Colomba by Prosper Mérimée


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Page 22

Orso, d�j� � cheval, leva la t�te et l'aper�ut. Soit qu'il e�t
devin� sa pens�e, soit pour lui dire un dernier adieu, il prit
l'anneau �gyptien, qu'il avait suspendu � un cordon, et le porta �
ses l�vres. Miss Lydia quitta la fen�tre en rougissant; puis, s'y
remettant presque aussit�t, elle vit les deux Corses s'�loigner
rapidement au galop de leurs petits poneys, se dirigeant vers les
montagnes. Une demi-heure apr�s le colonel, au moyen de sa
lunette, les lui montra longeant le fond du golfe, et elle vit
qu'Orso tournait fr�quemment la t�te vers la ville. Il disparut
enfin derri�re les mar�cages remplac�s aujourd'hui par une belle
p�pini�re.

Miss Lydia, en se regardant dans la glace, se trouva p�le.

�Que doit penser de moi ce jeune homme? dit-elle, et moi que
pens�-je de lui? et pourquoi y pens�-je?... Une connaissance de
voyage!... Que suis-je venue faire en Corse?... Oh! je ne l'aime
point... Non, non; d'ailleurs cela est impossible... Et Colomba...
Moi la belle-soeur d'une voc�ratrice! qui porte un grand stylet!�
Et elle s'aper�ut qu'elle tenait � la main celui du roi Th�odore.
Elle le jeta sur sa toilette. �Colomba � Londres, dansant �
Almack's!... Quel lion[8], grand Dieu, � montrer!... C'est qu'elle
ferait fureur peut-�tre... Il m'aime, j'en suis s�re... C'est un
h�ros de roman dont j'ai interrompu la carri�re aventureuse...
Mais avait-il r�ellement envie de venger son p�re � la corse?...
C'�tait quelque chose entre un Conrad et un dandy... J'en ai fait
un pur dandy, et un dandy qui a un tailleur corse!...�

Elle se jeta sur son lit et voulut dormir, mais cela lui fut
impossible; et je n'entreprendrai pas de continuer son monologue,
dans lequel elle se dit plus de cent fois que M. della Rebbia
n'avait �t�, n'�tait et ne serait jamais rien pour elle.



IX

Cependant Orso cheminait avec sa soeur. Le mouvement rapide de
leurs chevaux les emp�cha d'abord de se parler; mais, lorsque les
mont�es trop rudes les obligeaient d'aller au pas, ils
�changeaient quelques mots sur les amis qu'ils venaient de
quitter. Colomba parlait avec enthousiasme de la beaut� de miss
Nevil, de ses blonds cheveux, de ses gracieuses mani�res. Puis
elle demandait si le colonel �tait aussi riche qu'il le
paraissait, si mademoiselle Lydia �tait fille unique.

�Ce doit �tre un bon parti, disait-elle. Son p�re a, comme il
semble, beaucoup d'amiti� pour vous...�

Et, comme Orso ne r�pondait rien, elle continuait:

�Notre famille a �t� riche autrefois, elle est encore des plus
consid�r�es de l'�le. Tous ces signori[9] sont des b�tards. Il n'y
a plus de noblesse que dans les familles caporales, et vous savez,
Orso, que vous descendez des premiers caporaux de l'�le. Vous
savez que notre famille est originaire d'au-del� des monts[10], et
ce sont les guerres civiles qui nous ont oblig�s � passer de ce
c�t�-ci. Si j'�tais � votre place, Orso, je n'h�siterais pas, je
demanderais miss Nevil � son p�re... (Orso levait les �paules.) De
sa dot j'ach�terais les bois de la Falsetta et les vignes en bas
de chez nous; je b�tirais une belle maison en pierres de taille,
et j'�l�verais d'un �tage la vieille tour o� Sambucuccio a tu�
tant de Maures au temps du comte Henri le bel Missere.[11]

-- Colomba, tu es folle, r�pondait Orso en galopant.

-- Vous �tes homme, Ors' Anton', et vous savez sans doute mieux
qu'une femme ce que vous avez � faire. Mais je voudrais bien
savoir ce que cet Anglais pourrait objecter contre notre alliance.
Y a-t-il des caporaux en Angleterre?...�

Apr�s une assez longue traite, devisant de la sorte, le fr�re et
la soeur arriv�rent � un petit village, non loin de Bocognano, o�
ils s'arr�t�rent pour d�ner et passer la nuit chez un ami de leur
famille. Ils y furent re�us avec cette hospitalit� corse qu'on ne
peut appr�cier que lorsqu'on l'a connue. Le lendemain leur h�te,
qui avait �t� comp�re de madame della Rebbia, les accompagna
jusqu'� une lieue de sa demeure.

�Voyez-vous ces bois et ces maquis, dit-il � Orso au moment de se
s�parer: un homme qui aurait fait un malheur y vivrait dix ans en
paix sans que gendarmes ou voltigeurs vinssent le chercher. Ces
bois touchent � la for�t de Vizzavona, et, lorsqu'on a des amis �
Bocognano ou aux environs, on n'y manque de rien. Vous avez l� un
beau fusil, il doit porter loin. Sang de la Madone! quel calibre!
On peut tuer avec cela mieux que des sangliers.�

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Books | Photos | Paul Mutton | Mon 22nd Dec 2025, 0:17