises par ses propres
découvreurs, depuis Willoughi, qui visita le Spitzberg et la Nouvelle-Zemble en
1739 jusqu’à Mac Clure, dont le navire a franchi en 1853 le passage du
nord-ouest?
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