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Page 11
Machine aveugle et sourde en cruaut� f�conde!
Salutaire instrument, buveur du sang du monde,
Comment n'as-tu pas honte, et comment n'as-tu pas
Devant tous les miroirs vu p�lir tes appas?
La grandeur de ce mal o� tu te crois savante
Ne t'a donc jamais fait reculer d'�pouvante,
Quand la nature, grande en ses desseins cach�s,
De toi se sert, � femme, � reine des p�ch�s,
--De toi, vil animal,--pour p�trir un g�nie?
O fangeuse grandeur, sublime ignominie!
SED NON SATIATA
Bizarre d�it�, brune comme les nuits,
Au parfum m�lang� de musc et de havane,
OEuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
Sorci�re au flanc d'�b�ne, enfant des noirs minuits,
Je pr�f�re au constance, � l'opium, au nuits,
L'�lixir de ta bouche o� l'amour se pavane;
Quand vers toi mes d�sirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne o� boivent mes ennuis.
Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton �me,
O d�mon sans piti�, verse-moi moins de flamme;
Je ne suis pas le Styx pour t'embrasser neuf fois,
H�las! et je ne puis, M�g�re libertine,
Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
Dans l'enfer de ton lit devenir Proserpine!
Avec ses v�tements ondoyants et nacr�s,
M�me quand elle marche, on croirait qu'elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacr�s
Au bout de leurs b�tons agitent en cadence.
Comme le sable morne et l'azur des d�serts,
Insensibles tous deux � l'humaine souffrance,
Comme les longs r�seaux de la houle des mers,
Elle se d�veloppe avec indiff�rence.
Ses yeux polis sont faits de min�raux charmants,
Et dans cette nature �trange et symbolique
O� l'ange inviol� se m�le au sphinx antique,
O� tout n'est qu'or, acier, lumi�re et diamants,
Resplendit � jamais, comme un astre inutile,
La froide majest� de la femme st�rile.
LE SERPENT QUI DANSE
Que j'aime voir, ch�re indolente,
De ton corps si beau,
Comme une �toile vacillante,
Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde
Aux �cres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns.
Comme un navire qui s'�veille
Au vent du matin,
Mon �me r�veuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux, o� rien ne se r�v�le
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids o� se m�le
L'or avec le fer.
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