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Page 103
Orlowski invoquait bruyamment la sainte Vierge.
--Plus bas! dit Z�non. Et maintenant, as-tu fini?
D�j� les pellet�es de terre lui volaient en plein visage.
--Un instant, de gr�ce! J'ai tant de fautes sur la conscience, et il y a
si longtemps que je n'ai pri�!...
Z�non se mit � rire:
--Si tu implores Olexa, elle t'accordera peut-�tre la vie.
--Olexa, suppliait le baron, aie piti� de moi, montre-toi g�n�reuse, tu
me vois � tes pieds, repentant...
--J'aimerais mieux, dit la paysanne, voir � mes pieds ta t�te toute
seule. Cependant, ajouta-t-elle avec un soupir, la religion nous
enseigne � pardonner...
--Elle te fait gr�ce, dit Z�non. Que l'angoisse que tu as �prouv�e
soit ta punition, et maintenant, �coute: si tu entreprends la moindre
repr�saille contre elle, ou contre son amant, ou contre moi-m�me...
--Ou contre Mordica� Parchen, interrompit vivement le juif.
--Tu p�riras, je te le jure, acheva Z�non.
Avec une derni�re menace de la main, il s'�loigna, suivi d'Olexa et du
juif, tandis qu'Orlowski, apr�s avoir gard� le silence quelques minutes
encore, par crainte de le voir revenir, �clatait en clameurs d�sesp�r�es
qui finirent par attirer ses gens. On le d�livra, on le porta dans son
lit, tout grelottant de fi�vre. Le docteur Len�tre fut appel�. Cette
fois, il joua le r�le d'un confesseur plut�t que d'un m�decin.
--Une agitation �trange r�gne parmi les paysans, dit-il au baron avec
son franc parler ordinaire. Nous sommes �videmment � la veille d'une
grande crise sociale. Restez bien tranquille, je vous y engage. Vous
puniriez peut-�tre sans trop de peine l'un ou l'autre de vos agresseurs,
mais la vengeance ne se ferait pas attendre.
IV
La moisson venait de commencer quand Z�non, arrivant � Tchernovogrod,
se joignit aux faucheurs du comte Dolkonski, propri�taire d'un vieux
ch�teau magnifique et de quatorze villages sur les deux rives du
Dniester.
Dans le champ qu'il fauchait passa bient�t une jeune fille �lanc�e,
v�tue de blanc, un chapeau de paille pos� sur ses tresses ch�tain. A
trois pas de lui, elle s'arr�ta et regarda tomber les �pis. Tout � coup,
Z�non tourna la t�te, et les yeux de la jeune fille rencontr�rent les
siens. Un trouble singulier les saisit l'un et l'autre; il oublia de
saluer et elle de s'�loigner. Ces deux coeurs avaient tressailli en m�me
temps. Le rouge de la pudeur aux joues, l'inconnue se baissa en feignant
de cueillir des bleuets. Dans le lointain ensoleill�, on entendait
chanter une caille; une seconde caille r�pondit. L'apparition qui avait
�bloui Z�non s'�loigna majestueuse et lente; il vit longtemps flotter
ses tresses brunes sur sa robe blanche.
--C'est notre jeune comtesse, dit un vieux paysan.
--Quoi! la femme du comte? demanda Z�non avec une vivacit�, un sentiment
de crainte dont il fut effray� lui-m�me.
--Non, c'est sa fille.
Cette r�ponse fut douce � son oreille comme de la musique.
La promeneuse, de son c�t�, pensait � ce faucheur de haute taille, d'une
physionomie � la fois intr�pide et m�lancolique; rentr�e au ch�teau,
elle pensa encore � lui: elle le revoyait dans le livre qu'elle lisait,
� travers les fleurs qu'elle brodait; les hommages de son cousin Pan
Joachim Bochenski lui devenaient insupportables.
--Que me rappelle donc cette figure? se demandait-elle.
Une sorte de souvenir vague et persistant la tourmentait. Tout � coup,
elle se rappela que, sous les m�mes traits, elle s'�tait dans ses
pri�res repr�sent� J�sus. La nuit, elle s'�veilla en pleurant. C'�tait
peut-�tre � l'heure o� Z�non, assis sur un banc dans le jardin, pr�tait
l'oreille au bruit des fontaines et au chant du rossignol, les yeux
attach�s sur la fen�tre de la comtesse Marie.
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